Adapté d’un fait divers, Les Nuits de Mashhad raconte l’histoire d’une journaliste qui va enquêter sur une série de meurtres de prostituées dans la ville de Mashhad en Iran. Une affaire qui rappelle celle de Jack l’éventreur, à l’exception que le meurtrier est connu et que le traitement médiatique des meurtres sera tout autre. Après une introduction surprenante et glaçante, le film s’ouvre sur deux nouveau points de vue : celui de la journaliste, et celui du tueur. 

On suivra à la fois l’avancée de l’enquête, mais aussi tout le processus de choix des victimes puis des meurtres, auprès du tueur, surnommé « l’araignée sainte », puisque sa façon d’étrangler les femmes avec leur foulard rappelle l’insecte à 8 pattes. On plonge alors directement dans la psyché et le quotidien du tueur en série, comprenant alors que ses actes sont le fruit d’une misogynie systémique, puisqu’il se considère comme un saint, tentant de purger les rues de la ville, en éliminant ces femmes impures. À mesure que le film avance, on se rend compte qu’une bonne partie de l’opinion publique ne souhaite pas son arrestation, et le considère comme un héros.

Le film prend alors une dimension politique passionnante, notamment dans sa dernière partie où l’on change quasiment de sous-genre. Le cinéaste ausculte alors le rapport aux femmes et à leur corps dans la société Iranienne, à la fois au sein de la population mais aussi des instances politiques et judiciaires. L’actrice Zar Amir Ebrahimi a reçu un prix d’interprétation à Cannes pour sa prestation remarquable, mais le film aurait pu briguer d’autres prix, comme le scénario ou la mise en scène. À ce propos, Ali Abbasi réussit à nous immerger dans une atmosphère étouffante et vertigineuse, sublimée par la partition de Martin Dirkov.

Autant dire que c’est un excellent thriller, qui fait déjà partie des meilleurs films de l’année, et dont la séquence finale risque de grandement marquer le spectateur.

Les Nuits de Mashhad au cinéma le 13 juillet 2022