Rechercher

[INTERVIEW] Lauren LaVera & Olga Turka – Terrifier 3

Image de Par Vincent Pelisse

Par Vincent Pelisse

À l’occasion de la sortie au cinéma de Terrifier 3, le nouveau slasher de Damien Leone, nous avons pu nous entretenir, grâce à la plateforme VOD SHADOWZ et au distributeur ESC Editions, avec Lauren LaVera, interprète de Sienna Shaw, et Olga Turka, Production & Costume Designer du film.

Lauren, peut-être avez-vous discuté avec Damien durant le processus, mais en tant qu’actrice, vous êtes-vous inspirée de final girls iconiques comme Laurie Strode ou Sidney Prescott pour donner vie à Sienna ?

Lauren LaVera : Absolument. Pour Terrifier 2, parmi les devoirs que je me suis donnés, j’ai revu tous mes slashers favoris, comme Halloween, Scream, Les Griffes de la Nuit. À chaque fois, j’ai dressé une liste des caractéristiques des final girls, en entourant celles que je pensais aligner avec Sienna. J’envoyais tout ça à Damien, et il me donnait ensuite son avis. C’était un véritable travail collaboratif. Mais cela concernait surtout le deuxième film. Dans le troisième, je pense qu’elle est devenue sa propre entité, même si j’ai été très inspirée par ces final girls avec lesquelles j’ai grandi. Évidemment, Laurie Strode est très importante pour moi, car j’ai passé des années à regarder Halloween, surtout celui de 1978. J’apprécie aussi Mia Allen du remake d’Evil Dead en 2013, qui parvient à être à la fois protagoniste et antagoniste. C’est une performance remarquable.

Peut-être le ressentez-vous en étant sur le plateau avec le personnage, mais qu’est-ce qui rend Art le clown unique en tant que boogeyman ?

Lauren LaVera : Je pense qu’il possède des caractéristiques de quelques-uns des slashers les plus iconiques. Il a une grande personnalité, semblable à celle de Freddy ou Chucky, mais il est parfois stoïque comme Jason ou Michael. Avec le jeu de David, son maniérisme, ses mimiques, sa physicalité… et la façon dont Damien le rend horrifiant par le montage, tout cela le rend unique avec un aspect à la fois nostalgique et moderne.

Olga Turka : Pour ma part, en tant que fan de films classiques, il a des éléments qui rappellent presque Charlie Chaplin, Buster Keaton ou même Mr. Bean. Cela le rend aimable un court instant, avant de redevenir psychopathe à la seconde qui suit. Cet extrême, entre ces deux facettes à la fois comiques et terrifiantes, est ce qui le rend vraiment unique pour moi.

Olga, dans votre travail de production designer, comment avez-vous collaboré avec les départements d’effets spéciaux et Damien pour créer toutes ces horribles et inventives scènes de meurtres ?

O.T. : Damien collabore de très près avec nous. Il adore être impliqué dans tous les détails du film. En tant que Cheffe Décoratrice et Cheffe Costumière, il y a beaucoup de choses auxquelles je dois faire attention en lisant le scénario, notamment concernant les effets spéciaux. Par exemple, pour les costumes, je dois établir combien d’exemplaires de chaque costume il nous faudra, à cause du sang, car nous ne tournons pas par séquences. Parfois, il faut revenir sur des moments précis. Il est essentiel de savoir combien de costumes sur mesure d’Art le Clown nous aurons besoin, par exemple. Pour les décors, prenons celui du final : il y a beaucoup de choses à anticiper. Je dois travailler avec l’équipe de cascadeurs pour savoir combien d’éléments seront cassés. Nous devons aussi protéger les maisons des éclaboussures de sang, car nous ne savons jamais si cela va tâcher le plafond ou les murs ! Il faut tout anticiper, et je passe tout en revue avec Damien.

J’imagine qu’en plus, vous aviez un temps très limité. À quel point cela a-t-il été un défi pour l’équipe et pour vous, en tant qu’actrice, de réaliser ces plans à effets spéciaux sous la pression de ne pas pouvoir faire énormément de prises ?

O.T. : Il faut être perfectionniste et prêt à toute éventualité. Disons que je n’ai qu’un seul exemplaire d’une lampe, et qu’elle se casse, qu’est-ce que je fais ? Il faut trouver une autre solution. Il y a plein de petites choses comme ça, mais il faut aussi savoir suivre le courant et s’adapter.

L.LV. : Oui, je suis vraiment fascinée par les cinéastes. Ce sont les meilleurs solutionneurs de problèmes que je connaisse. Il y a tellement d’obstacles auxquels on ne pense pas qui surviennent ! Je pense que c’est un défi, mais c’est aussi ce qui rend ce métier intéressant. Tant que vous comprenez le travail des autres départements, leurs propres défis, et comment vous pouvez leur faciliter la tâche, le processus sera plus simple, même si ça reste un challenge.

© Jesse Korman

Cette fois, le budget a été multiplié par huit. Qu’est-ce que cela a changé dans votre façon de travailler comparé au précédent ?

O.T. : Pour moi, sur le deuxième film, j’étais seule avec Jackie Hughes qui m’a beaucoup aidée à travailler sur les décors et les costumes. Sur le troisième, j’avais deux équipes, une pour les décors et une pour les costumes, donc c’était plus agréable. Avec ce plus gros budget, Damien écrit toujours quelque chose de plus coûteux. Avec l’extension de cet univers, il y a toujours plus de lieux de tournage, tout est plus ambitieux.

L.LV. : Pour moi, c’était l’organisation. Bien sûr, nous avions toujours un temps très limité, mais le fait d’avoir de plus larges équipes, plus de mains sur le plateau, a vraiment ajouté de la valeur à la production. Il y avait même des scènes avec deux caméras, ce que je ne crois pas avoir vu sur Terrifier 2, ou alors c’était très rare. Cela nous a aidés sur beaucoup de points. Personnellement, j’avais beaucoup plus d’énergie à la fin de chaque journée. C’était épuisant, mais moins qu’auparavant, où nous avions des horaires de fou.

O.T. : C’est vrai, nous avons des photos du deuxième où l’on dirait que notre âme a quitté notre corps ! (Rires) De plus, pour le deuxième film, Damien portait tellement de casquettes qu’il était partout, réalisant le film et supervisant les effets spéciaux. Sur le troisième, il avait Christien Tinsley et son équipe qui s’en chargeaient, même s’il apportait toujours son style. C’était agréable de le voir se concentrer davantage sur la réalisation cette fois-ci.

L.LV. : C’était aussi bénéfique pour nous, les acteurs, car il était moins souvent interrompu lorsque nous essayions de discuter avant une scène. Donc, c’était vraiment bien de l’avoir plus présent avec nous.

Vous avez mentionné que les effets spéciaux étaient réalisés par Christien Tinsley, mais j’ai remarqué que le légendaire Tom Savini avait une petite apparition dans le film. Savez-vous s’il a donné quelques conseils à Damien et à l’équipe dans ce domaine ?

O.T. : Christien Tinsley est déjà réputé dans le monde entier, donc il a fait un excellent travail. Lui et Tom Savini sont des modèles pour Damien, donc je n’imagine pas le plaisir qu’il a eu de les avoir sur son film. C’est très spécial.

L.LV. : Oui, je n’étais pas présente sur le plateau à ce moment-là, mais de ce que je sais, Tom Savini a participé parce qu’il apprécie les films. Cela doit être très revigorant pour Damien, car il a commencé à faire des effets spéciaux grâce à lui.

O.T. : Je suis sûre qu’ils ont eu quelques conversations entre maîtres des effets spéciaux pratiques.

Ce troisième film est très centré sur le trauma de Sienna. Nous avons vu le personnage de Victoria Heyes transformer cela en quelque chose de très sombre. Que pouvez-vous nous dire sur le parcours de Sienna et peut-être dans quel état d’esprit abordez-vous le prochain film ?

L.LV. : Son parcours a vraiment été très émotionnel et épuisant. Explorer son trauma était l’étape logique à franchir, vu ce qu’elle a enduré. Le traumatisme est un trope répandu dans l’horreur, mais nous l’avons abordé d’une manière différente, en permettant à Sienna d’être imparfaite. Même si elle est courageuse, sa force réside aussi dans ses faiblesses. Elle ne pense pas vraiment être capable d’accomplir certaines choses, mais elle continue de faire de son mieux, peut-être pas pour elle, mais pour les gens qu’elle aime. Ensuite, je sais comment l’histoire est censée finir, à moins que Damien ne l’ait modifiée entre-temps avec son cerveau de savant fou (rires), mais je suis heureuse de la direction que cela va prendre, sans pouvoir en dévoiler plus pour l’instant…

Êtes-vous excitée à l’idée de la voir retrouver sa force et de reconnecter avec la fin du deuxième film ?

L.LV. : Absolument ! C’est ma partie préférée. Le final du 2 était, il me semble, une des premières prises que j’ai tournées, et que Damien a gardées au montage. Pour ces deux premières prises, il m’a donné une totale liberté, et le résultat était vraiment ce que je ressentais à ce moment-là. Nous étions épuisés, à faire des horaires de fou, et je pense qu’à ce moment-là, je n’en pouvais plus de ce satané clown, donc je voulais vraiment le décapiter (rires) ! J’y ai vraiment mis un bout de moi-même dans l’énergie de la scène. Je suis toujours heureuse de faire ressortir cette version du personnage, car c’est très cathartique et satisfaisant de couper la tête d’un méchant.

Il y a tout un aspect de l’univers des films autour des dessins et peintures du père de Sienna. Que pensez-vous du fait d’intégrer des œuvres d’art dans cet univers, s’injectant directement dans l’horreur ?

L.LV. : C’est très intéressant, surtout en considérant que le clown s’appelle Art. Je pense que c’est une thématique très importante dans cet univers. Personnellement, je l’interprète ainsi : Damien est un artiste, et il y a tellement d’éléments dans l’art du père de Sienna qui sont connectés à Damien. Il a mis de lui-même dans le personnage et il est entouré de femmes fortes, avec sa mère et ses sœurs, qui sont des inspirations pour Sienna. Et bien sûr, en tant qu’artiste des effets spéciaux, il a créé cette partie de son identité parce que c’est ce qu’il connaît. C’est sincère et honnête. Je pense que c’est pourquoi l’art joue un rôle très important ici, car c’est ce que Damien veut exprimer : ses forces et ses vulnérabilités à travers tout cela.

O.T. : Il y a aussi quelque chose à dire sur ces films à propos de tous ces ateliers, la chambre de Sienna où elle fabrique son costume, la table d’Art où il travaille ses outils. C’est autant un moyen d’expression pour les personnages qu’un miroir de nous en tant qu’artistes.

Propos recueillis par Vincent Pelisse le 2 octobre 2024. Un grand merci à Blanche-Aurore Duault de l’Agence Miam, ainsi qu’aux équipes de SHADOWZ et ESC pour avoir rendu cet entretien possible, et à Lauren LaVera et Olga Turka pour leur agréable disponibilité.

Terrfier 3 sort dans les salles françaises le 9 octobre 2024.

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

TERRIFIER3_LARGE
[CRITIQUE] Terrifier 3 - Bloody Christmas
Après Terrifier 2, sorti chez nous début 2023 et se...
MOTHER LAND_LARGE
[CQL'EN BREF] Motherland (Alexandre Aja)
Dans un monde où les forêts se consument et où les...
SPEAK_NO_EVIL_LARGE
[CRITIQUE] Speak No Evil - Hollywood en Mode Bouche Ouverte, Yeux Fermés
Au cinéma, on affirme souvent que la réinvention l’emporte...
IA_DU_MAL_LARGE
[CRITIQUE] L'I.A. du mal - Error 404
L’I.A. du mal tente de s’inscrire dans...
LOBSEDE_LARGE
[RETOUR SUR..] L'Obsédé - Papillons encagés
William Wyler préférait les études de personnages aux...
MAXXXINE_LARGE
[CRITIQUE] MaXXXine - Le carnaval des illusions
En construisant son œuvre autour de clins d’œil...
INTERVIEW LA NUIT SE TRAINE LARGE
[INTERVIEW] Michiel Blanchart & Jonathan Feltre - La Nuit se traîne
La Nuit se traîne marque le premier long-métrage de...