[CRITIQUE] Le Calendrier – Vive le vent d’hiver

Les calendriers de l’Avent existent depuis longtemps, au moins depuis le milieu du XIXe siècle, lorsque les Allemands marquaient les portes à la craie et allumaient des bougies pour marquer le début de la période de l’Avent de quatre semaines. C’est une tradition, pure et simple. Certains étaient en papier, d’autres étaient des créations élaborées avec des portes contenant des chocolats, des versets bibliques ou d’autres petits cadeaux pour chaque jour du calendrier. Essentiellement, un candidat de choix pour l’horreur. Quelque chose qui ne demande qu’à recevoir une injection de mal absolu. Le Calendrier de Patrick Ridremont, a vu le potentiel de cette idée et a créé un film d’horreur diaboliquement intelligent sur les dangers d’obtenir ce que l’on souhaite, même si l’on mérite que ces souhaits se réalisent. Une formule éprouvée, certes, mais qui est bien exécutée, avec plus que sa part d’images terrifiantes pour l’accompagner.

Le Calendrier suit Eva (jouée par Eugénie Derouand), une ancienne danseuse qui vit en fauteuil roulant après avoir été paralysée à partir de la taille suite à un tragique accident. Sa meilleure amie Sophie (Honorine Magnier) la soutient et, à son retour d’un voyage en Allemagne, lui offre un grand et complexe calendrier de l’Avent en bois. Il est composé de minuscules portes, d’un grand cadre et d’un personnage vocal qui sort par le haut du calendrier pour annoncer qu’une autre porte a été déverrouillée. Au début, les portes n’offrent que des chocolats. Mais après avoir ouvert quelques-unes d’entre elles, le calendrier montre qu’il a son propre agenda et commence à exaucer des vœux. Les désirs d’Eva commencent à devenir réalité, mais les enjeux sont de plus en plus élevés et sanglants. Il s’agit d’une sorte d’interprétation du conte classique La Patte de singe de W.W. Jacobs, dans lequel les souhaits d’une personne ne se réalisent qu’au prix de l’obtention de l’exact opposé par quelque chose ou quelqu’un d’autre. C’est là que la douleur et la souffrance entrent en jeu. Ridremont, qui a scénarisé et réalisé le film, confère à l’histoire une sensibilité de conte de fées sombre, qui doit davantage à des cinéastes comme Guillermo del Toro qu’à d’autres conteurs d’horreur plus traditionnels. Le calendrier ressemble à un objet arraché à un vieux et obscur livre d’images pour enfants, le genre que l’on lit dès le plus jeune âge et qui fait son apparition dans des cauchemars dévastateurs. La voix qui accompagne la petite figure qui surgit pour annoncer le prochain jour de l’Avent est carrément troublante, mais aussi très efficace pour renforcer le mal qui habite l’objet.

L’esprit de Noël et la mort du tonton beauf.

C’est la performance d’Eugénie Derouand dans le rôle d’Eva qui donne au film toute sa force. Sa volonté de suivre le calendrier et d’en explorer les nombreux mystères et contours est magnifiquement mise en valeur par l’actrice, d’une manière empathique qui n’exploite pas nécessairement sa condition. Au contraire, elle rend son état de vie actuel racontable, de sorte que les spectateurs peuvent s’insérer dans la situation et se demander si leurs désirs justifient vraiment le sort prématuré du bonheur d’une autre personne. Cela ne veut pas dire que l’expérience du personnage avec le fauteuil roulant est purement fortuite. Au contraire, on accorde une attention particulière à son identité en tant que personne dépendante d’un fauteuil roulant. Mais ce n’est pas insurmontable. C’était rafraîchissant de ne pas voir un autre personnage être consumé exclusivement par ses frustrations physiques. Derouand aborde Eva comme un personnage qui se bat avec le sort qui lui est réservé tout en étant fort et adaptable. C’est une approche noble qui fonctionne. Si le concept même du film en fait clairement un film d’horreur de saison, j’ai été surpris par la sobriété de l’imagerie de Noël. Il n’y a pas que des branches de gui et des sapins illuminés à profusion. Ils sont là, mais l’accent est également mis sur les couleurs sombres et les éclairages tamisés pour rendre compte de l’étrangeté de la présence du calendrier. Ridremont sait comment créer l’ambiance et le ton pour le type d’histoire d’horreur qu’il souhaite et son équipe créative semble avoir bien saisi la vision qui guide le film.

Le Calendrier est arrivé juste à temps pour la saison dont il tire une grande partie de son horreur. Certaines des idées de base sont facilement reconnaissables, mais la magie réside dans leur exécution. De la magie noire, en fait. Donc, si vous souhaitez un bon film d’horreur de Noël et que Le Calendrier vous fait de l’œil, alors cela pourrait être une confirmation que votre cinéma n’est pas en train de vous jeter un sort. Souhaitez tout ce que vous voulez avec celui-ci.

Note : 3 sur 5.

Le Calendrier au cinéma le 01 décembre 2021.

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