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[CRITIQUE] Farang – Xavier Gens frappe très fort

Farang de Xavier Gens est un thriller d’action français qui explore des thèmes sombres et dérangeants, typiques des réalisations de Gens. Le récit suit Sam, un ancien détenu, qui se retrouve contraint de replonger dans la délinquance lorsque son passé le rattrape en Thaïlande. Pour se venger de son bourreau, Sam va devoir affronter une violence acerbe et une brutalité extrême.

ÇA CASTAGNE

L’une des qualités les plus marquantes de Farang réside dans la performance bluffante de Nassim Lyes (16 ans, En passant pécho) dans le rôle de Sam. Ayant souvent joué des personnages de “racaille” dans d’autres projets, Lyes démontre ici sa polyvalence en incarnant un rôle d’action à la hauteur des grands films du genre. Son interprétation captivante et nuancée contribue grandement à l’immersion du public dans l’histoire, lui permettant de ressentir les émotions et les motivations complexes du personnage principal.

Les chorégraphies des combats sont un autre point fort du film. S’inscrivant dans la droite lignée de ce que Xavier Gens a déjà réalisé dans Gang of London, elles sont spectaculaires et inspirées par le cinéma d’action asiatique contemporain. Les influences de films tels que The Raid et The Villainess sont palpables, et l’on ressent une brutalité extrême et une violence acerbe tout au long des scènes d’action. En collaborant avec Jude Poyer, un chorégraphe de cascades ayant travaillé à Hong Kong avec des spécialistes renommés tels que Jackie Chan, Jet Li et Jean-Claude Van Damme, Xavier Gens affirme la capacité de la France à produire des films de tape contemporains et inventifs.

EXÉCUTION TOTALE

Après quelques films d’action décevants tels que Overdose et Medellin, il est réjouissant de voir Xavier Gens reprendre le contrôle pour revenir avec un thriller d’action français de qualité. Sa mise en scène est soignée, inspirée et passionnée. Gens se donne du mal pour diversifier sa réalisation, utilisant une chorégraphie de caméra dynamique, des angles inédits, diverses focales et une gestion de l’espace très ludique. Tout est mis en œuvre pour divertir le public au maximum et le plonger au cœur de l’action. De plus, Gens rend hommage à des films emblématiques tels que Kickboxer et Old Boy, démontrant sa volonté de transmettre sa passion cinématographique et d’établir des liens avec d’autres œuvres remarquables.

La photographie de Gilles Porte est par instants vraiment sublime, avec des plans paysages travaillés, que ce soit de nuit comme de jour. Les images capturées permettent de ressentir l’essence même de la Thaïlande et contribuent à l’impact dramatique des événements. L’utilisation de contrastes visuels saisissants renforce l’immersion du spectateur dans cet univers sombre et dangereux. Par ailleurs, Xavier Gens utilise un montage rapide et une narration énergique pour maintenir le rythme éfFarang de son film. Il sait créer un sentiment de tension constante et de suspense, captivant ainsi l’attention du public. Le spectateur est ainsi constamment sur le qui-vive, ne sachant pas ce qui va se passer ensuite. Cette tension narrative soutenue ajoute une dimension supplémentaire à l’expérience et renforce l’immersion dans l’histoire.

© Thanaporn Arkmanon
TROP TAKEN

Malgré ses qualités, “Farang” présente également quelques défauts. Tout d’abord, l’histoire, bien que classique dans son postulat du film de vengeance, tarde à démarrer. L’élément perturbateur arrive bien trop tard dans le récit pour que le spectateur puisse s’investir d’entrée de jeu. Cela peut donner une impression de lenteur ou d’attente excessive avant que l’action ne décolle réellement. De plus, bien que la menace principale, incarnée par Olivier Gourmet, soit censée être l’antagoniste du film, il est dommage de ne le voir apparaître que dans deux ou trois scènes sur l’ensemble du long-métrage. Cela limite l’impact de son personnage et rend son rôle moins développé que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Une présence plus marquée aurait ajouté une tension supplémentaire et une confrontation plus significative avec le protagoniste.

Farang est un thriller d’action français réjouissant qui captive le public par ses performances remarquables, ses chorégraphies spectaculaires et sa réalisation passionnée. La photographie immersive et la tension narrative bien maîtrisée ajoutent une dimension supplémentaire à l’expérience cinématographique. En fin de compte, Farang prouve que la France est capable de produire des films d’action contemporains et inventifs, et offre au public un divertissement palpitant et captivant dans les salles de cinéma.

Farang de Xavier Gens, 1h39, avec Nassim Lyes, Loryn Nounay, Vithaya Pansringarm – Au cinéma le 28 juin 2023

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