Évoquant les lointaines étendues de la planète Mars, le film intitulé On dirait la planète Mars, conçu et partiellement rédigé par Stéphane Lafleur, se présente comme un drame de science-fiction à venir, avec Steve Laplante dans le rôle principal de David, un professeur d’éducation physique rêvant d’arpenter les étoiles. Cette œuvre cinématographique plonge dans la première mission habitée à destination de Mars, dévoilant les intrications des relations interpersonnelles des astronautes. David se voit enrôlé par la Viking Society pour prendre part à une simulation de la mission martienne, accompagné d’autres individus choisis pour leurs similitudes psychologiques avec les astronautes authentiques.
Le concept même du film s’élève comme une géniale création, nous conviant à suivre un groupe d’individus dont les psychés résonnent en harmonie avec celles des astronautes évoluant sur la rougeâtre planète. En transplantant ces doubles terrestres, l’œuvre préfigure les possibles soubresauts relationnels auxquels seront confrontés les véritables astronautes, engagés dans une mission périlleuse et inédite. Cependant, malgré son caractère innovant, certains éléments de l’intrigue, tels que les circonstances ambiguës entourant la fin du personnage incarné par Steve Laplante, semblent superflus.
Néanmoins, la mise en scène sobre et efficace, ponctuée de subtils moments de comédie, renforce l’aspect divertissant de l’œuvre. Stéphane Lafleur évite avec adresse les écueils potentiels du scénario, optimisant ainsi pleinement le potentiel de son récit iconoclaste et singulier. L’idée stimulante et séduisante du film mérite une attention particulière, suscitant sans surprise l’intérêt pour des adaptations à l’étranger.
Au-delà de son aspect ludique, On dirait la planète Mars aborde des thématiques plus profondes. Il explore la vie en communauté dans un espace confiné et propose une réflexion critique sur les interactions sociales dans notre ère contemporaine. Avec une acuité dans l’observation des relations humaines, le film évolue dans un registre absurde, évoquant le style de Quentin Dupieux, tout en conservant son essence propre de cinéma de science-fiction. Les digressions oniriques, clin d’œil à Stanley Kubrick, ajoutent une strate supplémentaire à l’expérience cinématographique.
Cependant, le film semble adopter une vision plutôt pessimiste de l’exploration spatiale dans son ensemble, soulevant des questionnements quant à sa viabilité et à sa praticabilité évidente. Malgré quelques réserves quant à la motivation sous-jacente de l’expérience et à l’ambiguïté de l’intrigue, la façon dont les psychologies sont explorées contribue à l’étrangeté de l’œuvre.
Le cadre majestueux des Bad Mountains en Alberta, où se déroule la réalisation du long-métrage, offre des panoramas à couper le souffle, magnifiés par la lumière hivernale. Le réalisateur parvient à marier avec maestria la science-fiction et les décors désolés, créant ainsi une esthétique visuelle captivante. De plus, quelques incursions dans le domaine de l’onirisme ajoutent une touche d’émerveillement esthétique supplémentaire. Un moment particulièrement mémorable survient lorsque les acteurs québécois, revêtus de leurs costumes de cosmonautes, évoluent au sein de cet environnement inusité, créant une scène saisissante, destinée à rester gravée dans les mémoires. Cependant, pour intensifier l’immersion du spectateur, une photographie plus soignée, exploitant le format cinémascope pour amplifier la grandeur et l’impact visuel du film, aurait été souhaitable.
Dans le panorama cinématographique saturé d’œuvres centrées sur les voyages spatiaux, On dirait la planète Mars se distingue par son approche singulière. Il fusionne des éléments disparates pour engendrer une expérience cinématographique rafraîchissante. Abordant des thématiques sérieuses tout en procurant un divertissement envoûtant, ce film, bien qu’il n’atteigne pas le statut de chef-d’œuvre, demeure l’un des plus intrigants à explorer pour les passionnés du genre. On dirait la planète Mars se démarque par son originalité et son audace, nous invitant à méditer sur notre place dans l’univers et sur nos interactions sociales.
On dirait la planète Mars de Stéphane Lafleur, 1h44, avec Steve Laplante, Larissa Corriveau, Fabiola N. Aladin – Projeté à la 51e édition du Festival La Rochelle Cinéma, au cinéma le 2 août 2023.