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[CRITIQUE] Kill – Permis de tuer

Présenté lors de l’ouverture de l’Étrange Festival, Kill se distingue d’emblée par sa durée, nettement inférieure à la barre des deux heures. L’histoire commence avec un mariage arrangé entre Tulika et un prétendant choisi par sa famille. Cependant, son véritable amour, Amrit, un membre des forces spéciales, décide d’intervenir en montant à bord d’un train en direction de New Delhi. Mais ce train est attaqué par un gang de voleurs qui prend les passagers en otage.

La majorité des œuvres d’action indiennes s’étendent généralement sur 2h30, mais avec ses 105 minutes, Kill se distingue par son efficacité et son orientation résolue vers l’action. Cette durée plus courte entraîne un choix stylistique notable : l’absence de l’heure habituellement consacrée à la présentation approfondie des personnages, une caractéristique clé des productions typiques du pays. Dès le début, le spectateur est plongé directement dans l’intrigue, les personnages et les enjeux étant déjà clairement définis. Contrairement aux conventions habituelles, il ne propose pas de numéros musicaux enivrants. Bien que le début comporte quelques scènes de comédie romantique légèrement clichées, les chorégraphies, dirigées par Se Yeong-oh et Parvez Shaikh, se concentrent principalement sur des scènes de combat brutales, offrant ainsi un contraste marqué avec les standards de Bollywood.

Copyright Lionsgate

On s’éloigne des mouvements aériens habituels pour proposer quelque chose de plus réaliste, proche du style des productions coréennes ou de certaines œuvres indonésiennes comme The Raid. Cependant, la première moitié du long-métrage de Nikhil Nagesh Bhat propose des combats brutaux, aux coups lourds, rendus encore plus percutants par un sound design efficace, mais avec une certaine retenue. En effet, Amrit neutralise les voleurs avec puissance et détermination, sans leur infliger de blessures mortelles. Il va même jusqu’à reprocher à son collègue Viresh d’avoir tué un des assaillants. Mais à mi-parcours, le récit bascule dans une violence extrême, marquée par une mort sanglante et l’apparition du carton-titre. Dès lors, notre capitaine de commando, qui ressemble davantage à un mannequin, se transforme en un véritable Terminator, prêt à éliminer tout le gang sans faire de prisonniers. Cette réaction vengeresse, bien que quelque peu excessive (ce que l’antagoniste ne manque pas de lui faire remarquer), est mise en scène pour notre plus grand plaisir. Le cinéaste et les chorégraphes redoublent d’inventivité dans les exécutions spectaculaires, n’hésitant pas à abuser d’hémoglobine et de crânes fracassés. L’action se déroule entièrement dans un train, et la mise en scène exploite toujours l’espace de manière claire, avec un découpage net. Les angles de caméra varient selon les mouvements des personnages (tu vois, Bullet Train, ce n’était pas si compliqué…), tout en maintenant une bonne lisibilité malgré l’étroitesse du décor.

Si l’on peut saluer l’action spectaculaire du film, plusieurs problèmes se manifestent. Le manque de finesse dans la représentation sociale entre les malfrats et les passagers est notable, tout comme la caractérisation superficielle des personnages féminins. Leur rôle dans l’intrigue est souvent affadi, et leurs scènes sont généralement accompagnées d’une musique envahissante qui accentue artificiellement les émotions. Malgré cela, on se laisse facilement emporter par le film : l’efficacité et la générosité de la réalisation répondent aux attentes du genre, avec quelques surprises agréables. It kills!

Avec la contribution d’Alexeï Paire.

Kill, de Nikhil Nagesh Baht, 1h45, avec Lakshya Lalwani, Raghav Juyal, et Tanya Maniktala – Au cinéma le 11 septembre 2024

7/10
Total Score
  • Vincent Pelisse
    7/10 Bien
  • Alexeï Paire
    6/10 Satisfaisant
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