[CRITIQUE] White Building – Un trop plein vertigineux

Faire un premier long-métrage est toujours compliqué. Le premier film d’un réalisateur doit pouvoir mettre en lumière son univers, les thèmes qui lui sont chers, les histoires qu’il veut raconter. Et ce, sans tomber dans le piège d’en faire trop, que ce soit dans le scénario, la réalisation etc… Et bien Kavich Néang tombe malheureusement dans ce piège. Néang, réalise son premier long-métrage avec White Building. Coproduction franco-cambodgienne, le film est un drame, un récit initiatique et un teen-movie, inspiré par la vie du réalisateur.

Le film raconte l’histoire de Samnang, jeune homme vivant dans la banlieue de Phnom Penh, capitale du Cambodge. Passionné de Hip-hop, il gagne sa vie en dansant, accompagné de ses 2 meilleurs amis, dans des restaurant à la nuit tombée. La tête pleine de rêves et tournée vers l’avenir, Samnang se retrouve vite face à la réalité, lorsqu’il apprend que le HLM (White building) où il vit avec ses parents va être démoli. Et que la ville propose de leur racheter leur appartement à un prix minime face à la vétusté de l’immeuble. Samnang se retrouve à devoir s’adapter face à ses problèmes d’argent, ses rêves brisés, ses amis qui grandissent et délaissent leurs passions uns à uns, les problèmes de santé de son père… Tout en cherchant à se construire en tant qu’être humain.

“La Mostra de Venise c’est par là”

Si on regarde la filmographie du jeune réalisateur, on remarque que les White Building ont toujours eu une grande importance. Néang se confie régulièrement en interview à ce sujet, évoquant son enfance dans la banlieue de Phnom Penh, la vie au sein de ces buildings et la population qui y a habité jusqu’à leur démolition. On sent qu’il est touché par cette histoire et qu’il a besoin de la partager. Donnant à ce premier film une vision très touchante, le film aborde malgré tout beaucoup trop de sujets ! On passe d’un genre à l’autre de manière très sauvage. D’un teen movie sur des jeunes adultes perdus, rêvant d’une vie meilleure, cherchant à rencontrer quelqu’un avec qui partager leur vie, on passe à un drame familial sur la maladie, l’argent et la question du foyer puis à un film d’apprentissage onirique sur la vie et ses épreuves. L’ensemble est un désordre.

Toutes les thématiques du film se mélangent et se côtoient dans un chaos troublé, dans lequel nous nous perdons en tant que spectateur, le tout s’offrant à nous comme un spectacle intimement humain et réaliste. Trop réaliste. Un réalisme accru par le jeu envoûtant des acteurs du film, certes, mais dont la performance est noyée par ce scénario trop éparpillé… Heureusement que la mise en scène puissante et le travail sur la lumière viennent dynamiser tout cela ! Les environnements sont filmés avec un grand respect et un profond attachement. Rien d’étonnant quand on connaît la genèse du film et son réalisateur. Les personnages sont mis en valeur par un environnement et un cadrage très privé renforçant cet aspect documentaire de l’œuvre, dont les séquences plus esthétiques et oniriques viennent contrebalancer et dynamiser le rythme du film très lent.

Vélo d’appartement.

Quand on sait à quel point il est dur de faire un film et de le distribuer, on peut comprendre la démarche de Néang de vouloir mettre dans son premier film tous les messages qui lui sont chers. Mais on sort de White building avec un drôle de sentiment, aussi perdu que ses personnages. Et nous ne savons pas quoi penser de cette histoire qui va dans tous les sens, laissant un gout amer d’indifférence… J’espère que Néang reviendra avec un nouveau long métrage de fiction plus posé, plus clair dans son histoire car la réalisation est impeccable, les plans sont riches et les effets intéressants de par leurs esthétismes et ce qu’ils apportent au film. Mais les trop nombreux thèmes abordés donnent le tournis, dommage…

Note : 2.5 sur 5.

White building au cinéma le 22 décembre 2021.

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