[CRITIQUE] Pierre Lapin 2 – L’effet Paddington ?

Parmi les films majeurs les plus retardés depuis l’apparition de la pandémie, Pierre Lapin 2 est enfin sorti dans les cinémas, Sony a refusé d’appuyer sur la gâchette d’une quelconque sortie VOD ou hybride, et a attendu plus d’un an pour récolter les précieuses recettes en salles. Et si peu de gens se précipiteront vers leur multiplexes pour voir cette suite avec la même verve que, disons, le dernier Disney Cruella ou la surabondance d’autres films de franchise reportés depuis longtemps, ce n’est rien d’autre qu’une suite qui reste dans la lignée de son prédécesseur étonnamment décent, tout en apportant juste assez de nouveautés pour maintenir l’intérêt. Après les événements du premier film, Bea (Rose Byrne) et Thomas McGregor (Domhnall Gleeson) sont maintenant heureux en ménage et profitent du succès de Bea qui adapte leurs aventures avec Pierre Lapin (James Corden) dans un livre pour enfants au titre éponyme. Mais alors que Bea et Thomas envisagent la prochaine étape de leur vie, Pierre se sent exclu et sans but. Lorsqu’il est séparé par inadvertance de ses familles, humaine et animale, et qu’il tombe dans le giron d’une bande d’animaux gangsters vivant en ville et préparant un gros coup, Pierre doit décider où se trouvent ses véritables allégeances.

Pendant la majeure partie de son premier acte, Pierre Lapin 2 pose les bases d’une suite de comédie familiale tout à fait typique, où le courageux héros doit s’adapter à une nouvelle dynamique alors qu’il est envoyé dans une aventure périlleuse jusqu’à apprendre la vraie valeur de son lot avant la fin du film. Et si ce synopsis squelettique est en grande partie exact, il y a aussi un aspect sournois, parfois déroutant, subversif du film qui devient de plus en plus difficile à ignorer. L’une des principales intrigues secondaires concerne le livre de Bea, Pierre Lapin, que le magnanime Nigel Basil-Jones (David Oyelowo, gâché mais bien habillé) souhaite transformer en une franchise à succès. Les idées tape-à-l’œil de Nigel pour des suites de Pierre Lapin en science-fiction donnent l’impression d’un pied de nez aux nombreuses personnes qui se sont plaintes que le film original s’éloignait trop de l’essence pure des histoires de Beatrix Potter, comme s’il disait au public : “Hé, ça pourrait être bien pire !”.

C’est un déroulé intéressant pour une suite, bien qu’elle ne puisse s’empêcher de sembler hypocrite dans un film qui présente plusieurs musiques pop bizarres, notamment le placement vraiment déroutant de “Boulevard of Broken Dreams” de Green Day lorsque Pierre considère sa vie avec tristesse. Pourtant, d’autres aspects de l’introspection du film s’avèrent plus judicieux, malgré toutes ses blagues d’autodérision sur la transformation de Pierre Lapin en une franchise de superproduction, le troisième acte du film, complètement fou, offre une série de moments d’action créatifs, à la manière de Fast and Furious, si complètement idiots qu’ils suscitent un véritable fou rire. Dans ces moments, et notamment lors d’une cascade automobile inspirée impliquant le hérisson préféré de tous, Mme Tiggy-Winkle (Sia), Pierre Lapin 2 évoque l’essence de la référence en matière de suites de films d’aventure, Paddington 2. Seulement l’essence, attention. C’est un film qui veut avoir le beurre et l’argent du beurre, et bien que cela ne fonctionne pas toujours, il y a une certaine étrangeté dans l’humour clin d’œil du film. De temps à autre, le public est confronté à des coupures de style à la Family Guy, ce qui confère au film une atmosphère attachante, inattendue et quasi-Looney Tunes

Parce qu’il s’agit d’un “film d’animaux parlants”, l’original ne bénéficie pas d’un crédit suffisant pour ses effets visuels soignés, et il est probable qu’il en sera de même ici. Que vous appréciez ou non les voix attachées aux animaux, les conceptions offrent un compromis attrayant entre le réalisme et la caricature exacerbée. Les détails volumétriques de la fourrure de Pierre sont étonnants et constituent probablement le meilleur argument pour regarder ce film sur grand écran. Il s’agit d’un film inoffensif pour les parents désireux de réintroduire leurs enfants au cinéma. Bien qu’il s’agisse essentiellement d’une suite ordinaire, Pierre Lapin 2 est juste assez surréaliste et méta-narratif pour s’élever au niveau de son sympathique prédécesseur. 

Pierre Lapin 2 au cinéma le 30 juin 2021.

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *