De nouveau en place à l’Etrange Festival, pour la troisième fois consécutive. Petit plaisir de retrouver cette Salle 500 et les gens qui la peuplent, d’autant que me voilà accrédité, donc préparez-vous pour quantité de films traités durant 13 jours.
SOIRÉE D’OUVERTURE : THE CHILDE
Le premier film que j’ai vu à ce festival était l’ouverture de l’Étrange Festival : The Childe de Hoon-Jung Park. Il s’agit d’un film coréen, et ce ne sera pas le dernier film de la Corée du Sud dont je parlerai, car cette année, le festival présente une riche sélection de films coréens. Dès ses premiers instants, The Childe se distingue par son important multilinguisme, passant du philippin au coréen, à l’anglais et même au japonais. L’histoire commence aux Philippines, où nous suivons les pérégrinations d’un jeune boxeur philippin, parti en Corée du Sud pour rendre visite à son père malade. Cependant, en cours de route, de nombreuses personnes semblent vouloir s’en prendre au jeune Marco Han.
La grande force de ce film d’action réside dans l’incarnation de ses personnages, tous très bien interprétés. Le premier à mentionner, qui vole souvent la vedette à tous les autres, est Kim Seon-ho, absolument délicieux dans le rôle d’un tueur à gages souriant, insouciant et soucieux de préserver ses beaux cheveux. Il n’est cependant pas le seul à s’amuser, car The Childe présente une pléthore d’acteurs qui semblent prendre un réel plaisir à jouer des personnages hauts en couleur, que ce soit Kim Kang-Woo ou Jung Lael.
Bien que le long métrage dure deux heures et aurait certainement mérité quelques coupes, il est indéniable que le film gagne en intérêt et en plaisir au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Parfois, il rappelle The Murderer de Na Hong-jin avec sa multitude de personnages cherchant à attraper notre héros. Les scènes d’action du film, bien que grotesques et excessives, manquent parfois de précision, à l’exception des poursuites vraiment inventives et bien chorégraphiées. Cependant, dès que l’action se déroule dans un lieu statique, la caméra a tendance à s’égarer et à bouger de manière excessive.
Finalement, l’ouverture de cette vingt-neuvième édition de l’Étrange Festival est plaisante, surtout grâce à son casting talentueux et à ses dialogues savoureux, plus qu’à son action parfois trop longue et confuse. En tout cas, elle offre une excellente introduction à ces deux semaines de festival, en espérant que d’autres films se montreront tout aussi généreux.
The Childe de Hoon-Jung Park, 1h58, avec Seon-ho Kim, Kang-Woo Kim, Ara Go – Date de sortie inconnue en France.
BODYSHOP
Le deuxième et dernier film de la soirée était Bodyshop de Scud, qui avait déjà présenté un film lors du festival l’année précédente. La présentation de Bodyshop était des plus intrigantes, un film queer, érotique, road movie et fantasmagorique. Lorsque l’on vous annonce cela, vous êtes rapidement happé par la curiosité, vous vous demandez comment le réalisateur va réussir à réunir tous ces éléments en une expérience de 1h28.
Je n’avais pas eu l’occasion de voir son précédent film, Adonis, et je le regrette maintenant, car j’ai le sentiment qu’il me manque des clés pour comprendre Bodyshop. Ce dernier m’a un peu égaré, car il contient une multitude d’éléments. Le film se déroule sur plusieurs lieux géographiques, avec différents protagonistes, dont les noms des acteurs sont révélés au fur et à mesure de leur première apparition. Ils évoluent en Espagne, à Hong-Kong et même à Taïwan. Bodyshop est une série de récits entrecoupés, car bien qu’il existe quelques éléments de liaison entre ces lieux, chacun raconte une nouvelle histoire. Parallèlement, on retrouve l’acteur Adonis He, l’un des protagonistes du film, qui avait également joué dans le précédent film de Scud. Il s’exprime en face de la caméra, adoptant un style documentaire, abordant ce qui semble être le personnage d’Adonis tel qu’il avait été présenté dans le film de Scud en 2017.
C’est à la fois la force et la faiblesse du film, il aborde de nombreux sujets, mais tout ne s’intègre pas parfaitement. C’est dommage, car certaines scènes mettant en scène un fantôme sont particulièrement dérangeantes et réussies. On pourrait également mentionner d’autres scènes, où l’action se déroule sans le moindre son, où l’on observe simplement les corps en action. Néanmoins, comme je l’ai mentionné précédemment, il me manque des éléments de compréhension. Je n’arrive pas à saisir l’aspect documentaire qui intervient par moments, et certaines scènes restent énigmatiques pour moi. Pourtant, Bodyshop est un objet cinématographique unique et envoûtant, dont le principal défaut semble être mon ignorance de l’univers du réalisateur.
Bodyshop de Scud, 1h29, avec Adonis He Fei, Joe Leung, Daluy – Date de sortie inconnue en France.