Avant-dernière journée à Cannes avec les projections de Perfect Days, de Wim Wenders (en compétition), Dans la Toile, de Kim Jee-woon (Hors-Compétition), et The Old Oak de Ken Loach (en compétition).

Perfect Days, Wim Wenders

Six ans après son précédent film, Wim Wenders revient avec une fiction au Japon, et Kōji Yakusho au casting, qui incarne un agent d’entretien de toilettes publiques à Tokyo. On suit son quotidien, que le cinéaste filme avec une grande tendresse, montrant son application à cette tâche qui semble ingrate, mais dont l’entrain accordé à ces gestes répétitifs est assez touchant. On sent que son personnage, malgré des carences affectives dans son entourage proche, est très heureux de son emploi, et de son quotidien, semblant s’émerveiller de choses simples, tel que le plaisir de manger son sandwich dans un parc et de prendre les mêmes arbres en photo chaque jour. Une poésie trouvée dans les petits riens de la vie de cet homme, brillamment incarné par Kōji Yakusho, acteur exceptionnel (Cure, Tampopo), qui ici est quasi-mutique, mais parvient à transmettre tellement d’émotions rien qu’avec son regard et ses petits sourires… Le dernier plan sur lui est d’ailleurs d’une beauté absolument désarmante. On sent également tout l’amour du cinéaste pour le Japon, mais ce qui est appréciable c’est qu’il ne tombe pas dans une exploration type carte postale de Tokyo et surtout du quartier populaire de Shibuya dans lequel travaille son personnage, mais va plutôt filmer des coins plus confidentiels. Le film de Wim Wenders est un des plus beaux de la compétition, avec son atmosphère douce et chaleureuse, rythmée par une playlist Rock rétro de bon goût, et en bonus une sublime reprise japonaise d’un titre ultra connu. Un Prix d’interprétation au palmarès ?

Perfect Days de Wim Wenders, 2h03, avec Koji Yakusho, Min Tanaka, Arisa Nakano – Au cinéma le 29 novembre 2023

cobweb, Kim Jee-Woon

Après son adaptation de Jin-Roh en live action sur Netflix, Kim Jee-woon revient avec un film sur le cinéma, présenté en Hors-Compétition. C’est l’histoire d’un réalisateur coréen dans les années 70, qui tente de tourner une nouvelle fin à son film, mais le tournage va vite tourner au cauchemar. Le réalisateur de J’ai rencontré le Diable a choisi Song Kang-ho, avec qui il a déjà collaboré plusieurs fois, pour incarner ce metteur en scène pensant faire son chef-d’œuvre en modifiant la fin. Une pure comédie, assez ludique dans ce qu’elle montre de ce tournage et du bouillonnement que représente la création d’un film, reposant sur de multiples contributions, parfois au détriment des intentions du réalisateur. Kim Jee-woon s’amuse à nous plonger dans ce tournage chaotique et délirant, livrant un film tout à fait sympathique et divertissant, mais qui peine à véritablement impressionner ou marquer, comparé au reste de sa filmographie.

Dans la Toile de Kim Jee-woon, 2h15, avec Song Kang-Ho, Im Soo-Jung, Jeon Yeo-bin – Prochainement

The Old Oak, Ken Loach

4 ans après la présentation de Sorry We Missed You, Ken Loach revient avec The Old Oak, qui selon ses dires devrait être son ultime long-métrage. Le boss du mélodrame social britannique s’intéresse ici à l’arrivée d’un groupe de réfugiés syriens dans un petit village anglais, ce qui va créer des conflits avec certains habitants assez peu tolérants, pour ainsi dire. Le cinéaste sait créer des personnages attachants, notamment TJ, le patron du pub et la jeune femme syrienne, Yara, passionnée de photographie. Mais ce joli tableau est très vite terni par un manque de subtilité criant, et une dramaturgie artificielle au possible (le chien et son histoire, les raisons de la fuite d’eau…), en plus de certains monologues clairement écrits pour tirer les larmes des spectateurs. La scène finale, en plus de dégouliner de bons sentiments, conclut le film en n’apportant aucune résolution au conflit du film, comme si le réalisateur avait décidé de couper son film plus tôt que prévu.

The Old Oak de Ken Loach, 1h53, avec Dave Turner, Ebla Mari, Trevor Fox – Prochainement