[CRITIQUE] Une zone à défendre – François en civil

Le film Une Zone à Défendre réalisé par Romain Cogitore suscite l’intérêt en abordant les thèmes de l’engagement, de l’amour et de la remise en question des convictions. Cependant, malgré ses prétentions à éviter les clichés, le film laisse un goût amer. Entre un scénario faussement engagé et des performances d’acteurs entravées par des dialogues maladroits, Une Zone à Défendre échoue à livrer une critique pertinente et approfondie.

LE STUPIDE MALICK

Le film semble promettre une exploration captivante de l’infiltration d’un flic parmi des militants écologistes. Malheureusement, Romain Cogitore ne parvient pas à exploiter pleinement cette opportunité et préfère adopter une approche naïve et simpliste. L’histoire débute en tant que parcours de rédemption pour le protagoniste policier, Greg, mais elle finit par remettre en question la légitimité de l’engagement des zadistes, laissant ainsi de nombreux angles morts et un message final peu convaincant. Par exemple, dans une scène où Greg assiste à une assemblée générale des militants, la discussion manque de profondeur et se réduit à de simples clichés, ne parvenant pas à saisir la complexité des enjeux environnementaux et sociaux.

De plus, la mise en scène et la photographie du film se font remarquablement fades, donnant l’impression d’un téléfilm sans ambition plutôt que d’une œuvre cinématographique aboutie. On aurait pu espérer une direction artistique plus audacieuse et créative pour donner vie à l’univers des zadistes, mais malheureusement, cela reste inexistant, ça se contente d’être un Malick politique bas de gamme, sans grand sens derrière.

© Disney+
BFM PAS CLAIR

Les performances des acteurs François Civil et Lyna Khoudri, pourtant talentueux, sont entravées par des dialogues lourdement explicatifs et artificiels. Les répliques manquent de subtilité et nuisent à l’authenticité des personnages, rendant leurs échanges peu convaincants. Lors d’une scène où Greg et Myriam se disputent sur leurs visions opposées de l’activisme, les dialogues sonnent creux et révèlent une écriture peu nuancée, ne permettant pas aux acteurs d’explorer pleinement les motivations et les contradictions de leurs personnages. Le montage du film ne parvient pas à dynamiser les dialogues, les laissant mous et dénués de naturel. Cette absence de fluidité nuit à l’immersion du spectateur et à la crédibilité des relations entre les personnages. Malgré les efforts des acteurs, leur interprétation est limitée par les contraintes du script, rendant leurs personnages peu mémorables et sans réelle profondeur. Il est regrettable de constater que le potentiel des performances a été entravé par des dialogues maladroits qui ne permettent pas aux acteurs de briller.

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PAS PLUS CLICHÉ QUE LYNA KHOUDREAD

L’approche du film concernant la relation entre l’amour et l’engagement politique est problématique. Le récit oscille entre une critique des actions du protagoniste infiltré et une remise en question de la légitimité de l’engagement des militants. Cependant, cette exploration reste superficielle et n’offre aucune véritable réflexion approfondie sur les enjeux complexes abordés. En autre, lorsque Myriam exprime ses doutes sur la pérennité de son engagement dans une scène clé, les motivations de son changement de perspective restent floues et insuffisamment développées. De plus, le film donne l’impression de privilégier un message conservateur et moralisateur, suggérant que la vie de famille est le véritable rêve à atteindre, reléguant ainsi les revendications et les combats politiques au second plan. Cette incohérence dans le traitement des thématiques nuit à la crédibilité, laissant le spectateur perplexe quant aux intentions réelles du réalisateur.

Le film de Romain Cogitore s’avère décevant. Malgré ses prétentions à éviter les clichés et son ambition de traiter des sujets importants, le film échoue à fournir une critique pertinente et approfondie. Le manque de profondeur dans le traitement des thématiques, les dialogues maladroits et une direction artistique fade contribuent à l’échec global de cette œuvre. Au lieu de livrer une réflexion pertinente sur l’engagement et l’amour, le film se contente d’effleurer superficiellement ces sujets, privilégiant une approche trop simpliste et moralisatrice. Une Zone à Défendre aurait pu être une occasion de questionner les idéaux et les actions de chacun, mais il se perd dans une tentative avortée de combiner romance et critique sociale. C’est assez problématique.

Une zone à défendre de Romain Cogitore, 1h43 avec François Civil, Lyna Khoudri, Nathalie Richard – Sur Disney+ le 7 juillet 2023

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