SISU – De l’Or et du Sang2023, ce long-métrage énigmatique dont les contrastes se dessinent en des nuances vives et sombres, déploie une expérience cinématographique où les applaudissements et les réserves s’entremêlent avec subtilité. Immergé au cœur d’une Finlande occupée par les nazis en 1944, le récit prometteur nous entraîne au plus profond des terres sauvages de la Laponie. C’est là que Aatami Korpi, un ancien soldat au charisme indéniable, fait la découverte d’un précieux filon d’or et se lance dans une quête effrénée pour le protéger, n’hésitant pas à s’en prendre à chaque SS qui croise son chemin.
Parmi les joyaux que SISU – De l’Or et du Sang2023 dévoile, on ne peut que se réjouir de la volonté d’insuffler une réalité palpable aux personnages qui subissent des dommages physiques aussi réels que déchirants. À cet égard, le protagoniste principal, Aatami Korpi, incarne avec charisme et intensité le soldat déterminé à protéger son précieux butin, rappelant davantage le destin tourmenté de Nobody2021 que l’implacable vengeance de John Wick : Chapitre 42023. Les scènes d’action, empreintes de violence jubilatoire, nous offrent des exécutions de nazis à la fois ingénieuses et captivantes, apportant une touche de créativité aussi réjouissante qu’époustouflante à l’ensemble.
Cependant, quelques écueils se dressent sur le chemin de cette épopée fascinante. Le récit accorde par moments une importance trop appuyée à la chance du héros et à sa foi, un rappel sans subtilité qui frôle l’indécence. En dépit de l’abondance d’actions trépidantes, le rythme de l’œuvre peine curieusement à s’élever, entravé par une bande son onirique qui, plutôt que de galvaniser l’ensemble, crée un déséquilibre perturbant. De plus, bien que l’interprétation charismatique de Jorma Tommila donne vie au protagoniste, le personnage d’Aatami Korpi souffre d’un manque de caractérisation approfondie, le reléguant trop souvent à l’image d’un individu qui tue froidement pour s’enrichir et survivre.
L’inclusion du « girl power », une intention louable en soi, peine malheureusement à trouver sa juste place dans le récit, rappelant presque maladroitement les efforts des femmes contre Thanos dans Avengers: Endgame2019. Le budget limité du film se fait sentir, notamment dans son impact sur le rythme narratif, donnant l’étrange sensation de contempler un mélange inégal des influences de The Northman2022, John Wick et Mad Heidi2023. Enfin, la conclusion abrupte et expédiée du récit laisse un goût d’inachevé, comme si une œuvre d’art avait été écourtée avant que ses contours ne soient pleinement révélés.
Malgré ces écueils, SISU – De l’Or et du Sang2023 offre un visionnage agréable et sa louable ambition est indéniable. Les scènes d’action jouissives, l’interprétation charismatique de Jorma Tommila et les exécutions inventives de nazis forment des facettes captivantes qui, bien que parfois ternies par des imperfections, brillent suffisamment pour nous emporter dans un voyage cinématographique unique. SISU – De l’Or et du Sang2023 nous rappelle que, même dans les coins les plus sombres de l’Histoire, le cinéma peut éveiller nos émotions et nourrir notre soif de divertissement.
SISU – De l’Or et du Sang de Jalmari Helander, 1h31, avec Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan – Au cinéma le 21 juin 2023