Ce vendredi s’ouvrait à Amiens le FIFAM, Festival international du film d’Amiens, pour sa 42ème édition. Grande sélection généraliste, nombreux intervenants et temps forts : nous vous proposons donc une excursion dans la Venise du nord pendant neuf jours dans l’un des cinq plus grands festivals de film de France. Et avant de nous intéresser à la nouvelle direction qu’a prise le FIFAM post-covid, petit retour sur l’histoire de ce rendez-vous annuel pour les cinéphiles du nord. Car c’est bien d’amoureux de cinéma qu’il est question ici, à l’origine de ce festival il y a un groupe d’étudiants qui souhaitant une programmation moins générale et plus pointue crée leur propre revue puis leur propre festival. Durant trente et une années c’est l’un de ses étudiants qui dirigera artistiquement le FIFAM, notamment en poussant sans cesse pour une programmation internationale.
À partir de 2011 se succéderont plusieurs directeurs et directrices artistiques : Fabien Gaffez, Anouchka de Andrade puis enfin Marie-France Aubert en 2021. Et ces changements se reflètent sur la sélection de cette 42ème édition. En effet la volonté de cette jeune et nouvelle directrice artistique est de briser toutes les frontières qui nous divisent : films de toutes nationalités avec plus d’une vingtaine de pays en compétition, films de tous genres pour attirer les familles, les simples amateurs de cinéma où les élitistes les plus pointus, documentaires comme courts-métrages, ciné-concert, adaptations de bandes dessinées ou encore séance avec improvisation, tout est représenté au FIFAM. Et c’est bien là le plus beau point de cette quarante-deuxième édition, après trois années très compliquées, vouloir rassembler autour d’un amour commun pour la pellicule.
Un objectif réussi pour cette cérémonie d’ouverture qui fait salle comble en diffusant un film représentatif de cette nouvelle direction : The Mask (1994) de Chuck Russell, avec Jim Carrey et la révélation de Cameron Diaz. Une œuvre qui brise toutes les frontières, comme le souhaite ce FIFAM, à la fois adaptation de comics, film policier aux accents fantastico-horrifiques, comédie romantique ou encore hommage aux cartoons : The Mask coche tellement de cases qu’il en devient une œuvre inclassable. Le thème visuel du festival, les paillettes, se retrouvent également dans le long-métrage avec ce night-club, le Coco Bongo et bien évidemment les tenues de Cameron Diaz. En 1994, elle incarne l’objet du désir de ce protagoniste maladroit incarné par Jim Carrey, mais en 2022 le regard change et les spectateurs de cette soirée regardent les paillettes à la fois comme une célébration et une prison.
C’est dans ces questionnements constants et ces réinterprétations que l’on retrouve encore une fois l’ADN du FIFAM : un cinéma sui interroge, qui pousse à la réflexion tout en ne boudant jamais son plaisir. Car c’est bien de plaisir cinéphile dont on parle avec cette œuvre, les références à d’autres longs-métrages se multiplient le temps d’une heure et demie. De S.O.S Fantômes à Autant en emporte le vent en passant par des westerns ou des cartoons, The Mask devient le temps d’une projection une sorte de vidéo-club. On comprend donc comment ce film est vite devenu l’une des œuvres préférés de Marie-France Aubert, car c’est aussi cela le FIFAM : des cinéphilies personnelles qu’on a envie de partager et de faire découvrir.
Cette année d’ailleurs une carte blanche a été donnée à Alice Diop, la cinéaste derrière Saint-Omer, film qui représentera la France cette année aux oscars. Alors entre films à paillettes, œuvres tournées dans les Hauts-de-France ou encore un focus sur Samba Felix Ndiaye, l’un des plus grands cinéastes sénégalais, il y aura une fois de plus de quoi faire au Festival International du Film d’Amiens cette année.
L’équipe de C’est quoi le Cinéma sera présente durant les neuf jours pour vous faire découvrir des œuvres où vous partagez les dessous d’un regroupement de passionnés qui depuis plus de quarante ans se battent pour continuer à faire vivre leur passion. Il a failli des efforts titanesques durant ces trois dernières années pour sauvegarder le patrimoine culturel de la région, un but atteint avec succès grâce au dévouement de toutes les personnes travaillant pour ce festival. L’heure n’est plus à l’inquiétude mais à la fête, alors asseyez-vous à nos côtés et laissez-vous emporter.
Le 42ème Festival International du Film d’Amiens, du 11 au 19 novembre 2022
Un Ping
Pingback: [CRITIQUE] Barb Wire (1996) - Le plaisir sort de la bouche de Pamela - C'est quoi le cinéma ?
Pingback: [TOP] La saga Freddy, illusion ou réalité ? - C'est quoi le cinéma ?