Rechercher

[CRITIQUE] Raymond & Ray – On est clairement mort de rire

Image de Par Louan Nivesse

Par Louan Nivesse

Deux de mes acteurs fétiches réunis dans une comédie familiale à rebondissements ? C’est trop pour que je rate ça. Et comme vous le savez, Raymond & Ray s’avère être tout à fait dans mes cordes. C’est le genre de film sur la vie quotidienne qui m’attire souvent. Il ne cherche pas à être innovant et ne prétend pas être quelque chose d’important. C’est un regard simple et concret sur la condition humaine à travers les expériences de deux personnages bien ancrés. Le film est précis dans son propos et honnête dans ses émotions, mais il trouve aussi le temps d’être léger, ce qui est bienvenu quand on sait que la mort y occupe une place importante.

Écrit et réalisé par Rodrigo García, Raymond & Ray présente une histoire un peu tordue et même un peu loufoque. Pourtant, elle a toujours les pieds ancrés dans la réalité. Elle suit deux demi-frères. Tous deux sont des personnes très différentes qui ont vécu des vies totalement opposées. Pourtant, ils ont une chose en commun : ils détestent tous deux leur père. Et cette haine partagée n’a fait que les éloigner. Non pas à cause d’un quelconque dédain l’un pour l’autre (ils étaient en fait inséparables quand ils étaient enfants). Mais parce que le fait d’être ensemble ne fait que raviver les souvenirs de la négligence et des abus qu’ils ont subis.

© Apple TV+

Ewan McGregor joue le rôle de Raymond, un homme au caractère bien trempé qui a divorcé à deux reprises et qui est maintenant séparé de sa troisième femme. Ethan Hawke joue le rôle de Ray, un héroïnomane en voie de guérison qui aspirait à devenir trompettiste, mais qui a abandonné ce métier (et tout le reste) après le décès de sa femme, atteinte d’un cancer. Tous deux sont des personnes brisées dont la vie n’a pas tourné comme ils l’espéraient. Et ils ont cherché des réponses dans divers environnements qui n’ont fait qu’aggraver leurs problèmes.

Le film s’ouvre sur l’arrivée de Raymond chez Ray pour l’informer de la mort de leur père. C’est la première fois que les deux hommes se voient depuis des années et encore plus longtemps qu’ils n’ont pas vu leur père. Ray n’est pas particulièrement ému par la nouvelle, mais il est surpris d’apprendre que la dernière volonté de leur père était que ses fils assistent à ses funérailles. Ray dit de ne pas y penser. Après tout, le vieil homme est mort, il ne le saura pas. Mais Raymond veut qu’ils y aillent (de plus, il a récemment perdu son permis de conduire à la suite d’une conduite en état d’ivresse et il a besoin d’un chauffeur). Ray accepte à contrecœur, et les deux hommes embarquent et font le voyage jusqu’à Richmond.

Une fois arrivés, Raymond et Ray découvrent que les dernières volontés de leur défunt père ne se sont pas limitées à assister à ses funérailles. Il a également laissé le mot que ses garçons devaient creuser sa tombe et la recouvrir (leur père a pu obtenir l’accord du cimetière grâce à une fausse demande de liberté religieuse – un gag amusant qui revient plusieurs fois). Alors que Raymond considère que c’est leur devoir, Ray commence rapidement à perdre patience. S’agissait-il vraiment d’un souhait sincère de leur père décédé ou était-il en train de se moquer d’eux depuis l’au-delà ?

© Apple TV+

Dès le début, la structure de l’histoire de Raymond & Ray est assez évidente. Il y aura de nombreuses révélations en cours de route, tant pour les deux demi-frères que pour le public. Ces révélations sont faites par les diverses connaissances de leur père qui décrivent un homme bien différent de celui que Raymond et Ray ont connu. Parmi elles, l’avocat de leur père (Oscar Nunez), son ancienne amante (Maribel Verdú), son pasteur (Vondie Curtis-Hall) et son infirmière (Sophie Okonedo). Raymond et Ray commencent à découvrir qui leur père est devenu ces dernières années. Mais cela n’efface pas qui il était dans le passé, et ces vieilles blessures s’avèrent être profondes et douloureuses. Alors que Garcia nous offre de nombreux moments forts pour les personnages et des moments de franche rigolade, l’histoire ne tient pas complètement la route. Je ne vais évidemment pas la gâcher, mais disons simplement qu’un des personnages principaux finit dans un état plus réaliste que l’autre.

Mais pour l’essentiel, Raymond & Ray a tout le cœur et la bizarrerie nécessaires pour fonctionner comme un drame familial dysfonctionnel et une subtile comédie noire. Et cela ne fait pas de mal d’avoir des talents du calibre de McGregor et Hawke, deux acteurs chevronnés qui maintiennent cette histoire insolite à un niveau humain.

Note : 3 sur 5.

Raymond & Ray sur AppleTV+ le 21 octobre 2022.

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

AFTER_LARGE
[CRITIQUE] After - Danse, désespoir, et l’aube pour seule échappatoire
Dans les entrailles nocturnes de Paris, quand la fête...
REBEL_RIDGE_LARGE
[CRITIQUE] Rebel Ridge - Tension Sous Silence
Alors que la plupart des récits d’action cherchent...
BETTER_CALL_SAUL_S6_LARGE
[CRITIQUE] Better Call Saul (Saison 6) – S’all true
Cette critique est envisagée comme un entretien fictif...
MARIANO BAINO_LARGE
[CRITIQUE] Dark Waters & Astrid's Saints - Lovecraft par mariano baino
Dark Waters et Astrid’s Saints, les deux longs-métrages...
BONA_LARGE
[RETOUR SUR..] Bona - Aliénation domestique
Le cinéma philippin de patrimoine connaît, depuis quelques...
MALDOROR_LARGE
[CRITIQUE] Maldoror - le mal de l'horreur
Maldoror est sans doute le projet le plus ambitieux...
GOLDBOY_LARGE
[CQL'EN BREF] Gold Boy (Shusuke Kaneko)
La carrière de Shusuke Kaneko est pour le moins surprenante....