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[CQL’EN BREF] Elyas (Florent Emilio-Siri)

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Par Vincent Pelisse

Florent Emilio-Siri, réalisateur du biopic acclamé Cloclo et du mémorable Nid de Guêpes sorti il y a 20 ans, revient au cinéma d’action avec Elyas, un thriller tendu porté par Roschdy Zem. Si le postulat de départ – un garde du corps engagé pour protéger une petite fille et sa famille – rappelle fortement l’excellent Man on Fire de Tony Scott, le film évite rapidement toute comparaison supplémentaire.

En effet, le cinéaste et son co-scénariste Nicolas Laquerrière se distinguent par leur exploration de la défiance envers les images, tant celles que l’on voit que celles que l’on nous montre. Ce principe n’est pas sans rappeler l’œuvre de Brian De Palma, voire celle de son modèle, Alfred Hitchcock. Le regard du spectateur est souvent remis en question en adoptant le point de vue d’Elyas, un personnage apparemment peu fiable en raison de troubles mentaux causés par le traumatisme de la guerre en Afghanistan. Celui-ci voit ses certitudes ébranlées par une habile manipulation des images, notamment de surveillance. Elyas, en proie à une paranoïa omniprésente, nous conduit parfois à remettre en question la légitimité de ses soupçons. Cette angoisse culmine lors d’une série de meurtres sanglants au sein d’une caravane, semant le doute sur la mesure de son discernement et laissant entrevoir la possibilité que notre protagoniste ait franchi une ligne fatidique.

La mise en scène du réalisateur exploite magistralement cette paranoïa grâce à des plans rapprochés ingénieux et un découpage méticuleux, accentuant progressivement la tension jusqu’à son apogée. Ce procédé est soutenu par un scénario, relativement classique mais soigné, dans l’exposition des enjeux et la caractérisation des personnages. Pas de temps morts, mais un début de film sans scène d’action, contrairement à de nombreux films actuels qui se sentent obligés de prouver leur (manque de) talent en secouant la caméra dès le début. De quoi laisser monter la sauce et conserver un sentiment d’adrénaline quasi permanent, renforcé par un antagoniste tentaculaire que l’on ne verra jamais en personne, mais qui demeure une menace terrifiante pour la jeune fille.

Florent Emilio-Siri nous offre un thriller d’action, certes modeste dans ses ambitions, mais d’une efficacité redoutable dans sa gestion de la tension paranoïaque. Grâce à une caméra en parfaite symbiose avec Roschdy Zem, l’acteur prouve encore une fois qu’il est l’un des meilleurs, avec un jeu sans fioritures dans un rôle qui pouvait pourtant tomber dans certains excès.

Elyas de Florent Emilio-Siri, 1h46, avec Roschdy Zem, Jeanne Michel, Laëtitia Eïdo – Au cinéma le 3 juillet 2024

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