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[CRITIQUE] Night Swim – pisse In Blumhouse

Un petit bateau électrique se délecte d’une agréable navigation au sein d’une ravissante piscine. Pendant ce temps, une jeune enfant, allongée dans son lit, prête à succomber au sommeil, perçoit le regrettable silence de l’embarcation miniature. Surprise, troublée, elle se décide à vérifier la source du dysfonctionnement et à le réanimer. Il est légitime de s’interroger en premier lieu : quel intérêt cela revêt-il ? Peut-être a-t-il simplement épuisé ses piles ? Et puis, franchement, est-ce réellement crucial ? C’est ainsi que nous découvrons la jeune fille, debout au bord de la piscine. Le petit bateau git au fond des eaux. Il semble impératif de le remonter à la surface ! La jeune fille, insouciante et maladroite, munie d’une longue épuisette, se place au bord de la piscine pour l’extraire, bien que cela s’avère inutile étant donné que l’épuisette atteint aisément l’autre extrémité du bassin. Son pied gauche avance centimètre par centimètre. On dirait que Parkinson se manifeste plus tôt que prévu. L’esprit qui hante la piscine la pousse inexorablement à plonger, et sous l’eau, la jeune fille perçoit l’appel flou de sa mère, qui semble la convier à la surface. Magiquement, à son émergence, la mère s’est volatilisée. Or, désormais privée de toute assistance extérieure, elle se trouve incapable d’agir. La piscine l’aspire, la submerge, et elle disparaît, tandis que le petit bateau réapparaît en surface, accompagné d’une mélodie envoûtante de violons grinçants. C’est ainsi que se présente Night Swim de Bryce McGuire, et la seule chose à retenir de façon pertinente, c’est que Petit Bateau se dissimule derrière des marinières pour semer la mort parmi les enfants.

Copyright 2023 Universal Studios. All Rights Reserved.

Quant au reste de l’intrigue, nous suivons Ray Waller, un ancien joueur de baseball contraint de mettre prématurément fin à sa carrière sportive en raison d’une maladie neurodégénérative. Il déménage dans une nouvelle maison en compagnie de sa femme Eve et de leurs deux enfants, Izzy et Elliot. Au cœur de leur jardin se trouve une énigmatique piscine. Lorsque Ray décide de la remettre en service pour en profiter, il libère involontairement une force malveillante qui hante désormais les lieux. Le schéma narratif se révèle simpliste. Le père passe du temps avec son fils, un membre de la famille se baigne, des événements étranges surviennent, la mère connaît des Visions à la Diane Kruger, et ainsi de suite. De plus, chaque fois qu’une personne se baigne, la suite d’événements paranormaux reste invariable, comme dans l’introduction (et surtout le court-métrage). Certes, il est ardu d’adapter un court-métrage de quatre minutes en un long-métrage d’1h40, d’autant plus lorsque le format court explore déjà pleinement le concept absurde de la piscine hantée. Que peut-on ajouter de plus à cette histoire ? Un objet coule, il faut le récupérer, une silhouette émerge à la surface, puis disparaît, les lumières vacillent – comme si Jacquouille la Fripouille prenait le contrôle, et l’on est aspiré. Pas grand-chose de plus.

Il est impératif que le public se questionne sérieusement afin que Blumhouse fasse de même. Ces films d’horreur à concepts étirés et interchangeables incarnent une paresse bien trop commune pour justifier la dépense de temps et d’argent. Même la société de production semble réticente à investir le moindre sou supplémentaire dans leurs productions. On pourrait douter qu’une personne dirige véritablement la musique, tant les violons semblent éculés. C’est insupportable, les mêmes notes de violons en boucle dans tous les films, plus ou moins similaires à Night Swim.

Copyright 2023 Universal Studios. All Rights Reserved.

Ce qui fascine dans ce genre de films à concept qui s’étirent pour tenter de prendre forme (je dis bien « tenter », car on finit par les oublier quelques heures après les avoir découverts), c’est l’ineptie des personnages. Ce n’est même pas le niveau du cliché « ne va pas par là », que l’on peut parfois justifier par une certaine curiosité inhérente à ces situations. Non, ici, pendant la longue première partie, tous les membres de la famille traversent des expériences étranges et traumatisantes dans la piscine. Ils n’en parlent guère entre eux, et paraissent à peine inquiets face à ces phénomènes, car, malgré tout, pourquoi pas organiser une Pool Party avec les voisins ? Quels sont les risques, après tout ? C’est à ce moment que Night Swim prend un virage inattendu et adopte d’autres clichés horrifiques pour prolonger son intrigue de trente minutes supplémentaires. Le père se fait posséder par la piscine. Une fumée – enfin, une bouillie numérique – pénètre sa bouche, ses yeux deviennent noirs, et il exprime une volonté meurtrière envers tous. S’ensuit la fastidieuse phase d’enquête où la mère se met à fouiller sur Google « piscine qui tue des gens », tombe sur un article concernant la disparition de la jeune fille de l’introduction, et ainsi de suite…

Le comble, c’est que l’eau devient sombre, les personnes possédées versent des larmes noires et parlent d’une voix grave et éraillée lors du climax. Ce qui est encore plus absurde, c’est que cela aurait pu être exploité pour transmettre un message écologique, où l’eau se rebellerait contre les humains qui gaspillent de l’eau potable en construisant des piscines, en prenant de longues douches, en arrosant leurs plantes ou en tirant la chasse d’eau à foison. Cependant, ce n’est qu’un prétexte pour ajouter davantage d’horreur, pour satisfaire trois adolescents au fond de la salle, venus chercher des sensations qu’ils connaissent déjà, tout comme les fervents de Disneyland Paris qui reviennent chaque semaine pour revivre les mêmes expériences.

La créature monstrueuse, incontournable dans ce type de récit, s’apparente davantage à une version grotesque de L’Étrange Créature du lac noir fusionnée avec un Grotadmorv. Le détail le plus comique, et également le plus saisissant pour justifier le manque d’inspiration de cette proposition horrifique récurrente, réside dans le fait que cette créature ne fait qu’une brève apparition d’une seconde. Après ce plan, qui se voulait être jumpscare, elle disparaît totalement, nulle mention dans la mythologie, elle sombre dans l’oubli. Une fois de plus, il s’agit simplement d’un artifice.

En fin de compte, arrêtons-nous. Le concept vous intéresse-t-il ? Pensez-vous qu’il peut vous donner des frissons ? Regardez directement le court-métrage disponible sur YouTube. Évitez de perdre votre temps devant ce type de films à concept qui n’ont pour unique dessein que de prolonger ce qui nous est promis, pour finalement sombrer dans l’insignifiance. Plutôt que de visionner Dans le Noir, privilégiez le court-métrage Light’s Out, toujours pas David F. Sandberg. Adoptez cette approche pour la plupart des films d’horreur populaires qui inondent nos salles chaque année. Vous êtes séduit par le concept ? Vérifiez s’il est tiré d’un court-métrage, et si c’est le cas, abstenez-vous de visionner la version étirée et optez pour un film qui tient ses promesses, comme Vermines, qui offre ce qu’il promet, et bien plus encore.

Night Swim de Bryce McGuire, 1h38, avec Wyatt Russell, Kerry Condon, Amélie Hoeferle – Au cinéma le 3 janvier 2024

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