[CRITIQUE] When You Finish Saving the World – Toujours la même galère

Lorsque des acteurs talentueux passent derrière la caméra pour réaliser leurs propres films, l’excitation est souvent à son comble. Dans le cas de Jesse Eisenberg, acteur reconnu pour ses performances dans des films tels que The Social Network et Zombieland, les attentes étaient élevées lorsqu’il a décidé de se lancer dans l’écriture et la réalisation de When You Finish Saving the World. Malheureusement, malgré quelques promesses intrigantes, le résultat final s’avère décevant et laisse un sentiment de manque d’originalité et d’audace.

LA MÊME DONC

L’une des principales faiblesses de When You Finish Saving the World réside dans son scénario prévisible, qui suit des schémas narratifs familiers. La quête d’Evelyn pour sauver les autres et gagner leur reconnaissance est une trop grande évidence dès le début du film. De même, l’évolution du personnage de Ziggy, qui passe d’une obsession narcissique pour ses followers à une prise de conscience de la pauvreté intellectuelle de ceux-ci, est une trajectoire prévisible qui manque de profondeur.

De plus, le film présente des situations clichées, comme la confrontation tendue entre Evelyn et le fils d’une femme du refuge, Kyle. Leur relation tendue suit une trame familière de mentorat et de conflit générationnel, sans apporter de nouvelles nuances à ce type de scénario.

SA TIRE SUR LE SOCIAL

Jesse Eisenberg tente de faire de When You Finish Saving the World une satire sociale mordante, mais le résultat est mitigé. Le film se moque des narcissismes de ses personnages et de certaines tendances de la société moderne, mais la critique manque de subtilité et de finesse. Les interactions entre Ziggy et Lila, où le premier tente désespérément de se conformer aux idées politiques de la seconde pour gagner son affection, deviennent parfois trop explicatives et embarrassantes, réduisant ainsi son impact.

Le film dresse le portrait de deux personnages blancs libéraux, se pavanant avec des notions de “l’appropriation culturelle” sans vraiment comprendre les enjeux du monde qui les entoure. Leurs bonnes intentions se transforment rapidement en échecs, car ils sont incapables de lire les signaux sociaux ou émotionnels, créant ainsi une toile de fond propice à une satire sociale prometteuse.

ON REMERCIE LES PERFORMANCES

Si le scénario et la réalisation laissent à désirer, les performances des acteurs principaux sont le point fort du film. Julianne Moore parvient à apporter de la complexité à son personnage d’Evelyn. Dans une scène où Evelyn essaie maladroitement de conseiller Kyle sur son avenir, Moore parvient à exprimer la vulnérabilité du personnage et son besoin désespéré de se sentir utile.

De même, Finn Wolfhard offre une performance convaincante en tant que Ziggy, parvenant à rendre son personnage attachant malgré son égocentrisme. Dans les scènes où il se livre à ses livestreams de musique, on ressent à la fois son désir de reconnaissance et son besoin de trouver sa propre voie artistique.

En dépit des performances solides de la part des acteurs, le scénario prévisible et le traitement inabouti de la satire sociale laissent un sentiment d’inachevé. Jesse Eisenberg démontre qu’il a encore du chemin à parcourir en tant que réalisateur pour donner vie à des idées originales et audacieuses derrière la caméra. When You Finish Saving the World manque malheureusement de ce grain de folie nécessaire pour captiver pleinement le public et laisser une impression durable. En l’absence d’une écriture plus audacieuse et d’une satire sociale mieux construite, le film se perd dans le lot des œuvres cinématographiques qui auraient pu être plus percutantes, mais qui finissent par passer inaperçues.

When You Finish Saving the World de Jesse Eisenberg, 1h28, avec Julianne Moore, Finn Wolfhard, Billy Bryk – En VOD le 31 juillet 2023

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