[INTERVIEW] Anne-Capucine Blot – Bette Davis, fatiguée d’être moi

Cette année, le FEMA rend hommage à Bette Davis lors d’une rétrospective soigneusement sélectionnée de ses films, pour commémorer les moments marquants de sa carrière. Parallèlement, l’éditeur Capricci publie presque simultanément un court livre, écrit par Anne-Capucine Blot, retraçant la vie d’une actrice exceptionnelle. La première moitié de ce livre, présentée de manière chronologique, permet donc de découvrir la vie et les péripéties de l’une des femmes les plus importantes d’Hollywood. Parfois, lorsque des sources font défaut pour certains moments, le livre comble les lacunes en proposant des suppositions. La seconde moitié du livre est beaucoup plus passionnante car elle adopte une approche thématique, permettant ainsi de dresser un portrait de Davis à travers une large gamme de sujets. Son insatisfaction constante, ses procès, ses nombreux films : tout y est décrit de manière aussi claire que poétique. Pour célébrer la sortie de ce magnifique livre, nous avons rencontré Anne-Capucine Blot :

Enzo Durand : Bonjour Anne-Capucine, tout d’abord merci d’avoir réalisé ce livre de référence sur Bette Davis. Quel a été le point de départ de ce projet ? Entretenez-vous un lien particulier avec l’actrice ?

Anne-Capucine Blot : Je n’ai pas de lien particulier avec Bette Davis, mais elle figurait parmi les acteurs et actrices qui intéressaient Capricci. Je connaissais principalement cette actrice grâce à sa dispute avec Joan Crawford, et son personnage m’attirait énormément. L’interprétation de Susan Sarandon dans Feud m’a convaincue que Bette Davis était bien plus que ses yeux ou cette querelle. J’ai donc voulu écrire sur elle afin de la faire redécouvrir.

Enzo Durand : D’ailleurs, vous revenez longuement sur le film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? où la relation très tumultueuse entre Bette Davis et Joan Crawford est retracée. Le personnage incarné par Davis ressemble-t-il vraiment à l’actrice ?

Anne-Capucine Blot : Pour ce film, je ne dirais pas que Baby Jane ressemble à Davis. Jane est réellement folle, rongée par la culpabilité et la colère envers son sort. Davis pouvait parfois se mettre en colère de façon soudaine et mémorable, mais elle n’a jamais été folle, et je ne crois pas qu’elle ait été méchante. Elle abordait les choses avec beaucoup d’humour, même lorsqu’elle était en désaccord avec certaines personnes.

Enzo Durand : D’où vient le titre de votre livre, Fatiguée d’être moi, qui reflète parfaitement l’état d’esprit de l’actrice à la fin de sa carrière ?

Anne-Capucine Blot : Le titre est inspiré d’un passage de son autobiographie où elle explique qu’elle était fatiguée de vivre. Après toutes mes lectures à son sujet et toutes les interviews que j’ai pu visionner, j’ai cru comprendre ce qu’elle voulait dire par là. D’une part, elle vivait intensément et cherchait toujours la perfection dans tout, ce qui l’épuisait physiquement. D’autre part, elle était constamment tiraillée entre différentes aspirations, notamment son désir d’avoir une famille et son besoin d’être la meilleure actrice possible. Elle était donc également épuisée mentalement en raison de sa personnalité même.

Enzo Durand : Avez-vous d’autres figures en tête, telles que Bette Davis, qui ont su faire évoluer le rôle des femmes à Hollywood, quitte à blesser leur entourage ?

Anne-Capucine Blot : Je ne la connais pas très bien, mais je pense que Mae West est l’une des premières femmes à avoir renversé les codes à Hollywood. Elle impressionnait beaucoup Davis, d’ailleurs.

Enzo Durand : Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de l’écriture de ce livre ?

Anne-Capucine Blot : C’est la question la plus difficile ! Je ne sais pas… Pas vraiment, en tout cas, rien d’insurmontable. Il s’agissait plutôt de choisir quoi raconter, quelles anecdotes mettre en avant, être fidèle à sa personnalité. Je devais éviter d’inventer ou de projeter mes propres opinions sur elle ou sur une situation, de ne pas la juger ni l’admirer, mais de la décrire telle qu’elle était, avec ses aspects les plus beaux et les plus sombres. Je ne sais pas si j’ai réussi d’ailleurs, elle est si attachante !

Enzo Durand : Merci pour vos réponses, et je vous souhaite un excellent festival !

Anne-Capucine Blot : Merci à vous pour votre intérêt !

Pour vous procurer le livre, veuillez cliquer sur le lien suivant : Bette Davis, fatiguée d’être moi.

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