Troisième journée à l’Etrange Festival : de nouveau un film des Ramsay (dont on va regarder les quatre films diffusés durant le festival) et un petit mondo.
Purani Haveli
De nouveau un film d’horreur indien, de nouveau un film des studios Ramsay. On pourrait comparer ce studio à un Hammer bollywoodien, deuxième film que je vois du studio, mais c’est assez amusant de voir plusieurs points communs entre les deux. On reconnaît certains acteurs mais aussi certains accessoires qui sont réutilisés. On sent bien avec Veerana, puis avec Purani Haveli, que la logique du studio est de faire de la production et de se créer une identité propre, comme l’avait fait le studio british.
Mais que vaut ce Purani Haveli ?
Meilleur que Veerana, c’est sûr. Il faut dire que l’histoire se tient mieux, le lieu bien plus angoissant et les personnages mieux construits. Une histoire de maison hantée où tout le monde se retrouve autour d’un mystérieux meurtre, tandis que traîne une histoire de mariage forcé, d’héritage, etc. Là où dans Veerana, l’on avait des personnages sérieux et comiques qui se rencontraient mais qui n’arrivaient pas à créer une dynamique commune, dans Purani Haveli, chaque personnage évolue dans le même univers, rendant les différents passages entre humour et horreur beaucoup plus agréables.
Maintenant, il faudrait dire aux Ramsay de parfois relire leur scénario parce que le film dérive dans sa deuxième partie. Alors que tous les personnages sont bien effrayés par le meurtre et leurs différentes visions dans le joli manoir, l’un d’eux part et se retrouve dans une histoire de gang. Bref, le film devait faire 2h20 et le fait à coup d’épisodes fillers et c’est dommage car hormis cet aparté, le film est très convaincant. Ses maquillages sont excellents, ses effets parfaitement amenés : l’on est devant un solide film d’épouvante. Une histoire qui se tient, qui aurait certes mérité de faire moins de deux heures pour se concentrer sur les éléments principaux, des personnages attachants et des effets horrifiques toujours aussi bien exécutés, Purani Haveli est globalement réussi mais aurait pu être bien meilleur.
Purani Haveli de Shyam et Tulsi Ramsay, 2h25, avec Deepak Parashar, Amita Nangia, Shubha, Tej Sapru – Sorti en 1989
Paris Top Secret
Pour finir cette journée, un mondo donc, un genre de film assez spécial qu’il convient de définir brièvement. Le mondo, c’est un pan du cinéma d’exploitation qui va, à travers une approche documentaire, mettre en scène des sujets un peu chocs, un peu tabous, que ce soit des pratiques artistiques étranges ou bien évidemment du sexe.
Celui d’aujourd’hui est donc Paris Top Secret, film réalisé par Pierre Roustang, dont le titre fait vraisemblablement référence au film Paris Secret de Édouard Logereau, qui était diffusé à l’Etrange l’année dernière. Comme expliqué précédemment, le film va traiter d’activités et de personnes assez méconnues de notre monde et vivants dans la capitale. C’était mon premier mondo et je dois bien dire que l’enthousiasme a globalement été absent.
Chose amusante, le film a pour narrateur Philippe Bouvard. Ce qui est intéressant avec Paris Top Secret et le mondo, c’est que, captant d’une manière documentaire les sujets qu’il aborde, ce genre de film est une véritable capsule temporelle de son époque, ici 1969. Et il faut bien dire qu’il y a 54 ans, les mœurs étaient différentes et que le film n’hésite pas à formuler quelques remarques misogynes ou racistes, plus que limites aujourd’hui. Si Paris Top Secret ne passionne pas réellement, c’est déjà que sur sa forme, il se contente du strict minimum. Il filme ses protagonistes frontalement et laisse Philippe Bouvard faire ses petites blagues. On passe d’un personnage à un autre au détour de quelques scènes, souvent régressives, même s’il y a quelques éclats intéressants parsemées ici et là.
Chose importante à savoir avec le genre : certaines séquences sont totalement fictives. Voilà un procédé intéressant, qui pourrait brouiller les pistes du spectateur et questionner son rapport à la vérité qui lui est montré. Bon, Orson Welles le fera beaucoup mieux quelques années plus tard avec l’excellent F for Fake, car il n’est pas difficile, dans Paris Top Secret, de déceler le vrai du faux. Entre une femme ayant une panthère de compagnie ou une organisation satanique sur les bords qui montre ses méthodes à Philippe Bouvard, la tâche n’est pas rude. Ce parti-pris qui pourrait être intéressant est donc franchement raté et Roustang nous laisse finalement devant un film franchement ennuyeux avec quelques répliques assez drôles.
Je verrai d’autres mondos, en espérant que la frontière entre vrai et faux sera mieux traitée. Cependant, aucun regret d’avoir assisté à cette séance qui m’a initié à un genre que je ne connaissais pas et c’est ce qu’on aime voir en festival et notamment ici, à l’Etrange.
Paris Top Secret de Pierre Roustang, 1h22, avec Philippe Bouvard – Sorti en 1969