Escape from the 21st Century raconte l’histoire de trois adolescents qui, en 1999, tombent dans un lac contaminé par les déchets chimiques d’usines adjacentes. Ils obtiennent alors une faculté étonnante : en éternuant, ils peuvent transférer leur esprit de 1999 à 2019, dans leur corps d’adulte. Ils se retrouvent sur la planète K, une étrange réplique de la Terre, et, à travers des allers-retours temporels, tentent de sauver le monde d’une catastrophe imminente. La récente sortie du film évoque facilement Everything Everywhere All at Once. Même sans voyages interdimensionnels, les sauts dans le temps, le ton souvent potache et les influences pop rappellent la folie créative des Daniels. Cependant, visuellement, le long-métrage va encore plus loin. Chaque scène regorge d’idées foisonnantes, notamment avec des incrustations d’animation 2D et 3D, qui donnent parfois l’impression de lire des cases de manga ou de regarder des scènes d’animé japonais. On pense aussi à Stephen Chow pour cette façon surréaliste d’aborder l’action.
Mais là où le long-métrage chinois se distingue du film oscarisé, c’est par son mélange des genres. À mi-chemin entre teen movie, comédie, action et science-fiction, il aborde, sous un ton déjanté, des sujets plus sérieux. Tout d’abord, de façon relativement légère, les lycéens s’interrogent sur leur avenir, après en avoir eu un aperçu concret. Cela bouleverse leur quotidien, changeant leur perception des relations avec leurs proches et de leur propre identité. Enfin, la planète K pourrait bien être une métaphore de la Chine contemporaine. Le plan de l’antagoniste, qui consiste à répandre un virus toxique pour rendre la population immature et ainsi plus manipulable en 2019, n’est sans doute pas un parallèle innocent. Yang Li garde ces symboles suffisamment cryptiques pour échapper à la censure, tout en faisant passer un message de révolte contre la soumission des générations futures.
Bien que visuellement surchargé, il dégage une générosité indéniable, accompagnée d’une maîtrise impressionnante des effets spéciaux. Si l’humour est prédominant, avec de nombreux éclats de rire sincères, le réalisateur parvient aussi à transmettre, avec habileté et intelligence, un message d’espoir et d’émancipation particulièrement important pour le public chinois.
Escape From the 21st Century de Yang Li, 1h38, avec Ruoyun Zhang, Chuxi Zhong, Yang Song – Prochainement en salle