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[CRITIQUE] Stella est amoureuse – L’amour dans sa globalité

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Par Louan Nivesse

Les films autobiographiques sur l’enfance des réalisateurs sont devenus un genre à part entière, des 400 coups de François Traffaut à Armageddon Time de James Gray. Mais pour ce qui est de l’intégrer dans une série de films, les femmes cinéastes l’ont fait plus que les hommes, comme les deux films Souvenir de Joanna Hogg. Sylvie Verheyde a fait quelque chose de plus ambitieux avec son dernier film, Stella est amoureuse, 14 ans après son film autobiographique, Stella. Le film se déroule six ans après l’original et se concentre sur la dernière année de lycée, reprenant ainsi l’histoire de la dernière année d’école primaire du premier film.

© Atelier de Production

Le portrait que fait Verheyde de sa vie durant ces années crée une électricité et une atmosphère du début des années 80, avec des boîtes de nuit, des coiffures pomponnées et des vêtements rétro chics. En contraste avec le look des années 80, Stella est confrontée aux mêmes problèmes perturbateurs que dans le premier film, à un traumatisme familial, à l’exclusion, et à sa personnalité particulière et introvertie qui cause de nombreuses difficultés pendant cette période de passage à l’âge adulte. La dernière année de lycée de Stella est sur le point de commencer et le film s’ouvre sur une aventure estivale italienne sous le soleil, alors qu’elle se promène à l’arrière de la moto d’un jeune Italien au son de chansons pop italiennes. De nombreux personnages du premier film sont repris, comme Gladys, la meilleure élève et la meilleure amie de Stella, sa mère, interprétée par Marina Foïs, et son père, toujours distant, joué par Benjamin Biolay.

L’école commence et Stella est une femme capricieuse. Nous sommes propulsés dans la vie de Stella et ses événements : l’instabilité des parents, la réussite scolaire, et maintenant le point central de la croissance de Stella, l’amour. Lorsqu’on raconte sa vie personnelle à travers un film, il est difficile de franchir la limite de la dramatisation excessive des situations et des scénarios exagérés pour mettre en valeur l’histoire, mais Verheyde montre brillamment sa jeune personne telle qu’elle est. Il n’y a pas d’intrigue exagérée à des fins de manipulation ni de scène extravagante, mais un récit direct ponctué des pensées intérieures de Stella par le biais de la narration. Ces narrations fonctionnent brillamment ici car Stella se trouve dans des situations où elle ne peut pas dire exactement ce qu’elle ressent. Et surtout avec la transition d’une jeune femme vers l’âge adulte, c’est un dispositif cinématographique qui convient parfaitement au sujet. Lorsque Stella et ses amis reçoivent un tuyau selon lequel ils pourraient entrer dans le club de danse le plus branché, ils se déguisent et, heureusement pour Stella, elle est acceptée dans le club grâce à son attitude insaisissable, alors que ses amis n’ont pas un taux de réussite aussi élevé.

© Atelier de Production

C’est dans ce club que Stella rencontre André, un danseur élégant, et leur relation se noue après une séquence palpitante sur la piste de danse. Un autre garçon qu’elle apprécie est un camarade de classe qui lui témoigne son affection par ses sentiments et sa volonté d’être toujours là pour elle. Ces relations, ainsi que son aventure estivale avec l’Italien, ne sont que quelques-uns des exemples qui permettent à Stella de comprendre ce qu’est l’amour profond. Elle y aspire parce que rien d’autre ne fonctionne dans sa vie. Il est intéressant de voir Verheyde poursuivre l’histoire de sa vie à travers les films de Stella d’un point de vue personnel. Pendant le film, Stella dit qu’elle veut étudier la danse à l’université, mais sa mère lui dit qu’elle doit travailler et gagner de l’argent.

C’est son origine ouvrière qui rend la relation entre sa mère et Stella si particulière. Elles essaient toutes deux de trouver comment naviguer dans la vie à leur manière. Ce sont des histoires comme celles-ci qui sont à la fois uniques et passionnantes, et j’espère que Verheyde continuera à les explorer. Si le titre de Stella est amoureuse suggère que Stella cherche l’amour auprès d’un partenaire masculin, c’est le type d’amour unique qu’elle trouve dans l’amitié, la compagnie et la famille.

Note : 3.5 sur 5.

Stella est amoureuse au cinéma le 14 décembre 2022.

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