[RETOUR SUR..] Dawn of the Dead – Passer après Georges A. Romero, c’est pas toujours simple

Avant de s’élever en tant que réalisateurs éminents du domaine des superhéros, Zack Snyder et James Gunn unirent leurs talents pour revisiter le cultissime classique de l’horreur zombie de George A. Romero, Dawn of the Dead. Leur œuvre cinématographique d’action et d’effroi de 2004 visait à rendre hommage à l’opus originel de 1978, tout en captivant une nouvelle génération d’amateurs du septième art. Si, pour la plupart, Snyder et Gunn parviennent à cet objectif, leur interprétation de Dawn of the Dead manque du subtil humour et de la satire mordante ayant incarné l’essence du film de Romero. Cependant, le film n’est nullement dépourvu d’humour et son ample action, son cadre angoissant ainsi que son rythme effréné maintiennent un intérêt soutenu.

Le cinéaste Snyder et le scénariste Gunn puisent dans la trame générale du film de 1978 pour ériger leur propre univers cinématographique. Ils l’étoffent avec leur propre contingent de protagonistes, tous entraînés dans une soudaine flambée virale réanimant les trépassés, les transformant en voraces goules avides de chair. Ce périple rassemble une cohorte de survivants aux horizons divers, convergents vers un centre commercial de Milwaukee où ils se barricadent, en quête de secours. Comme dans la plupart des meilleurs récits zombies, l’histoire s’articule autour des individus, leurs vertus et leurs vices, leurs personnalités en friction et leurs conflits personnels. Cependant, il s’agit davantage d’une célébration du genre que d’une étude sociale approfondie, le film s’amusant à explorer un territoire bien connu des amateurs de zombies. Au fil du temps, Snyder s’est révélé être un metteur en scène visionnaire et un narrateur visuel. Dawn of the Dead marqua le commencement de la mise en scène pour Snyder, et bien que moins stylisé que son deuxième opus, 300, les prémices de son style visuel, qui deviendra une composante intégrale de sa narration, sont manifestes. Dans Dawn of the Dead, il délivre plusieurs clichés inoubliables et des séquences d’action palpitantes d’une énergie débordante. Bien que véritablement un film d’horreur, il ne saurait être catégorisé comme terrifiant. Toutefois, il parvient à insinuer un malaise à l’occasion, et Snyder n’éprouve nullement de réticence à teinter l’écran de quelques éclaboussures sanguinolentes.

Le scénario de Gunn introduit une galerie de personnages captivante qui enrichissent le récit. Certains d’entre eux incarnent des archétypes plus que de simples chair à zombies. Parmi ces figures, on compte Sarah Polley dans le rôle d’Ana, infirmière au cœur de l’intrigue, Ving Rhames en tant que Kenneth, policier déterminé, Jake Weber en tant que Michael, vendeur d’électronique, et le gardien de sécurité caustique, CJ, interprété par Michael Kelly. Un subplot particulièrement saisissant implique un petit délinquant, Andre (Mekhi Phifer), et sa femme enceinte, Luda (Inna Korobkina). Toutefois, certains personnages ne bénéficient pas tous d’un traitement équitable, tel Steve, campé par Ty Burrell, archétype du vaurien classique, et Monica, jouée par Kim Poirier, utilisée plus pour son sex-appeal que pour un apport significatif à l’intrigue. En quelques instants, les enjeux de survie prennent le dessus, transformant l’histoire en un jeu de qui survivra et qui ne le fera pas. La férocité que Snyder insuffle visuellement et conceptuellement s’accompagne d’une immersion dont je ne me souvenais plus lors de ma première vision de Dawn of the Dead. Il est difficile de ne pas être happé par la tension des circonstances et du contexte. En parlant des décors, une grande partie du film fut tournée dans un centre commercial désaffecté de 4180m² entièrement réaménagé en Ontario, au Canada. Le décorateur Andrew Neskoromny et son équipe ont minutieusement conçu de nombreuses boutiques et enseignes, aménagé des parkings souterrains, et ont même érigé une fontaine à l’une des entrées. La crédibilité visuelle est poussée jusqu’aux moindres détails, faisant de ce lieu un terrain de jeu parfait pour un film d’horreur.

Malgré son manque d’innovation ou de provocation comparable au vénéré original de Romero, ce remake de Dawn of the Dead est animé par une profonde admiration pour le genre et un style viscéral qui deviendra l’empreinte caractéristique de Zack Snyder au fil des années. Nonobstant son absence de subtilité dans ses aspirations, le film s’impose comme une force véritable, dynamique et divertissante. Snyder et Gunn, célèbres aujourd’hui pour leurs raisons propres et distinctement uniques, ont sans équivoque offert un voyage cinématographique revisitant le film de zombie, rendant hommage à ses prédécesseurs tout en suivant leurs propres règles. Si ce film n’a pas bouleversé à jamais le paysage de l’horreur zombie, il nous a néanmoins présenté un cinéaste intrigant, préfigurant de grands projets à venir.

Dawn Of The Dead de Zack Snyder, 1h40, avec Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber – Sorti en 2004.

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