[RECAP’] Monster, Le Règne Animal & Jeanne Du Barry (Cannes 2023 – Jour 1)

Le marathon Cannois débute pour la rédaction, avec les projections de Jeanne Du Barry (Hors Compétition) réalisé par Maïwenn, Monster (en Compétition) réalisé par Hirokazu Kore-eda, et Le Règne Animal (Un Certain Regard) de Thomas Cailley.

Jeanne Du Barry, Maïwenn

Après avoir remporté des prix pour Polisse et Mon roi, ainsi qu’une sélection au label Cannes 2020 pour ADN, Maïwenn revient sur la Croisette cette fois en hors compétition pour ouvrir le festival avec Jeanne Du Barry. Ce drame romantico-historique est principalement porté par les très bonnes prestations de Benjamin Lavernhe et Johnny Depp, ainsi que par les compositions de cadres élégantes de la réalisatrice, la sublime photographie (bel usage de la pellicule), et de jolies envolées musicales, conférant au film un certain charme esthétique. Cependant, il aurait mérité un traitement plus sulfureux et acerbe de cette relation contraire aux bonnes mœurs de la cour. De plus, la façon dont Maïwenn se met en valeur à l’écran est assez agaçante, avec son air autosatisfait de se filmer ainsi. Il aurait mieux valu laisser le rôle à une actrice moins connue, voire inconnue, afin de renforcer la crédibilité du personnage. Le film a ses qualités, mais il ne transcende jamais son sujet.

Jeanne du Barry de Maïwenn, 1h56, avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe – Au cinéma le 16 mai 2023

Monster, Hirokazu Kore-eda

En 2022, Hirokazu Kore-eda avait présenté Les Bonnes Étoiles, lauréat du Prix d’interprétation pour Song Kang-ho, mais il avait surtout remporté la Palme d’or en 2018 avec Une Affaire de Famille. Monster, présenté également en compétition, pourrait à son tour être un candidat crédible au palmarès 2023. Dans ce film puzzle, le cinéaste navigue entre les temporalités et les points de vue des protagonistes pour nous livrer son film « Rashômon ». Dans sa première heure, si son étrangeté et son ambiguïté captivent, il est difficile de comprendre où le film veut nous emmener. Mais à mesure que certains événements se déchiffrent en changeant de point de vue, le récit gagne une richesse thématique assez remarquable en abordant finement des sujets comme les troubles comportementaux des enfants et la difficulté des adultes de les appréhender, le harcèlement scolaire, et d’autres encore qu’il convient de ne pas divulguer… Très beau film centré sur des enfants qui parvient à surprendre et à émouvoir dans sa dernière partie.

Monster de Hirokazu Kore-eda, 2h06, avec Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa – Prochainement

Le Règne Animal, Thomas Cailley

En 2014, Thomas Cailley avait fait une entrée remarquée sur la Croisette avec “Les Combattants”, sélectionné et récompensé à la Quinzaine des Cinéastes. C’est donc 9 ans plus tard qu’il dévoile son second long-métrage, “Le Règne Animal”, cette fois en sélection Un Certain Regard. Un pur film fantastique qui n’hésite pas à exploiter le genre frontalement, avec des effets spéciaux pratiques et numériques très réussis. C’est un film où l’on rigole beaucoup, notamment grâce à des dialogues savoureux, mais qui parvient également à traiter ses thèmes avec sérieux et délicatesse. Au casting, Romain Duris n’a pas été aussi bon depuis des années, Adèle Exarchopoulos est toujours excellente, mais c’est le jeune Paul Kircher, qui s’était illustré récemment dans “Le Lycéen”, qui livre la prestation la plus impressionnante. Un film étonnant, très maîtrisé dans son écriture ainsi que dans son esthétique visuelle, avec une très jolie photographie et de belles idées de mise en scène. Voilà un film de genre très solide qui prend son univers à bras le corps et qui devrait sans aucun doute figurer parmi les meilleurs films français de l’année.

Le Règne animal de Thomas Cailley, 2h10, avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos – Au cinéma le 4 octobre 2023

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