[CRITIQUE] Entre la vie et la mort – Entre Taken et El Reino

Entre La Vie et la Mort c’est un thriller franco-belgo-espagnol réalisé par Giordano Gederlini, que vous connaissez surement pour Les Misérables dont il a écrit le scénario. Mais c’est surtout le nouveau film porté par Antonio de La Torre, grand acteur espagnol et la tête d’affiche la plus talentueuse des thrillers espagnols contemporains (comme La Colère d’un Homme patient ou encore El Reino). Et rien que pour lui Entre la Vie et La Mort mérite que vous alliez le voir. De La Torre est un grand acteur qui sait alterner des jeux très émouvants et au contraire des facettes bien plus sombre. Et ici l’écriture de Gederlini fait de lui un grand héros de film noir. Il incarne un ex-policier torturé et solitaire. Obnubilé par la vengeance il trouve une simili rédemption en essayant de faire le bien. Et immédiatement avec cette description on comprend ce qui fait à la fois la plus grande force et faiblesse du film : c’est un superbe hommage aux thrillers, mais qui n’arrive jamais à être plus. Le film manque d’un supplément d’âme.

I’m blue da be dee da bee daa

Giordano livre ici une œuvre satisfaisante parce qu’elle reprend tous les attendus du genre, que ce soit dans les séquences (avec sa scène d’affrontement brutal, la course poursuite dans le métro ou encore le rendez-vous nocturne), dans les personnages (la policière ambitieuse et le père bien trop autoritaire) ou dans les environnements. En effet Bruxelles est transformée en territoire classique de film noir, alternant métro mortel, usine abandonnée ou chantiers désaffectés. Même son célèbre Atomium est ici transformé en labyrinthe dangereux. Le film noir gangrène chaque aspect de la ville, il corrompt chaque minute d’Entre la Vie et la Mort pour en faire un film poisseux. Mais malgré toutes ces qualités Gederlini reste bien trop accroché aux codes du genre sans jamais s’en détacher. La conséquence pour le spectateur c’est donc de se retrouver face à une œuvre trop prévisible, et donc un poil ennuyante. Et ça même le regard perçant de De La Torre ne peut rien y faire : Entre la Vie et La Mort est un film sans surprises. La seconde moitié du film manque de punch, Gederlini est en pilotage automatique, en train de refaire son propre Taken.

Dominic Trop Tôt

Néanmoins Entre La Vie et La Mort a encore quelques atouts pour vous faire venir le voir. Tout d’abord la sublime bande originale de Laurent Garnier, l’un des maitres de l’électro français, qui vous plonge immédiatement dans ce Bruxelles en pleine chute. Comme si tous les personnages contemplaient déjà leur propre mort sans pouvoir intervenir. Une impression renforcée par la jolie photographie de Christophe Nuyens, qui place le plus souvent les personnages au sein de grands espaces vides, comme des âmes errantes.

Finalement Entre la Vie et la Mort c’est un MEH, ça aurait pu être bien mieux mais ce n’est déjà pas si mal si vous cherchez un polar qui tabasse. C’est brutal, poisseux et très bien interprété. De la Torre porte le poids des années et toute la souffrance du monde sous ses épaules, jusqu’à en être brisé. Le reste du casting effectue le travail sans pour autant être aussi épatant. C’est quoi le cinéma selon Entre la Vie et la Mort ? Et bien malheureusement c’est un entre-deux constant, et pourtant on ne peut que vous conseiller d’aller soutenir cette proposition de thriller classique et efficace.

Note : 3 sur 5.

Entre la Vie et la Mort au cinéma le 29 juin 2022

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *