Je dois avouer que ce septième jour de l’Etrange m’a gâté. Tout d’abord car j’y vais vu un nouveau film des Ramsay mais aussi car j’ai pu vivre une expérience qu’on qualifiera de sensationnelle.
TAHKHANA
Troisième film réalisé par Tulsi et Shyam Ramsay, je commence à prendre le pas et à avoir les codes de leur cinéma. Musique déjà entendue dans les films précédents, certaines têtes que l’on connaît, un lieu hanté, un démon tout méchant, pas de doute on est devant une production Ramsay. Pourtant Tahkhana réussit à me surprendre et est le meilleur de ce que j’ai vu de cette société de production. Ce qui saute aux yeux dès le début du métrage, c’est la variété de personnages. Si Veerana et Purani Haveli avaient des personnages assez similaires, ici on sort de ce schéma et les Ramsay nous donnent de nouvelles têtes et de nouveaux sujets. Attention cela ne révolutionne pas le cinéma, mais c’est très agréable de voir dans ce film le Schwarzy indien et sa copine ou encore un fieffé salopard avec des pulsions plus que condamnable.
On pourrait reprocher à Tahkhana son traitement du fantastique assez peu présent. Il faut dire que le film va vite se concentrer sur les quelques membres de la famille et laisser de côté cette histoire de trésor et de démon réveillé dans le donjon. Mais peu importe, car s’il a une approche plus terre à terre des choses, il a aussi des personnages bien mieux développés et suivre ce conflit entre les protagonistes et Shakaal est passionnant. Film hindi oblige, on oublie pas les passages comiques et les chansons, celle où ils chantent bourrés est d’ailleurs particulièrement réussie. Si je trouve le film si réussi c’est, pour finir, car il est assez critique sur ses personnages.
Quand on se concentre sur les relations entre nos différents protagonistes, on peut vraiment voir à travers Tahkhana, une critique de la société indienne moderne, société où les hommes plus cupides sont prêts à tout pour dénicher ce trésor, malgré les alertes données par les personnages féminins durant tout le film. Ces dernières détenant la vérité mais jamais prises au sérieux par les hommes qui seraient presque plus enclin à déceler chez elles une forme d’hystérie. Un discours assez intéressant à voir ici. Finalement Tahkana est un film totalement maîtrisé et même si l’horreur est peu présente, elle est très bien mise en scène et mise en place quand elle surgit, mais comme souvent chez les Ramsay. On reprochera tout de même une fin un peu longuette qui, lorsqu’elle se reconcentre sur le démon et nous procure quelques scènes à la Frankenstein, peine à se conclure.
Si vous devez commencer la filmographie des Ramsay, celui-ci est des plus accessibles et sans longueurs qui pouvaient en gâcher d’autres.
Tahkhana de Tulsi Ramsay et Shyam Ramsay, 1h57, avec Hermant Birje, Kamran Rizvi, Arti Gupta – Sorti en 1986
LA RÉSURRECTION DU DRAGON
Bon, on attaque un gros morceau avec La Résurrection du Dragon de Chi Lo. Sorti en 1977, ce film fait parti du courant de la Bruceplotation, courant apparu après la mort de Bruce Lee, avec des films de kung-fu surfant sur la célébrité de l’acteur. Ces films présentent des acteurs reprenant le comportement du maître du kung-fu, amenant bien souvent à la parodie, tant cela peut être ridicule. Mais entre hommage et exploitation de la figure de l’acteur, où se situe cette Résurrection du Dragon ?
Déjà, il faut le dire, ce film est un bordel sans nom. Dès son générique il nous l’annonce, alors que l’on voit Bruce Lee, ici incarné par Bruce Leung, combattre Zatōichi, James Bond, ou l’Homme sans nom, on sent que l’on est face à quelque chose d’unique à laquelle Cinéman n’arrive pas à la cheville. Ce film ne va pas être une simple parodie des films d’arts martiaux de Lee, mais bien le plus grand crossover jamais créé, on pourra encore retrouver au casting Popeye ou encore Dracula notamment.
Mais au-delà de cet improbable casting, si l’on se penche sur ce qu’est formellement La Résurrection du Dragon, on est face à une œuvre assez pauvre. Malgré sa réussite dans la chorégraphie de ses combats, car il faut dire que Bruce Leung, est certes un clone de Bruce Lee, mais il sait se battre et cela se voit, le film n’a pas grand-chose à donner. Il n’est par ailleurs pas aidé par le fait que ce qu’il nous a été diffusé est probablement incomplet rendant le film dur à suivre, tant les bons dans le temps et les scènes se suivant sans liant sont légion.
Parce que oui, même s’il nous a été montré la version la plus complète du film, on voit bien que ce n’est pas entièrement le film originellement pensé, avec certaines scènes en anglais dans une copie vf. Reste à espérer qu’un jour, l’œuvre complète sera disponible et qui sait, exploitée pour le grand public, car même s’il est loin d’être exceptionnel, La Résurrection du Dragon est un film à part entière et complètement fou que j’ai pris plaisir à découvrir au cinéma, dont les séances sont sûrement assez rares.
La Résurrection du dragon de Chi Lo, 1h36, avec Siu-Lung Leung, Ie Lung Shen, Ching Tang – Sorti en 1977