Le dernier épisode de Dexter : New Blood, évidemment très attendu au vu de la qualité de la saison dans son intégralité, est un uppercut ressenti pour tout fan de la série originale. On se rappelle la fin de la huitième saison, qui avait laissé tout le monde un peu pantois, déconcerté par cette transition expéditive où Dexter devenait bûcher et partait à la « retraite ». Cette nouvelle fin, telle qu’envisagée par Clyde Phillips, clairement dirigée de manière inverse, trouve pourtant toute sa logique, à la fois dans la continuité de ce qui était proposé sur les huit saisons, et les neuf épisodes exécutés.
Pourquoi cela se termine-t-il ainsi ? Tout simplement parce que Dexter est un homme malade, depuis le tout départ de la série, un élève qui comme Harrison, a suivi le Code d’un père, qui, s’il pouvait souvent trouver sens dans l’idée de tuer seulement les meurtriers, trouvait ses limites. Ne pas se faire attraper coûte que coûte, conduisait déjà Dexter Morgan à tuer symboliquement certains de ses coéquipiers, qu’il s’agisse de La Guerta ou Doakes dans les saisons précédentes. Dans cette conclusion, il s’agira de Logan, pour une série de circonstances complexes, mais illustrant toute l’impossibilité de l’idéal visé par Harry Morgan. Sans être très appréciable au sens premier, puisque personne ne voulait apercevoir le personnage sombrer d’une telle manière, cette fin était la seule possible, le personnage ayant commis des erreurs évidentes au cours de la saison (seringue, rapprochement à Kurt) qui ne cessaient de le condamner à la sentence du Bay Harbor Butcher.
Il en reste que cette fin divise, et divisera encore puisque les scénaristes ont décidé de tuer le père par le fils, alors même qu’ils s’étaient rapprochés, redevenant humains et compréhensifs l’un envers l’autre. Paradoxalement, et cela est sans doute ce qui rend l’épilogue touchant, la mort sonne comme une libération pour le personnage, prisonnier de ses péchés inavouables, et de sa maladie meurtrière. Harrison comprend qu’il ne s’agit plus que de la seule issue, pour son père de toute façon condamné d’avance à la mort, mais également pour lui. Le rite tel que perpétué par Dexter n’est pas une solution pour Harrison comme il ne l’a jamais été pour lui non plus. La réalisation reste très soignée, à l’occasion d’un hors-champ sur la dernière séquence, où l’impact de la balle tirée par Harrison ne sera pas aperçu par le spectateur. Comme un premier crime réalisé en commun par le père et le fils, cette mort caractérise la relation entre Harrison et Dexter, sans doute la plus sincère de toutes les saisons. Retrouver Harrison a condamné Dexter à revoir son passé, ses erreurs, et devoir les accepter avant de mourir tel un Christ dont les pêchés sont au fond, pardonnés mais pas oubliés. L’utilisation de la musique, évoquant les plus grands moments de la série est pertinente, comme émouvante, et il est certain que bien des spectateurs seront touchés par ce moment ultime de la série.
Malgré quelques facilités d’écriture, notamment liées à l’absence de recherches de la police sur Kurt Caldwell comme le retour intempestif et pas toujours logique de Angel Batista (pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?), il s’agit d’un épilogue très satisfaisant. La saison dans son ensemble témoigne d’un effort de lier au mieux les saisons précédentes à ce comeback, ce qui manquait à la huitième saison, oubliant Harrison comme ce qui faisait du personnage ce qu’il était en début de série : un meurtrier malade, mais attachant. Sans tomber dans le fan-service, Clyde Phillips livre un chapitre funeste, touchant et logique. Tout simplement ce que l’on attendait de la fin d’une grande série télévisée.
Dexter : New Blood disponible en décembre 2021 sur MyCanal.