[CRITIQUE] Le Pire voisin au monde – Vieux, râleur et suicidaire

Tom Hanks fait équipe avec le réalisateur Marc Forster pour Le Pire voisin au monde, la deuxième adaptation cinématographique du roman de Fredrik Backman Vieux, râleur et suicidaire, paru en 2014. J’ai apprécié son premier traitement sur grand écran par Hannes Holm. Une comédie noire pleine d’esprit, mais avec un centre chaleureux et tendre. Ce film suédois de 2015 a reçu une nomination pour le meilleur film en langue étrangère lors de la 89e cérémonie des Oscars. Forster suit donc une voie bien tracée.

Hanks joue le personnage principal, Otto Anderson, un vieux grincheux que nous rencontrons pour la première fois en train d’engueuler deux jeunes employés travaillant dans un magasin de bricolage. C’est l’introduction parfaite pour cet Otto sexagénaire grincheux et perpétuellement désagréable. Il vit dans une modeste résidence fermée où il dirige les choses d’une main de fer, bien qu’il n’ait aucune autorité réelle. Il est constamment agacé par les “idiots” de son quartier, qui prennent ses plaintes à la légère. Il se heurte également aux représentants d’une riche société de développement foncier qui s’efforcent de l’évincer, lui et les autres résidents. Pour ne rien arranger à sa vision de la vie, Otto a récemment été contraint de prendre sa retraite d’un emploi qu’il occupe depuis 40 ans. Mais ce qui l’a le plus affecté, c’est la mort récente de sa femme bien-aimée, Sonya. Incapable de faire face à cette perte, Otto décide de mettre fin à ses jours. Pourtant, malgré sa détermination, il découvre que se suicider n’est pas une tâche facile, en grande partie à cause de ses nouveaux voisins, Marisol (une très bonne Mariana Treviño), son mari gentil mais inepte (Manuel Garcia-Rulfo), et leurs deux adorables petites filles, qui interrompent sans le savoir chacune de ses tentatives.

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Comme vous pouvez le constater, il y a définitivement un élément de comédie noire que je m’attendais honnêtement à voir aseptisé dans cette version américaine de l’histoire. Mais Forster et le scénariste David Magee (L’Odyssée de Pi) restent fidèles et le film s’en trouve amélioré. Il est à la fois triste et solennel de voir Otto acheter de la corde, appeler pour annuler ses services publics, poser du papier journal sur son plancher et revêtir son meilleur costume une dernière fois. Néanmoins Forster ne laisse jamais les choses devenir trop sombres. La jeune et dynamique nouvelle famille voisine injecte régulièrement une dose opportune de cœur et d’humour. Au crédit de Forster, il fait un bon travail d’équilibre entre les deux éléments. Il y a plusieurs autres personnages secondaires qui se faufilent dans le film. Certains ajoutent de la chaleur, d’autres sont là simplement pour servir la rédemption d’Otto, et certains ont plutôt la nette sensation d’être des efforts louables pour actualiser l’histoire. Les intrigues fonctionnent à peu près de la même manière, certaines ajoutant de bons moments de rire et de bien-être, tandis que d’autres semblent avoir été ajoutées pour un effet ou un autre. C’est là que le film peut être considéré comme un peu inégal.

Cependant, tout tourne autour de Hanks et de sa très bonne performance. L’acteur, toujours sympathique, réussit parfaitement à se faire passer pour un râleur irritable, même si l’on sait que le film raconte comment il va s’adoucir avec le temps. Il a également une bonne chimie avec Treviño, qui a une douceur inhérente qui finit par faire fondre le cœur de pierre d’Otto. Hanks réussit également à faire accepter sa transformation, sans jamais devenir trop pathétique ou exagéré. Le scénario lui met parfois des bâtons dans les roues (par exemple, sa relation soudaine avec l’un des anciens élèves de sa femme), mais Hanks maintient les choses à flot, suscitant quelques rires et notre empathie en cours de route. Le Pire voisin au monde n’a pas tout à fait le tranchant ou le dynamisme du film de Holm de 2015, mais il en a plus qu’assez pour séduire une partie du public. Il s’agit d’un film à succès assez efficace. Et avec le toujours agréable (et rentable) Tom Hanks dans le rôle principal, on pourrait penser qu’il devrait attirer l’attention. Mais il sort dans ce qu’il est convenu d’appeler le mois incertain de février, alors comment il va s’en sortir, c’est une question ouverte.

Le Pire voisin au monde de Marc Forster, 2h07, avec Tom Hanks, Mariana Treviño, Rachel Keller – Au cinéma le 1 février 2023.

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