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[CRITIQUE] The Glassworker – L’amour à bout de souffle (Annecy Festival 2024)

Entouré de mille et une œuvres d’art en verre soufflé, Vincent grandit dans l’équilibre instauré par son père, partagé entre l’art et le deuil de sa mère. Fils d’un souffleur de verre et élevé dans la boutique la plus populaire du pays, le jeune homme se passionne pour ce métier et, avec le temps, dépasse même le talent de son géniteur.

Tout droit venu d’Asie du Sud, The Glassworker participe à la compétition des longs-métrages de la catégorie Contrechamp. Usman Riaz nous offre le premier long-métrage d’animation entièrement dessiné à la main du Pakistan, s’inspirant fortement de l’animation japonaise. La situation actuelle du pays, aussi tendue que celle dépeinte ici, est marquée par des conflits omniprésents. Bien que la relation père-fils se maintienne malgré leur dégoût pour le climat de guerre qui les entoure, l’arrivée du colonel dans la ville, et surtout de sa fille Alliz, vient bouleverser cet équilibre. À la manière de Roméo & Juliette, les deux jeunes amoureux vivent leur histoire en secret, malgré l’atmosphère pessimiste qui règne.

Copyright MANO ANIMATION STUDIOS

Le long-métrage navigue sans cesse entre différents thèmes. D’abord, la guerre, avec Tomas, le père de Vincent, qui exprime avec ferveur son soutien à une société pacifiste, exempte de tout conflit. Puis, la romance, qui se développe sur plusieurs années, accompagnant la maturation des personnages. Chaque séquence représente un élément important des thèmes choisis, allant d’une attaque sur la ville aux moqueries que Vincent subit à cause de la réputation de son père, ou encore Tomas qui s’énerve en apercevant la fille du colonel. Aussi brouillon que puisse paraître cette description, The Glassworker cherche sans répit à nourrir l’appétit du spectateur. Déjà centré sur l’histoire d’amour et la guerre, il mêle également l’art et les croyances en l’au-delà à l’intrigue. On y retrouve des apparitions récurrentes d’un djinn à l’aspect bleuté, évoquées à de multiples reprises par Vincent, ainsi que la problématique de l’art et de sa définition.

Effectivement, artistes à leur manière, Vincent crée tandis qu’Alliz interprète de célèbres compositions au violon. Bien que très appréciée et remarquable, son arrivée dans sa nouvelle école est marquée par son talent avec l’instrument. À un moment donné, Vincent lui reproche de ne pas être une véritable artiste car elle ne crée pas. Ce reproche ajoute un autre problème à leur relation, en plus des désaccords entre leurs parents et de la différence sociale qui pousse la jeune fille à fréquenter un garçon élevé dans un système militarisé et viril, comme son père. L’idée d’une relation entre deux jeunes enfants qui deviennent adolescents dans un climat de guerre était pourtant intéressante au départ. La différence sociale des deux protagonistes, non par leur capital économique mais plutôt par une socialisation genrée différente, suffisait à rendre leur amour captivant à suivre, d’autant plus que la guerre a fini par influencer profondément les pensées de Vincent. Néanmoins, malgré une durée relativement courte, l’histoire est finalement encombrée par une multitude d’éléments perturbateurs qui rendent le visionnage non pas compliqué, mais excessif, presque désagréable par moments.

The Glassworker, 1h38, de Usman Riaz, animation – Prochainement.

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