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[CRITIQUE] Spider-Man : No Way Home – Passer à l’âge adulte

Pourquoi Spider-Man est-il le héros le plus populaire de l’écurie Marvel ? Face aux deux dernières itérations de notre héros au pouvoir arachnéen on peut facilement se poser la question. Les deux derniers films de Jon Watts aussi sympathique soient-ils n’avaient jamais apporté d’enjeux dramatiques forts au personnage de l’homme araignée. La version très adolescente du personnage est loin des jeunes étudiants présentés par Sam Raimi et Marc Webb dans les années 2000. Plus fun, moins mature, plus enfantine, à l’image de son acteur Tom Holland (qui nous a pourtant démontré son talent incroyable d’acteur dans Le Diable, tout le temps). Loin du grand pouvoir et des grandes responsabilités. Pourtant ce qui nous avait fait autant vibrer chez Raimi et Webb était bien cette phrase. Ce principe simple mais fort: qu’on ne peut pas faire n’importe quoi sans conséquence. Des sujets que Jon Watts et les représentations de l’homme araignée par Disney ont eus du mal à traiter. Mais alors que les droits du personnage vont revenir à Sony, comment conclure la saga du Spidey adolescent? Eh bien, tout simplement en le faisant grandir….

Sony est en tout cas très fier d’avoir récupéré son personnage phare ! Avec des gros logos bien mis avant alors que le film commence à peine. Tout ça dans le but de nous faire comprendre qu’avec ce retour chez Sony, on change d’univers, on change de thématiques et on découvre le passage de Peter vers la maturité. Peter Parker, alias Spider-Man sort tout juste de son combat avec Mysterio à Londres. MJ sa petite amie sait qui il est, son meilleur pote aussi, tante May aussi, et maintenant tout le monde aussi ! Mysterio ayant sur son lit de mort envoyé une vidéo au fameux Daily Bugle, blog anti-Spider-Man, en dévoilant l’identité de ce dernier. Peter prit d’une panique folle se retrouve dans un tourbillon médiatique et un ouragan de responsabilités. Lui donnant l’idée de trouver Doctor Strange, et de tenter de réparer les choses grâce à la magie, en faisant oublier à tout le monde son existence. Mais suite à une énorme erreur magique, les méchants iconiques des autres sagas du héros débarquent dans le monde. Et menacent de détruire tout le multivers.

Afin de conserver les nombreuses surprises du film, nous vous garantissons une critique sans spoil. Cependant nous vous encourageons fortement à aller voir le film très très très vite en salle si vous ne voulez pas passer à côté de l’aspect « WHAOU » de chaque révélation qui pourrait fuiter à tout moment sur internet. Comme le résumé du scénario du film le démontre, la saga « fun » de Jon Watts vient se clôturer sur une nouvelle dose de plaisir coupable. En effet, il ne faut pas être trop tatillon et regardant. Soyons honnêtes le film est bourré d’incohérences plus folles les unes que les autres. Mais il est tellement cool ! Comment ne pas tomber sous le charme? D’autant plus que ça y est, enfin Peter rencontre les thématiques fortes, dramatiques et divertissantes. Les fans de comics retrouveront des références aux arcs narratifs « One more day« , ou encore « La saga des Clones » au sein du scénario. Références qui sont terriblement agréables à découvrir sur le grand écran tant elles apportent tensions et compassions pour nos personnages. Le film voguant de péripéties en péripéties, faisant passer ses 140 minutes extrêmement rapidement. On sort, on en veut encore! Mais surtout on sort, et on se rends compte qu’il aura fallu au cinéaste deux films pour en faire un enfin intéressant.

Car si le scénario prends de solides bases en s’inspirant des plus grandes bandes dessinées Spider-Man. Il est servi par des visuels sympathiques, mais sommes toutes assez artificielles… Les scènes d’action sont lisibles, la réalisation est claire et précise et si elle surprend par instants, notamment les séquences avec le Doctor Strange, elle reste surtout assez convenue. Pourtant le sujet avait été abordé déjà de plein de façon différente, dans l’excellent Spider-Man: New Generation. Avec des visuels forts, une réalisation efficace et tout cela en dehors du fait que le film soit un film d’animation. Dommage, dans les mains d’un autre réalisateur, on aurait pu espérer un résultat visuellement plus intéressant. En tout cas ça ne sera pas pour la réalisation « pop-corn » de Jon Watts qu’on y retournera. Au fond, il faut se l’avouer, Spider-Man : No Way Home n’est pas un grand film de cinéma. Il est un grand film de fan. Les ambiances dans les salles nous l’ont démontrés en ce premier jour d’exploitation. On applaudit, on crie, on vit la vie de Peter Parker pendant 140 minutes à ses côtés. Parce que nous avons vécu la vie de Peter depuis bientôt 20 ans. Nous aimons Spider-Man comme une madeleine de Proust. Et nous nous identifierons toujours à ce pauvre petit adolescent avec un poids bien trop lourd sur ses épaules.

Spider-Man : No Way Home, est un divertissement pop-corn intelligent. Intelligent de par son scénario qui adapte les meilleures histoires du personnage déjà crées, de par le rapport qu’il entretient avec la nostalgie de son spectateur. Au détriment certes d’un visuel novateur mais qui reste efficace. Le film est fun, drôle, touchant, vibrant, jouissif et tout cela malgré ses défauts. C’est un film d’apprentissage tant attendu dans l’univers Disney, qui vient faire du bien et dynamiser cette saga qui trainait la patte depuis le début. Donnant l’espoir et l’envie d’un cinéma plus fou pour Spidey version de Tom Holland. Nous laissant dans la hâte d’une éventuelle suite, plus profonde et percutante. Et le film nous en montre l’aperçue, il y a de quoi faire. C’est un véritable plaisir coupable de cinéma non dissimulé. Foncez le voir vite, la surprise vaut le coup.

Spider-Man : No Way Home de Jon Watts, 2h28, avec Tom Holland, Zendaya, Benedict Cumberbatch – Au cinéma le 15 décembre 2021