Robert Eggers est de retour sur nos écrans pour un troisième long-métrage qui a attisé la curiosité de chacun d’entre nous. Après le superbe The Witch suivi de l’intriguant The Lighthouse, le réalisateur prometteur a enfin bénéficié d’un plus gros budget pour réaliser l’histoire sanglante et sans pitié d’un fils qui, après avoir vu son père assassiné sous ses yeux, décide de le venger. Synopsis mille fois éculé s’il en est, mais qui fonctionne contre toute attente : The Northman a magnifiquement su exploiter les ressources mises à sa disposition pour nous offrir un film à la hauteur de nos attentes. Quoi que…
Robert Eggers, réalisateur largement apprécié, est attendu au tournant d’autant plus que l’appétissante bande annonce nous en a mis pleins les yeux. Bien que le film propose une esthétique magnifique (nous y reviendrons), The Northman apporte un bémol quant au développement de la psychologie des personnages. Certes, la thématique “viking” est bien traitée historiquement parlant et la masculinité est amenée de façon pertinente, il en reste néanmoins que les personnages paraissent antipathiques. Eggers nous conte une histoire tragique et déchirante, et malgré cela leur sort de vie ou de mort est anecdotique. Il aurait été judicieux de combler les quelques petites longueurs qui peuvent parfois se faire ressentir par davantage de précision quant à la vie de ces personnages semblant pourtant haute en couleur. Cela aurait pu être comblé, par exemple, par des dialogues profonds entre les protagonistes, ou encore par d’éventuels flash-back.
Malgré ce mécompte, The Northman reste une véritable claque. Comme il l’a déjà prouvé avec ses précédents films, Eggers confirme qu’il est un maître de la réalisation. Ce troisième long-métrage n’échappe pas à la règle. Les mouvements de caméra sont intéressants à observer : ils sont en effet très volatiles. Cela souligne l’inépuisable détermination qu’a Amleth (Alexander Skarsgård) pour assouvir la vengeance de son père. Il est prêt à tout pour atteindre son but ultime. Sa détermination est au-dessus de tout obstacle et rien ne peut l’arrêter, pas même le dispositif cinématographique qui se contente de le suivre impuissamment, et bien évidemment encore moins le spectateur qui se contente simplement de l’observer. Un autre point remarquable concerne les champ-contrechamp qui sont superbement construits. Un bon nombre d’entre eux sont frontaux, ce qui souligne l’incessante confrontation entre les différents protagonistes. On voit bien que la technique se met au service du récit : Amleth est puissant, inarrêtable et les enjeux sont graves. Bien évidemment, je me devais de parler également de la photographie qui est absolument magnifique. Le film est tourné en grande majorité dans des décors réels et les costumes ont été minutieusement fabriqués. Eggers a intelligemment utilisé le budget dont il disposait pour offrir à ses spectateurs deux heures et demi de beauté époustouflante.
The Northman est donc un film à voir absolument. Malgré sa petite faiblesse au niveau du développement de ses personnages, le film apporte des idées merveilleusement intéressantes au niveau technique et visuel. L’histoire reste simple mais percutante, avec une fin très juste. Eggers signe une nouvelle fois une petite perle précieuse.
⭐⭐⭐⭐
Note : 4 sur 5.