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[CRITIQUE] Schirkoa : In Lies We Trust – Utopie en Papier Mâché et Autres Déboires Animés

Curieux projet que Schirkoa : In Lies We Trust, réunissant sous des sacs en papier des figures emblématiques du cinéma français comme Asia Argento et Golshifteh Farahani, ainsi que du cinéma indien avec Karan Johar, l’un des producteurs et réalisateurs les plus influents de Bollywood. En tendant bien l’oreille, on peut même reconnaître la voix de Gaspar Noé. Mais d’où vient cette œuvre ?

À l’origine, c’est est un roman graphique. Son créateur, Ishan Shukla, a d’abord réalisé un court-métrage en 2016 avant de nous livrer, en 2024, une version longue de cet univers riche et foisonnant. L’univers de Schirkoa est singulier et distinctif. Le nom désigne une ville utopique où tous les citoyens portent des sacs en papier pour symboliser l’égalité. Tous égaux, tous heureux… mais pas pour longtemps. Le personnage principal, 197A, est rapidement confronté à un dilemme : doit-il dénoncer une jeune femme sans sac et commencer sa carrière politique, ou bien tout abandonner ?

Cette œuvre unique mêle qualités et défauts, laissant le spectateur à la fois fasciné et frustré par un résultat qui aurait pu frôler l’exceptionnel. L’animation, en revanche, est loin d’être séduisante. Elle rappelle les jeux vidéo de Telltale Games (The Wolf Among Us, The Walking Dead), avec un rendu parfois similaire à celui des consoles Xbox 360. Certains éléments, notamment les visages des personnages et la synchronisation labiale, sont particulièrement dérangeants à regarder. Cependant, le principal défaut réside dans la multitude de pistes narratives lancées sans jamais être véritablement explorées. L’histoire reste trop vague quant au fonctionnement d’un monde pourtant extrêmement riche, dont on comprend qu’il tend finalement vers une forme de philosophie bouddhiste. Bien que parsemée de péripéties et de personnages intrigants, cette réalisation ne les traite qu’en surface. On aimerait en savoir plus sur des thèmes tels que le suicide, la stature du Bouddha, ou encore le fonctionnement de cette société, mais le récit, en moins de deux heures, ne peut pas tout aborder.

Le long-métrage est d’une beauté indéniable, à l’image du parcours de son protagoniste, qui le mène à la découverte d’un Bouddha en plein cœur de cette utopie/dystopie. Toutefois, l’univers reste trop vaste pour être pleinement convaincant.

Schirkoa: In Lies We Trust de Ishan Shukla, 1h43, avec Golshifteh Farahani, Asia Argento, Gaspar Noé – Prochainement en salle

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