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[CRITIQUE] Vice-Versa 2 – Sage mais pas trop

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Par William Carlier

Récemment, il a été confirmé que le studio Pixar développerait de multiples suites aux grands succès de leurs franchises de l’âge d’or. Si Vice-Versa 2 est un prolongement direct du premier film, il convient de s’interroger sur la pertinence de poursuivre ce concept. Après tout, les péripéties des cinq émotions principales abordaient déjà des sujets tels que la dépression et les difficultés de la croissance, des thèmes longuement évoqués dans Toy Story et explorés avec brio dans Vice-Versa. Désormais, Riley a 13 ans. Elle joue régulièrement avec l’équipe de hockey sur glace de son lycée et souhaite absolument rejoindre celle des Fire Hawks. Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût ont depuis créé une section « Sens de soi » incorporant les souvenirs et sentiments de sa personnalité fondamentale. Mais le quartier général des émotions est bouleversé par l’arrivée de nouvelles émotions : Anxiété, Ennui, Envie, Embarras et Nostalgie. Autrement dit, la puberté est déclenchée.

Copyright 2024 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

La structure rappelle constamment le premier volet, ne serait-ce que par la gestion de l’aventure du groupe en parallèle du parcours de la jeune fille. En ce sens, il n’y a pas de renouvellement dans la manière de raconter son « problème » émotionnel. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la capacité du studio à complexifier les frontières de son concept, en précisant les obstacles des personnalités par de nouvelles idées graphiques. La reprise du film d’espionnage et l’irruption de personnages réprimés de la conscience sont des apports très pertinents, déconstruisant de manière inventive l’esprit troublé de l’adolescente. Surtout manifesté par Anxiété, dont la forme et l’expression rappellent Fourchette de Toy Story 4, l’humour s’inscrit dans le quotidien des émotions que l’on comprend davantage. Cela passe par l’inclusion de chambres qui leur sont dédiées, et le laps de temps qui s’écoule se manifeste efficacement à l’écran, puisque Riley est bien moins présente que dans le précédent opus. La cohésion nécessaire du groupe est d’autant plus crédible qu’elle est perturbée de jour comme de nuit, subissant l’afflux de ressentis contradictoires. Riley s’incarne moins en sujet qu’en objet d’action du road trip mental.

La complexification autour de la salle de commandes prend tout son sens avec le désordre émotionnel, et Kelsey Mann développe une approche très ludique dans sa représentation. L’Arbre de l’Estime, la salle des « projections » sur l’avenir de l’adolescente, ainsi que ses secrets cachés, sont des idées brillantes pour incarner les dilemmes qui se présentent au protagoniste. Cette virtuosité condense l’émotion sur des scènes clés et moins sur l’ensemble, rendant les passages dramatiques plus légers. Précisément, Vice-Versa 2 souffre d’être trop didactique sur l’acceptation de ses ressentis et fausse quelque peu le rapport universel dont Pixar témoignait par le passé. Pete Docter peut rappeler que les productions seront « une voix pour raconter une expérience commune », mais il n’y a pas vraiment de menace autre que sociale dans le parcours de la jeune fille. Autrement dit, il y manque une forme de réalité négative, à l’exception du sentiment personnel (égoïsme, manque d’estime), tant il se dégage de l’ensemble une atmosphère plutôt saine.

Cela n’est pas non plus inintéressant puisque le danger, donc personnel, plane essentiellement dans le moteur cérébral, l’anxiété dans le surmenage constant. Accepter que l’on soit plus triste en grandissant, tel est le message renvoyé par Vice-Versa 2 qui, à défaut de surprendre, rassure dans son exécution. Le savoir-faire reste intact.

Vice-Versa 2 de Kelsey Mann, 1h36, avec Charlotte Le Bon, Amy Poehler, Jaynelia Coadou – Au cinéma le 19 juin.

8/10
Total Score
  • William Carlier
    8/10 Magnifique
  • JACK
    8/10 Magnifique
    En dépit d'une histoire qui sent le réchauffé, Vice-Versa 2 démontre que le studio à la lampe n'a pas son pareil pour vulgariser les concepts les plus complexes et, dans le même temps, servir une épopée juste et magnifiquement universelle.
  • Cécile Forbras
    7/10 Bien
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