[TOP] Le James Bond de Daniel Craig, la fin peut attendre

Créé par l’éminent auteur Ian Fleming dans les années 50, James Bond est une figure ancrée dans notre culture depuis plus d’un demi-siècle. L’apparition de Dr. No, porté à l’écran avec panache par Sean Connery (qui s’est également distingué dans le film À la poursuite d’Octobre rouge), marque l’avènement sur le grand écran de cet agent des services secrets britanniques en 1962. Depuis lors, plusieurs acteurs se sont succédé dans ce rôle emblématique, certains y apportant une gravité excessive, d’autres un brin de fantaisie. Avec plus de vingt films à son actif et une nouvelle sortie prévue cette année, la saga Bond s’inscrit parmi les plus longues de l’histoire, engrangeant plus de 7 milliards de dollars au box-office. Daniel Craig (connu pour son rôle dans À couteaux tirés) a relevé le défi en 2006 avec Casino Royale, succédant ainsi à Pierce Brosnan (le protagoniste de The November Man). Comme toujours dans cette série, il a dû se hisser à la hauteur de ses prédécesseurs, mais aussi insuffler une dimension plus réaliste à la franchise pour correspondre aux attentes des cinéphiles de l’époque, friands d’action brute, à l’instar de La Mémoire dans la peau et Batman Begins. Casino Royale s’est avéré être un triomphe, instaurant une nouvelle norme pour la saga Bond et le genre de l’espionnage dans son ensemble. Aujourd’hui encore, l’influence de James Bond continue de se faire sentir dans le paysage cinématographique et au-delà, inspirant des œuvres telles que la trilogie Austin Powers de Mike Myers et la série de bandes dessinées Kingsman de Mark Millar, qui sera plus tard adaptée au cinéma.

Ayant incarné le célèbre agent dans quatre films, les contributions cinématographiques de Craig constituent une palette variée. La moitié d’entre elles se distinguent comme des chefs-d’œuvre, parmi les meilleurs blockbusters jamais réalisés, tandis que l’autre moitié s’avère peu mémorable et médiocre. Mais en toute honnêteté, ce n’est pas là le pire scénario envisageable. Même les sagas les plus prestigieuses comportent des épisodes moins remarquables. Il suffit d’examiner Indiana Jones, Star Wars, et la liste est longue. Obtenir deux films véritablement remarquables sur quatre représente à mes yeux une réussite. Même les opus moins impressionnants de cette liste présentent des qualités rédemptrices. J’espère que le dernier volet de Craig sera une apothéose à la hauteur de son parcours remarquable, mais pour l’instant, nous ne pouvons que rétrospectivement évaluer son interprétation de James Bond.

Dès les premières minutes de Quantum of Solace, on pourrait croire assister à un autre classique de la saga Bond, surtout après l’impact de Casino Royale. Une poursuite effrénée à travers les ruelles de Sienne, en Italie, nous saisit dès le départ. Malheureusement, peu d’autres aspects viennent enrichir cette suite, la rendant décevante et à peine regardable. Le long-métrage reprend là où son prédécesseur s’est arrêté, alors que James Bond enquête sur la trahison de Vesper et découvre une sombre organisation, nommée QUANTUM, infiltrant le MI6, la CIA et le gouvernement britannique. Bond s’allie à Camille, une autre agent en quête de vengeance. Ensemble, ils mettent au jour une machination politique impliquant Dominic Greene, œuvrant avec QUANTUM pour influencer les affaires en Bolivie. Quantum of Solace a été tourné durant la grève des scénaristes de 2007-2008, contraignant Craig et le réalisateur Forster à improviser des parties du film. Cette contrainte se ressent dans le résultat final, saturé d’intrigues secondaires et de méchants à suivre. De plus, les scènes d’action manquent du brio visuel de Casino Royale. En somme, il s’agit d’une entrée fade dans la franchise Bond.

Spectre s’ouvre sur une ouverture qui peut sans conteste rivaliser avec les meilleures de la franchise, promettant un spectacle d’action grandiose alors que nous sommes transportés à Mexico pendant le Jour des Morts. La photographie de Hoyte Van Hoytema est à couper le souffle, nous guidant à travers les rues de la ville avec une fluidité remarquable. Les costumes et les décors brillent, malgré une teinte jaunâtre qui entache légèrement l’esthétique de la séquence. La chanson “Writing’s On the Wall” de Sam Smith, bien que convenable, peine à égaler le succès de Skyfall d’Adele, du moins à mes yeux. À partir de là, Bond est réprimandé par Gareth Mallory pour ses actions à Mexico, mais désobéit pour infiltrer une organisation secrète à Rome, ce qui entraîne une série de péripéties. Finalement, Bond affronte Blofeld, le chef de SPECTRE, mettant fin à une conspiration mondiale. Spectre représente une entrée étrange dans la filmographie de Daniel Craig en tant que Bond, oscillant entre réalisme et traditions de la franchise. Malgré ses défauts, le film offre des moments de spectacle divertissant.

Skyfall de Sam Mendes se distingue comme le film Bond le plus visuellement saisissant et le mieux réalisé à ce jour. La photographie de Roger Deakins sublime un scénario déjà excellent grâce à son esthétique remarquable et à sa mise en scène captivante. Si Quantum of Solace est un film d’action générique, le long-métrage reprend la formule qui a fait le succès de Casino Royale en dépeignant un Bond plus humain, dénué de ses gadgets sophistiqués. Le film explore la psyché de Bond alors qu’il affronte ses démons et un ancien agent du MI6, Silva, dans un récit captivant. Les performances des acteurs principaux ajoutent une profondeur supplémentaire à l’ensemble, renforçant les enjeux émotionnels. Skyfall se distingue également par son rythme impeccable, chaque élément contribuant à une conclusion gratifiante. Il marque un nouveau départ pour la franchise, avec le MI6 accueillant Bond à bras ouverts après une série d’épreuves. Le film offre également une exploration fascinante des origines et du passé de Bond, lui conférant une profondeur psychologique inédite. En fin de compte, il s’impose comme une œuvre magistrale, fusionnant habilement action palpitante et réflexion introspective.

Il ne fait aucun doute que Casino Royale mérite la première place dans cette liste, compte tenu de son impact considérable sur la franchise, notamment son changement de ton radical. En mettant de côté certains aspects déjà mentionnés, le film se révèle être une réinvention audacieuse du personnage, explorant une facette vulnérable de Bond jamais aussi finement dépeinte auparavant ou depuis. Dès sa scène d’ouverture, en noir et blanc, il annonce son intention de redéfinir l’image de l’agent britannique incarné par Craig. La poursuite haletante à travers les rues de Madagascar, la tension palpable autour de la table de poker, la romance tourmentée avec Vesper, et la scène de torture déchirante contribuent tous à faire de ce film une expérience cinématographique inoubliable. Casino Royale se clôt sur une note intrigante avec la traque de M. White, inscrivant ainsi Daniel Craig dans le rôle de 007 avec panache.

En résumé, chaque film de la série Bond avec Daniel Craig apporte sa propre contribution à l’évolution et à l’héritage de ce personnage iconique. Malgré ses hauts et ses bas, l’ensemble de son interprétation demeure une réussite, inscrivant Craig dans l’histoire riche et mouvementée de James Bond avec éclat.

Louan Nivesse

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