[CRITIQUE] Un Couple – Grande prose malade

Un Couple est l’exemple même du genre de film monotone qui n’a pas sa place au cinéma et qui n’est finalement qu’une création ennuyeuse et inutile. Ce n’est rien d’autre qu’une interprétation de 60 minutes d’un poème (ou, techniquement, de lettres) entrecoupée de quelques images d’archives de fleurs et de nature. Hein ? Ce “film” n’a pas sa place ici. Il n’est pas courant qu’un film m’énerve au point d’écrire une critique intensément négative, mais celui-ci m’a tellement dérangé que je ne peux m’empêcher d’en parler. Même si je suis la seule personne à ressentir cela, je dois exprimer mes pensées pour les faire taire, pour aller de l’avant et exorciser ce film de mon esprit.

Un Couple est le tout premier film de fiction du célèbre réalisateur de documentaires Frederick Wiseman. Il s’agit d’un réalisateur exceptionnel qui a réalisé de nombreux et superbes films documentaires au cours de son illustre carrière de plus de 50 ans, mais dans ce cas, il ne s’agit pas tant d’un long métrage qui a sa place au cinéma que d’une pièce de musée qui convient mieux aux galeries d’art traditionnelles et aux expositions spéciales. Le film est basé sur les écrits de Sophia Tolstoï, épouse du prolifique auteur russe Léon Tolstoï, qui a été mariée à l’écrivain pendant 36 ans. Mais il n’était pas si fidèle que ça et elle se languissait de lui alors qu’il ne se souciait pas vraiment d’elle, car c’était comme ça à l’époque, je suppose.

L’actrice Nathalie Boutefeu lit ces lettres, et fait semblant d’en écrire une dans une scène, tout en se tenant maladroitement seule dans divers endroits de la nature au bord de la mer française. C’est tout. Tout ce qu’elle fait, c’est lire, lire, lire. C’est à peine une performance, plutôt une récitation, qui a sa place sur scène ou dans un concours de poésie, pas à l’écran. Si seulement il y avait quelque chose de plus ici, cela pourrait être légèrement agréable, mais non.

Après l’avoir écoutée se plaindre encore et encore de l’amour passionné qu’elle lui porte, mais qu’il ne lui porte pas, je n’en pouvais plus. Une partie du problème vient de l’interprétation médiocre de Boutefeu, qui ajoute un peu d’émotion à certaines répliques, mais pas beaucoup. Si ce film était joué sur scène ou lors d’un événement en direct, une actrice pourrait s’emparer de ces lettres et les transformer en mots puissants et touchants. Mais en la regardant sur un écran, ce n’est pas du tout émouvant, fascinant ou palpitant. Aucune de ces émotions ne transparaît, et il y a tellement de coupes où elle se trouve miraculeusement ailleurs que cela empêche le film de se construire ou de couler alors qu’elle continue à parler de chaque moment ennuyeux de sa vie sans amour… Peut-être est-ce parce que Wiseman n’est pas très doué pour diriger des acteurs ? C’est un réalisateur de documentaires qui est beaucoup plus doué pour placer la caméra quelque part et capturer des moments authentiques de personnes vivant leur vie. Wiseman est connu pour réaliser des documentaires qui durent trois, voire quatre heures, mais ce film ne dure qu’un peu plus d’une heure au total.

En termes de créativité, ce film ne pourrait être plus générique et peu impressionnant. Une femme qui récite des lettres dans la nature n’est pas novateur. Des plans d’elle se tenant là et parlant encore et encore n’est pas novateur. Inclure des plans de fleurs, d’arbres et de l’environnement, beaux mais standard, n’est pas novateur. Qu’est-ce que Wiseman a fait d’unique, de fascinant, d’intriguant ou de divertissant ? Je ne peux pas trouver d’autre mot plus approprié pour décrire ce film que le cliché, pourtant tout à fait exact : ennuyeux. Si quelqu’un veut vraiment entendre parler de la vie de Sophia Tolstoï et de son expérience en tant que “un couple” avec Léo, il peut tout aussi bien trouver le texte et le lire lui-même à son propre rythme. N’obligez personne à assister à votre “performance” publique de ces lettres, car ils risquent de s’endormir ou d’aller déjeuner avant même que vous ayez eu le temps d’atteindre la page 4.

Je suis sûr que certaines personnes seront émues par Un Couple et en tomberont amoureuses, ce qui n’est pas surprenant. C’est très bien, mais il serait plus judicieux de le montrer dans des musées plutôt que de faire perdre une heure aux spectateurs curieux qui cherche à voir du cinéma…

Note : 0.5 sur 5.

Un Couple au cinéma le 19 octobre 2022.

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