[CQL’EN BREF] Comme un lundi (Ryo Takebayashi)

Passer après de nombreux films de boucle temporelle, et notamment les rafraîchissantes itérations en plan séquence de Junta Yamaguchi ces dernières années (Beyond the Infinite Two Minutes, En Boucle), n’est pas chose aisée. C’est pourtant le défi du premier long-métrage de Ryo Takebayashi, qui ne nous emmène pas dans une boucle d’une journée, quelques heures ou quelques minutes, mais d’une semaine entière, dans le petit open space d’une agence de publicité. On suit alors le parcours de Yoshikawa, une jeune femme ambitieuse, qui se réveille lundi matin avachie sur son bureau (il est bien vu au Japon qu’un employé dorme sur son lieu de travail), et qui passera une semaine intense à jongler entre les tâches difficiles et les deadlines imposées, tout en postulant pour une plus grosse entreprise concurrente.

Elle ressent un étrange sentiment de déjà-vu, mais la jeune employée semble tellement exténuée qu’elle n’y prête pas attention tout de suite, jusqu’à ce que deux de ses collègues l’alertent de la situation à travers de nombreux détails troublants. Contrairement aux films de Yamaguchi qui mettaient en scène les boucles temporelles de 2 minutes en temps réel sans couper la caméra, ici Takebayashi étend cette durée à plusieurs jours et opte pour un découpage plus classique. Néanmoins, ce choix est judicieux puisque le montage lui permet de vraiment faire ressentir la répétition ad nauseam de cette semaine de boulot éreintante.

Dans cette revisite d’un concept, qui, avouons-le, commence à être de plus en plus éculé, Comme un lundi tire son épingle du jeu dans un traitement narratif malin et pertinent. Placer cette histoire dans un lieu de travail où une semaine se répète inlassablement est évidemment symbolique de l’aliénation au monde du travail de la population, chose qui est encore extrêmement prégnante au Japon. Cependant, le cinéaste ne va pas grossir le trait sur ce point, déjà très explicite, et va plutôt se recentrer sur ses personnages, et donc sur l’humain. Durant ces nombreuses semaines répétées, les employés font le point sur leur vie, leur carrière et leurs aspirations personnelles, en s’entraidant mutuellement, comme une vraie équipe. Ryo Takebayashi livre un premier film très amusant, et parvient à renouveler un concept de science-fiction popularisé par Un Jour sans Fin avec Bill Murray, et déjà pas mal exploré ces dernières années au Japon.

Comme un lundi de Ryo Takebayashi, 1h22, avec Wan Marui, Makita Sports, Kohki Osamura – Au cinéma le 8 mai 2024

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