[CRITIQUE] Nuclear Now – S’atome à pic

Oliver Stone, ce provocateur, émerge de ses œuvres passées pour défendre une cause improbable dans Nuclear Now. Dans un monde aux prises avec le spectre imminent du changement climatique, Stone tente désespérément de redorer le blason de l’énergie nucléaire, un adversaire redoutable dans la cour de l’opinion publique.

L’ALLURE DU CONTRARIANISME

On ne peut nier l’attrait du contrarianisme, surtout lorsqu’il émane d’un cinéaste qui a autrefois suscité la controverse avec l’habileté d’un artiste. Stone, éternellement maverick, cherche à remettre en question la sagesse dominante qui regarde l’énergie nucléaire avec scepticisme et appréhension. Sa thèse, selon laquelle l’énergie nucléaire peut servir de salut pour notre planète dans une ère de crise climatique, est sans aucun doute audacieuse. Cependant, au fur et à mesure que le film se déroule, il devient de plus en plus évident que cette audace de Stone est davantage le symptôme d’une désespération que d’une conviction véritable.

Le défaut le plus flagrant de Nuclear Now réside dans sa présentation visuelle. Stone, le réalisateur derrière des films visuellement saisissants tels que Tueurs nés, livre une expérience visuelle fade qui ressemble davantage à une présentation PowerPoint basé lors d’une conférence sur le climat qu’à une œuvre cinématographique captivante. La dépendance excessive à des images d’archives, notamment à partir de Shutterstock, est un rappel déconcertant des contraintes budgétaires du film et de son manque d’ambition artistique. Dans un documentaire qui vise à remodeler les perceptions, l’incapacité à engager le spectateur sur le plan visuel est une erreur critique.

Au fur et à mesure que le film se déroule, il devient clair que la propre narration de Stone est à la fois le plus grand atout du film et son défaut le plus évident. Alors que sa voix grave conférait autrefois de la gravité à ses entreprises, elle se transforme ici en un bourdonnement monotone. La rhétorique répétitive de Stone et son insistance à revisiter son argument maintes et maintes fois donnent l’impression d’un cinéaste qui, ayant épuisé ses idées fraîches, recourt à une répétition incessante pour combler le temps de projection. Ce n’est pas le provocateur animé d’autrefois, mais un cinéaste qui s’accroche aux brindilles.

© Abramorama
PROPAGANDE OU PERSUASION ?

Nuclear Now frôle dangereusement la frontière de la propagande. Bien que Stone soit sans réserve sincère dans son soutien à l’énergie nucléaire, sa représentation lourde des compagnies pétrolières comme des méchants diaboliques et des activistes comme des pions involontaires, ressemble davantage à une diatribe polémique qu’à une exploration objective de la question. La propension de Stone à la caricature diminue la crédibilité de son argument, le rendant plus semblable à une croisade qu’à un documentaire réfléchi.

La tentative de Stone de minimiser la gravité des précédentes catastrophes nucléaires, telles que Tchernobyl et Fukushima, est à la fois peu convaincante et insensible. Bien qu’il soit essentiel de contextualiser ces événements dans le spectre plus large des décès liés à l’énergie, l’approche cavalière de Stone envers la souffrance et les conséquences à long terme de ces catastrophes mine sa crédibilité. Ses efforts pour présenter ces catastrophes comme de simples incidents dans le grand schéma des choses semblent non seulement peu sincères, mais aussi inhumains.

Dans sa frénésie à défendre l’énergie nucléaire, Stone néglige une nuance cruciale. L’enthousiasme débridé du film pour l’énergie nucléaire éclipse la nécessité d’un portefeuille énergétique équilibré, incluant les énergies renouvelables aux côtés de l’énergie nucléaire. La réticence de Stone à reconnaître l’importance de la diversité de nos sources d’énergie mine son argument, qui, par ailleurs, est valide, en faveur du rôle de l’énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique.


Dans Nuclear Now, Oliver Stone tente de reprendre son statut de provocateur intrépide, mais livre plutôt un documentaire terne, répétitif et visuellement peu inspirant. Bien que l’argument central du film en faveur de l’énergie nucléaire ne soit pas sans mérite, il est éclipsé par l’exécution maladroite de Stone et son approche lourde. Nuclear Now est une opportunité manquée entre les mains d’un cinéaste dont la pertinence semble s’estomper plus rapidement que l’attrait de son contrarianisme. En fin de compte, la puissance de ce documentaire ne réside pas dans son message, mais dans sa démonstration de la manière dont même un auteur chevronné peut vaciller en cherchant à retrouver sa pertinence dans un paysage cinéma en constante évolution.

Nuclear Now d’Oliver Stone, 1h44, documentaire – Date de sortie inconnue.

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