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[CRITIQUE] Mystère à Venise – Petits meurtres entre voisins

Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale et à la veille de la toussaint, Kenneth Branagh nous plonge dans cette Venise sinistre où il incarne lui-même le personnage phare : Hercule Poirot. Notre cher enquêteur maintenant à la retraire interrompt cette dernière lorsque vient lui rendre visite son amie Ariadne Oliver (interprétée par Tina Fey). Auteure de romans policiers à succès, celle-ci le convainc d’assister à une séance de spiritisme dans l’unique but de démontrer la falsification de cette fameuse séance. Poirot finit par accepter malgré sa réticence. Seulement, au cœur de ce manoir où le suicide d’une jeune fille hante encore les lieux, un nouveau meurtre s’abat ce même soir. Poirot ne peut renoncer à sa nature de détective qui prend le dessus et s’immerge finalement dans cet intriguant meurtre où semblent se mêler de multiples présences fantomatiques.

© 20th Century Studios

Tiré du roman « La Fête du potiron » de la reine du crime qui n’est autre que Agatha Christie, Mystère à Venise est donc la troisième adaptation des aventures d’Hercule Poirot par Branagh après Le Crime de l’Orient-Express (2017) et Mort sur le Nil (2018). Sur les terres italiennes, entre deux gondoles, le détective belge se retrouve embarqué dans une séance de spiritisme où la grande Michelle Yeoh qui n’incarne qu’une pauvre arnaqueuse, surfe sur le deuil encore douloureux d’une mère. La séance belle et bien truquée prend pourtant une tournure particulière lorsqu’un des individus présents est retrouvé mort. L’intrigue valse sans cesse entre rationalité et spiritisme. Poirot arpente donc les quatre coins de la demeure bataillant entre ses pensées rationnelles qui le persuadent de trouver une explication logique sur ce meurtre et les scènes suscitant la présence d’esprits dont il est victime.

Le long métrage se retrouve alors dans cette perspective presque horrifique. Nous basculons dans un huis-clos où les spectres sont au cœur des pensées de chaque personnage, persuadés que les meurtres résultent d’un lieu encore hanté par la multitude d’enfants morts. Les effroyables rumeurs prennent le dessus, mêlées aux croyances religieuses de certains et à la culpabilité pour d’autres, s’enchaînent ainsi possession, disparitions et apparitions mystérieuses. Compliqué de démêler le vrai du faux lorsque le paranormal s’immisce dans l’enquête.

© 20th Century Studios

Au-delà des croyances de nos personnages, la mise en scène cherche à plonger pleinement le spectateur dans l’aspect horrifique du film. C’est en insistant particulièrement sur le bruit autant extérieur tels que le grondement d’une tempête qu’intérieur avec les bruits soudains et sourds d’un objet mais aussi les cris d’effroi, que l’on se retrouve plongé dans ce qui s’apparente à un film d’épouvante. Le spectateur n’a pour seul point de vue celui de l’enquêteur. Tout comme lui, nous subissons ces étranges phénomènes tout en sachant qu’il s’agit pourtant d’une enquête d’Hercule Poirot, et qu’il y a donc une explication des plus logiques à tout cela. Branagh tente ainsi de brouiller nos pistes et ne cesse de vouloir ramener au cœur de l’enquête la peur et la présence fantomatique qui hanterait les lieux. Le spectateur comme Poirot, se retrouve tiraillé entre la croyance aux esprits et une explication rationnelle qui suggère la maladie mentale.

En dépit d’une volonté d’effroi et de twist stupéfiant, Mystère à Venise reste finalement assez médiocre. Pourtant agréable esthétiquement, les personnages n’ont que peu de profondeur. Aucune réelle attache ni compassion nous permet d’être saisi par le dénouement final ni même les intrigues qui s’enchaînent dans cette Venise froide et obscure.

Mystère à Venise de Kenneth Branagh, 1h44, avec Kenneth Branagh, Tina Fey, Camille Cottin – Au cinéma le 13 septembre 2023

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