Depuis sa première au 77e Festival international du film de Venise en septembre dernier, Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó a été au centre de toutes les attentions médiatiques. Après avoir été témoin de son ouverture poignante et étendue, il devient évident pourquoi une telle agitation l’entoure. Cette œuvre est une expérience à la fois déchirante et captivante, une immersion dans une beauté complexe où les émotions se mêlent et se déchirent. Cependant, une fois l’éblouissement initial dissipé, le reste des 80 minutes qui suivent s’avère être une déception amère. Malgré des idées importantes, l’histoire peine à se rassembler de manière cohérente.
Au cœur de ce récit, une jeune femme voit sa vie bouleversée par le deuil, l’entraînant dans un voyage intérieur où les émotions sont intenses. Confrontée à cette perte déchirante, elle doit naviguer à travers les répercussions sur ses relations avec son mari et sa mère. Vanessa Kirby, couronnée du prix de la meilleure actrice à Venise, offre une performance bouleversante dans le rôle de Martha Weiss, une femme brisée par la perte de son enfant. Autrefois chaleureuse, pleine de vie et d’amour, elle est désormais froide, distante, éloignée de son mari, Sean (interprété par Shia Labeouf). Tandis que ceux qui lui sont proches tentent de lui offrir leur soutien, sa mère dominatrice (jouée par Ellen Burstyn) manie l’intimidation avec une dextérité olympienne. Tout cela se déroule alors que Martha est plongée dans un procès très médiatisé contre la sage-femme (incarnée par la talentueuse Molly Parker), accusée de négligence.
Le scénario, adapté par Kata Wéber à partir de sa propre pièce de théâtre et en collaboration avec Mundruczó, offre un terrain fertile pour son casting étoilé. Cependant, malgré une séquence d’ouverture magistrale qui restera dans les annales, le reste du film peine à maintenir son élan, se perdant dans une série de scènes mélodramatiques qui semblent plus des tentatives de prestige pour les acteurs que des moments authentiques de cinéma. Les interactions entre les personnages sonnent souvent faux, laissant transparaître un sentiment de théâtralité artificielle. Même la scène finale, censée être chargée d’émotion, sombre parfois dans les clichés du « film de tribunal », rendant difficile pour le public de prendre l’histoire au sérieux.
Parmi toutes les performances, celle de Parker se distingue par sa complexité, même si elle est malheureusement sous-utilisée pendant une grande partie du film. Chacun des acteurs excelle dans son rôle, et Shia Labeouf en particulier offre une performance remarquable en tant que père en proie à la douleur, à la toxicomanie et à un mariage qui s’effrite jour après jour. Pourtant, malgré ces performances superbes, Pieces of a Woman peine à équilibrer ses éléments pour raconter une histoire pleinement satisfaisante. Trop d’efforts sont concentrés sur des échanges grandiloquents entre les personnages, au détriment d’un dialogue naturel et d’un contexte plus approfondi. Si vous choisissez de vous plonger dans cette œuvre, restez pour son ouverture époustouflante, mais peut-être est-il sage de s’arrêter là, gardant en mémoire ce moment comme un brillant court métrage plutôt que comme un long métrage abouti.
Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó, 2h06, avec Vanessa Kirby, Shia LaBeouf, Ellen Burstyn – Disponible sur Netflix