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[CRITIQUE] Rien à foutre – I Believe I Can Fly

Rien à foutre, écrit et réalisé par Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, suit Cassandra (Adèle Exarchopoulos), une hôtesse de l’air sans ambition travaillant pour une compagnie aérienne à bas prix basée à Lanzarote. Elle travaille de longues heures, fait la fête ou paresse pendant son temps libre, et essaie de ne pas penser à la mort récente de sa mère. C’est à peu près tout pendant 115 minutes. Rien à foutre traite de la dépression et n’offre pas beaucoup de drame, à l’exception de quelques rencontres entre Cassandra et des responsables de la compagnie aérienne qui remettent en question sa consommation d’alcool ou le fait qu’elle enfreigne les règles de l’entreprise.

Les réalisateurs plongent les spectateurs dans le monde des hôtesses de l’air et réussissent à montrer la monotonie de la profession. C’est à la fois un compliment et une critique. Cassandra a quelques échanges avec des passagers dans le besoin qui montrent le caractère ingrat et éprouvant de son travail. Il y a quelques scènes qui apportent un peu de lumière, comme une session de formation pour le chef de cabine qui demande aux gens de sourire pendant 30 secondes (et la plupart n’y arrivent pas). Mais une grande partie du film est ennuyeuse. Rien à foutre soulève même une question d’actualité sur les conditions de travail inégales lorsque Cassandra et ses collègues hôtesses de l’air sont abordées par des employés en grève. Bien que Cassandra soit sensible à leur cause, elle veut simplement se rendre au travail. Cette scène peut indiquer quelque chose sur la personnalité de Cassandra : qu’elle a plus d’apathie que d’attitude. Mais l’idée générale qu’elle masque sa dépression par le travail (et l’alcool) n’est pas assez convaincante. Même les fans de l’actrice, qui pourraient se contenter de la regarder pendant deux heures, (et il y a très peu de moments où Exarchopoulos n’est pas à l’écran) vont s’impatienter.

Cassandra se dévoile TRÈS lentement au cours de ce film. Exarchopoulos est un aimant pour la caméra. Il peut être fascinant de la regarder accomplir ses tâches avec un intérêt minimal. Mais la scène la plus intéressante la montre en train de parler à un représentant de la téléphonie mobile et de retenir ses larmes alors qu’elle envisage de mettre à niveau son forfait téléphonique. Cassandra souffre visiblement de l’intérieur (elle échoue facilement au test du sourire de 30 secondes) et lorsqu’elle ne travaille pas, elle essaie d’apaiser sa douleur avec de l’alcool et/ou des relations amoureuses. Dans ce qui est peut-être son moment le plus émouvant, elle supplie un homme de ne pas prendre de douche pour qu’ils puissent se câliner pendant cinq minutes de plus.

Chorégraphie de base.

Lecoustre et Marre font preuve de perspicacité en voulant dresser le profil d’un personnage sans but qui est coincé dans une ornière. De manière significative, la santé mentale de Cassandra n’est jamais abordée, mais elle plane comme un nuage sombre en arrière-plan. La performance engagée d’Exarchopoulos transmet ce silence, ce qui est tout à l’honneur du film, mais on a aussi l’impression que l’on a raté l’occasion de faire quelque chose de plus profond. Rien à foutre se dégrade à partir du milieu du film, lorsque Cassandra retourne chez son père Jean (Alexandre Perrier) et sa sœur Michelle (Mara Taquin). Hélas, le récit ne devient pas plus intéressant. Si l’on considère qu’une scène précédente montrait Cassandra disant à sa sœur qu’elle ne pouvait pas prendre de congés pour les vacances (un mensonge), elle s’est portée volontaire pour faire des gardes supplémentaires : on pourrait s’attendre à ce qu’il y ait plus de tension à la maison. Mais l’atmosphère est plutôt à la mélancolie. Les sœurs passent du temps ensemble, boivent et parlent parfois de leur mère décédée. Jean espère résoudre une situation juridique impliquant sa femme. Tout cela est très quotidien.

Vers la fin du film, la narration s’efforce de donner à Cassandra une voie possible pour l’avenir. Les spectateurs tolérants peuvent se sentir investis dans son personnage, et il est difficile de ne pas la soutenir. Cependant, le plus gros problème de Rien à foutre est que, contrairement à son titre, il ne suscite jamais les émotions qu’il devrait.

Note : 2.5 sur 5.

Rien à foutre au cinéma le 2 mars 2022.