Ecrit et réalisé par Andrew Semans, la vie de Margaret est en ordre, elle est compétente, disciplinée et a du succès. Tout est sous contrôle, du moins jusqu’à ce que David revienne, emportant avec lui les horreurs du passé de Margaret. Si vous abordez Resurrection en vous attendant simplement à un thriller psychologique, alors oui, vous obtiendrez cela, mais aussi beaucoup plus. L’une des stratégies surprenantes et extrêmement efficaces employées par Andrew Semans consiste à ralentir la révélation. Il faut plus de trente minutes pour découvrir comment Margaret (Rebecca Hall) connaît David (Tim Roth).
Resurrection est vraiment intense, le rythme fait monter la tension et le suspense, il vous tient en haleine, puis il lâche une bombe. À partir de ce moment-là, les choses s’enfoncent complètement dans les méandres du labyrinthe et vous laissent bouche bée en vous demandant jusqu’où cela pourrait aller, et en vous impatientant de le découvrir. C’est un exemple fort d’une relation toxique émotionnellement et physiquement, ainsi que de l’impact psychologique à long terme et de la facilité avec laquelle le comportement et la mentalité de la victime peuvent être redéclenchés. Le seul point litigieux est potentiellement la fin, son utilisation de la métaphore ou de l’imagination peut ne pas convenir à tout le monde, et soulève la question de savoir si l’utilisation de tels dispositifs renforce ou affaiblit son réalisme et ses sujets sérieux.
Le style de la mise en scène et de la photographie (signée Wyatt Garfield) ne souffre d’aucune faiblesse et ne fait l’objet d’aucun débat. La qualité de l’esthétique est très nette et s’accorde parfaitement avec l’intensité de l’histoire pour capturer l’obscurité et la peur. L’un des choix qui fonctionne particulièrement bien est la simplicité des moments clés : la scène la plus cruciale n’est probablement qu’un plan de Rebecca Hall dans un monologue. C’est superbe et cela témoigne de la qualité globale du film, qui choisit si bien où se concentrer, quand accélérer, quand ralentir, pour vraiment embrasser toutes les différentes émotions en jeu. En réalité, si l’on examine le film dans son ensemble, il ne se passe pas grand-chose, mais il vous tient tellement en haleine qu’on a l’impression qu’il ne s’arrête jamais.
Bien que Rebecca Hall ait souvent joué dans des comédies et des romances, elle n’est pas une actrice à sous-estimer. Lorsqu’elle a l’occasion de déployer toute sa palette de talents, c’est merveilleux à voir. Resurrection est l’exemple parfait de ce talent, l’évolution de son personnage et le traumatisme et les dommages psychologiques qu’elle dépeint sont excellents, elle vous fait vibrer du début à la fin. Le rôle de Tim Roth est également fantastique. Il n’est même pas physiquement présent pendant une grande partie du film, mais les moments où il l’est marquent les esprits.
On se demande pourquoi davantage de réalisateur·ices n’ont pas profité de ce côté de Tim Roth, il est parfait pour apporter ce côté effrayant, persistant, contrôlant, manipulateur et intelligemment dangereux. Grace Kaufman complète bien le trio, faisant face à la descente de sa mère et augmentant la peur en offrant une autre perspective. Elle fait un excellent travail en exploitant ce sentiment d’horreur, en voyant une perte de contrôle si intense, mais sans avoir la moindre idée de ce qui se passe, si ce n’est que sa sécurité est menacée.
Resurrection est captivant, intense, inattendu et mené par une autre superbe performance de Rebecca Hall. Il fait monter une tension presque écrasante, puis vous frappe avec des détails bizarres qui font surgir des possibilités de toutes sortes. Le film est filmé de façon fantastique pour pousser l’intensité au maximum, il retient votre attention avec facilité du début à la fin et crée une faim fervente de savoir où cela va finir. C’est une exploration unique et puissante des relations abusives et de leur impact psychologique inéluctable et prolongé.
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