Mario est l’une des franchises phares du jeu vidéo. Pourtant, elle a longtemps résisté aux adaptations cinématographiques. La faute à deux raisons majeures. La première, c’est l’échec critique et commercial de deux précédents longs-métrages dédié au plombier moustachu. Une version en animation, Super Mario Bros. : Peach-Hime Kyushutsu Dai Sakusen! (1986), et la célèbre version live, Super Mario Bros. (1993). La seconde difficulté pour adapter, c’est bien sûr Nintendo, l’entreprise nippone étant connue pour être protectrice sur les droits de ses adaptations. Pendant plusieurs années, Sony a essayé de réaliser une nouvelle version animée du plus célèbre des jeux vidéo, sans jamais qu’un accord soit trouver avec les japonais. Shigeru Myamoto, en plein projet de création d’un parc d’attractions Super Mario Bros., a rencontré Chris Meledandri, fondateur d’Illumination Entertainement. Ce studio d’animation, connu notamment pour Les Minions, proposa donc ses idées de développement pour une franchise Mario au cinéma. Le projet se concrétisa et se développa durant plusieurs années. Et puis, en cette première semaine d’avril, nous pouvons enfin découvrir cette nouvelle adaptation de Super Mario Bros. Et comme attendu, le film est réussi.
L’animation est plutôt jolie, adapte le style moderne des jeux 3D de la licence Mario, avec de beaux effets de lumières notamment. Malgré ses visuels corrects, le long-métrage n’a pour autant pas de scènes mémorables. Et encore une fois, c’est attendu. Lorsque les choses sont prévues, elles semblent rassurantes. On attendait de ce long-métrage qu’il soit joli et c’est le cas. On pensait également que la VF serait réussie (avec même une apparition de Pierre Martinet) et encore une fois : c’est le cas. Pourtant dans cette phase positive, il y a quelque chose que je trouve terrifiant. Une œuvre sans surprises, voilà ce qu’est ce Super Mario Bros. Et cette caractéristique, d’être un film décent, on la retrouve dans l’ensemble du scénario qui enchaine les séquences obligatoires. Encore une fois, c’est un argument positif : ce long-métrage coche toutes les scènes inévitables pour une adaptation de Mario. Ces exigences, couplées aux références forcées, nous donnent donc les fameux tuyaux verts, les scènes de parcours ou la poursuite en kart. Des séquences réussies qui lient le ludique du jeu vidéo à du divertissement enfantin.
Pour résumer cette nouvelle adaptation des frères plombiers tient la route malgré de nombreuses faiblesses. Le scénario simpliste met de côté certains personnages comme Toad ou Luigi. Les autres protagonistes n’ont d’ailleurs pas d’enjeux ou d’éléments à raconter. Mario souhaite sauver le monde et plaire à son papa, Peach souhaite défendre son royaume champignon, tandis que Toad les suit sans réellement poser de questions. Les musiques, réinterprétations du jeu vidéo, sont sympathiques mais laissent bien trop souvent leurs places à des titres pops des années 80. Mais tous ces défauts n’ont que peu d’importance. En fait, ils reprennent malheureusement les défauts de l’adaptation : Nintendo a toujours refusé de donner des thématiques ou des histoires captivantes à son univers. Les scénarios de ces jeux sont basiques mais efficaces, et donc l’adaptation donne le même résultat. L’ensemble est correct, mais est ce qu’on en attend vraiment plus ?
On pourrait critiquer Mario sur beaucoup d’aspects. Pourtant je ne compte pas le faire ici. Lorsque j’ai vu ce film, les enfants dans la salle criaient et riaient à quasiment toutes les scènes. Et ça il faut le prendre en compte, c’est un film mignon qui plait aux enfants, et il ne sera rien de plus. Tout est gentil dans ce long-métrage, même Bowser, qui se lance dans une guerre par amour. Alors oui, c’est une publicité pour les futurs parcs d’attractions Nintendo et pour les plus récents des jeux Mario (qui comme par hasard lancent des vagues de promotions en ce moment). Et je ne trouve pas ça navrant que des enfants se fassent avoir par cette sympathique publicité. Cela devient inquiétant quand des adultes nous disent que c’est la plus grande adaptation d’un jeu vidéo, ou l’un des chefs d’œuvres de l’année, mais c’est encore un autre problème.
C’est quoi le cinéma d’animation pour Illumination en 2023 ? Ce sont des œuvres sympathiques et correctes, à destination des enfants. Elles ne sont que rarement mémorables, malgré leurs succès commerciaux, et le résultat est simple : dans un mois on ne parlera plus de ce Super Mario. Il va avoir un joli succès, à l’approche des vacances scolaires, et c’est tout. Cette nouvelle adaptation est correcte, les fans sont contents, il va rapporter de l’argent au CNC et peut être même qu’une suite existera. Je ne pense pas qu’il mérite autant de haine, et encore moins d’amour, c’est banal au possible. Mais c’est justement ce qu’on attendait de lui alors si vous aimez les jeux, ou si vous avez des mini-vous : foncez-y !
Super Mario Bros, le film d’Aaron Horvath et Michael Jelenic, 1h32, avec Pierre Tessier, Chris Pratt, Audrey Sourdive – Au cinéma le 5 avril 2023