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[CRITIQUE] Stillwater – L’erreur de sujet

L’affaire Amanda Knox, un drame dans lequel une jeune Américaine est faussement accusée du meurtre de sa colocataire, et la manipulation de ses aveux par la police italienne pour les utiliser contre elle au tribunal, a été un événement dévastateur, parsemé de rebondissements, suffisamment dramatique pour remplir une mini-série télévisée, voire un long métrage. Bien que le nouveau film de Tom McCarthy, Stillwater, ne soit pas une reconstitution historique de l’affaire Knox, il s’inspire de ses éléments pour construire une histoire sur la rédemption d’un père, non seulement en tant que parent, mais aussi en tant qu’homme. Cette approche, sur le papier, semble prometteuse, mais les deux histoires s’entremêlent au début pour finalement s’effondrer dans le dernier acte.

Bill Baker (interprété par Matt Damon) incarne la simplicité. Ouvrier sans emploi sur une plate-forme pétrolière à Stillwater, Oklahoma, il mène une existence routinière, alternant entre petits boulots de construction, nettoyage après les tornades, et s’occupant de sa famille. Lorsqu’il se rend à Marseille, en France, pour soutenir sa fille Allison (Abigail Breslin), injustement emprisonnée pour le meurtre de sa colocataire, Bill est maladroitement perçu comme un “vilain Américain”. Face à une nouvelle information potentiellement libératrice pour Allison, mais inexplorable juridiquement, Bill prend les choses en main. Malgré la barrière linguistique, il trouve un allié en Virginie (Camille Cottin), une mère célibataire voisine, qui l’aide à démêler les indices. Leur relation, teintée d’admiration et d’affection, évolue même vers une romance, tout en Bill se rapprochant de Maya (Lilou Siauvaud), la fille de Virginie. C’est là que le film atteint son apogée, alors que Bill tente de réparer les erreurs de son passé et de construire un avenir à travers la tragédie.

Copyright 2021 Jessica Forde / Focus Features, LLC.

Cependant, Stillwater perd sa trajectoire dans le dernier acte, se transformant en un thriller d’espionnage incohérent, loin de l’histoire initiale. Cette dérive narrative semble artificielle, comme si le film devait conclure l’arc narratif lié à l’affaire Knox plutôt que d’explorer pleinement le développement des personnages. Malgré cette déception, l’interprétation de Matt Damon est remarquable. Son incarnation de Bill est empreinte d’émotion et de tendresse, malgré ses imperfections de personnage. Sa chimie avec Camille Cottin est palpable, leur relation étant construite sur une admiration réciproque. En revanche, Abigail Breslin semble sous-utilisée, reléguée au second plan pour faire avancer l’histoire de Bill. Avec un récit captivant et des performances de qualité, le long-métrage aurait pu briller parmi les meilleurs films de l’année. Cependant, sa conclusion décevante l’empêche d’atteindre son plein potentiel, laissant un goût d’inachevé dans l’esprit du spectateur. Malgré les talents de McCarthy, ce film ne parvient pas à saisir pleinement son sujet, ce qui constitue un regrettable gâchis.

Stillwater de Tom McCarthy, 2h20, avec Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin – Au cinéma le 22 septembre 2021

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