[CRITIQUE] Pistol – La passion de Danny Boyle

Pistol démarre avec le fantasme de David Bowie, une petite scène de cambriolage, puis une course-poursuite en voiture, et ne lâche plus l’accélérateur à partir de ce moment-là. L’ode de Danny Boyle aux Sex Pistols vous fera certainement vibrer. Basé sur les mémoires de Steve Jones, guitariste des Pistols, Pistol est principalement raconté de son point de vue et montre comment un garçon indésirable de la classe ouvrière a donné le coup d’envoi d’une révolution culturelle. Jones (Toby Wallace) est rejoint par Johnny Rotten (Anson Boon, qui capture brillamment la folie de son regard), le bassiste Glen Matlock (Christian Lees), le batteur Paul Cook (Jacob Slater) et finalement par le chaotique Sid Vicious (Louis Partridge) pour sortir l’Angleterre des années 1970 de sa stupeur. Ils sont aidés par un impressionnant casting secondaire composé de figures emblématiques des années 70 : de l’icône de la mode Vivienne Westwood (Talulah Riley) au manager des Pistols, Malcolm McClaren (Thomas Brodie-Sangster, absolument génial), en passant par la jeune punk et future Pretender Chrissie Hynde (Sydney Chandler) qui veut simplement se faire une place dans une industrie dominée par les hommes. Maisie Williams se débarrasse même de son étiquette de “gamine de Game of Thrones” dans le rôle de l’hilarante Jordan, une icône punk aux cheveux blonds à couper au couteau.

En tant que visite guidée de l’histoire du punk, il couvre certainement la plupart des bases. Malgré un scénario vivant de Craig Pearce, collaborateur régulier de Baz Luhrmann, il s’agit bien d’un projet passionnel de Danny Boyle. Le réalisateur irrépressible n’a pas été aussi agité depuis Trainspotting et cela peut parfois être un peu rebutant, car Pistol est découpé au millimètre près. Il y a de nombreuses coupes, des paquets d’images d’archives insérés dans le film, et l’ensemble de la série est filmé au format 4:3 pour bien montrer que l’action se déroule dans les années 1970. Mais, par la même occasion, je ne peux manquer de dire que c’est divertissant. Pistol avance à une telle vitesse et avec une telle énergie qu’il est impossible de ne pas se laisser entraîner, même si vous lui donnez des coups de pied et lui criez dessus pour qu’il ralentisse de temps en temps.

Bien sûr, il ne faut pas oublier que nous voyons ces événements tels qu’ils ont été relatés par Steve Jones, dont on peut dire qu’il avait une relation peu amicale avec Lydon. Boyle a expliqué que le livre de Jones lui offrait un moyen d’entrer dans l’histoire, plutôt que de se concentrer sur l'”ingérable” Lydon, et il est clair tout au long de l’histoire que nous voyons une version spécifique et personnelle des événements. Par exemple, le Malcolm de Brodie-Sangster change et se transforme au gré de sa relation avec Steve : au début, c’est un sauveur énigmatique de la classe moyenne, à la fin, c’est un méchant manipulateur et à moitié dérangé. Pendant ce temps, la mort de la petite amie de Sid Vicious, Nancy Spungen, un mystère qui reste à ce jour non résolu, n’est pas entièrement expliquée mais reçoit ici des réponses assez définitives basées sur la compréhension des événements par Steve. Cependant, dans un sens plus large, ce n’est pas seulement la perspective de Jones sur les Sex Pistols. Ce n’est même pas le point de vue du scénariste Craig Pearce. C’est le point de vue de Boyle, une histoire au rythme traditionnel racontée sous l’angle du punk, avec l’amour du réalisateur pour le groupe et l’époque en évidence à l’écran.

Peu importe le nombre de discours de Malcolm sur la nécessité de secouer et de briser le système établi, la série ne parvient jamais à comprendre pourquoi les Pistols ont eu une telle influence, ni comment l’ère punk a réussi à capter l’imagination de la classe ouvrière britannique au-delà du désir de briser les tabous. Car c’est peut-être ainsi que l’on peut donner un sens à la carrière apparemment fracturée du réalisateur. Qu’il décortique l’héritage durable des Beatles, examine le fondateur d’Apple, Steve Jobs, ou qu’il nous montre la vie des héroïnes toxicomanes d’Édimbourg, il s’agit toujours de la passion débridée de Boyle pour ses sujets.

On ne sait peut-être pas pourquoi les Sex Pistols ont eu un tel impact, mais on le ressent. Parce que Boyle le ressent. Et si l’on se fie aux 30 dernières années, le partage de sa passion sera toujours une partie de plaisir.

Note : 4 sur 5.

Pistol disponible sur Disney+ le 6 juillet 2022.

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