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[CRITIQUE] Hunger Games : La révolte, partie 2 – Douce amertume

Après avoir sauvé Peeta des griffes du Capitole, Katniss retrouve un jeune homme qui ne la reconnaît plus. En effet, suite aux tortures subies du Capitole, Peeta souffre de déréalisation, sombrant lentement dans une folie douloureuse. Pendant ce temps, la présidente Coin du district 13 organise une attaque contre le Capitole avec l’aide des autres districts, et Katniss souhaite se joindre à cette action. Elle décide de profiter du tournage d’un spot de propagande pour contraindre l’équipe de l’aider à infiltrer le palais du président Snow et l’assassiner. Cependant, elle se retrouve confrontée à un problème majeur : elle est obligée d’emmener Peeta, qui peine à retrouver la réalité et tente de la tuer.

Ce dernier volet s’inscrit clairement dans la continuité du précédent. Francis Lawrence, toujours à la réalisation, a trouvé la recette parfaite pour cette saga, lui permettant de tourmenter davantage ses personnages. La majeure partie du film se déroule dans les rues du Capitole, où nous suivons Katniss qui tente de survivre à de nombreux pièges, malheureusement au détriment de plusieurs personnages secondaires. Même si nous restons manifestement dans le cadre d’un film pour adolescents, Lawrence n’hésite pas à utiliser des éléments empruntés au cinéma de guerre et d’horreur. Deux séquences en sont la preuve. La première se déroule dans les rues du Capitole, où Katniss et son groupe sont menacés par une coulée de goudron liquide. Le réalisateur, en utilisant une caméra à ras du sol et à hauteur des personnages, maintient une immersion totale, nous faisant ressentir à la fois leur peur ainsi qu’une tension palpable en tant que spectateurs. Cela contribue à une narration particulièrement efficace et maintient le public sous une tension constante face à des pièges souvent insoutenables. Bien que les décès soient visuellement spectaculaires, ces scènes suggèrent davantage que ce qui est montré, stimulant l’imagination du spectateur. Une autre séquence mémorable rappelle l’ambiance d’Aliens de James Cameron. Dans cette scène, Katniss et ses camarades tentent de rejoindre le palais de Snow à travers les égouts, mais ils se heurtent à une horde de monstres que Snow a préparée pour les accueillir. La caméra suit Katniss dans une séquence impressionnante où les morts s’accumulent dans l’obscurité, créant un sentiment d’horreur claustrophobique en raison du manque de munitions et de voies de sortie. Pour le plus grand plaisir du public ?

© Metropolitan FilmExport

Il y a un certain plaisir plutôt malsain à clore cette saga. Après une première partie qui, au milieu de l’horreur, a pris le temps de développer les personnages secondaires, de leur donner de la profondeur et de les faire aimer du public, Suzanne Collins, scénariste et autrice de la saga littéraire, semble prendre un malin plaisir à tout détruire pour nous faire souffrir. La mort et la désolation, voilà ce que nous promet ce dernier volet pour mettre un terme à l’arc narratif de Katniss Everdeen et de sa révolution. C’est une réussite narrative, d’autant plus que le dénouement se révèle surprenant. Loin de l’habituelle fin heureuse des nombreuses adaptations de romans pour jeunes adultes, ce final laisse un goût doux-amer. Il offre une vision de la politique sombre et froide, où le doute règne et où persiste un réel sentiment d’inéluctabilité. C’est un final sarcastique autant que réaliste, nous laissant sur une image finale belle en apparence, mais teintée de contradictions, dissimulant une réalité sombre qui nous pousse, en tant que spectateurs, à nous interroger : s’agit-il d’un événement unique, ou cela se répétera-t-il ?

Bien que ce film ne soit pas le plus court de la saga, il est celui où il se passe le moins d’événements. Le film s’apparente davantage à une longue course vers un objectif frustrant. Par conséquent, il est normal que ce final soit rude et dénué de satisfaction. Cela confère au film une certaine amertume et l’on comprend pourquoi Francis Lawrence, évoquant ce diptyque dans une interview, regrette amèrement cette division en deux parties, un choix du studio plutôt que du réalisateur. Je vous recommande donc de regarder ce dernier volet d’un trait, car cela le rend plus agréable à apprécier et le rattache de manière plus cohérente à l’ensemble de la saga.

© Metropolitan FilmExport

Il est temps de conclure cette rétrospective. Que nous raconte Hunger Games aujourd’hui ?

Hunger Games est avant tout la saga de deux réalisateurs, l’un qui pose les bases et l’autre qui les magnifie avec son style. C’est une saga vécue de l’intérieur, à travers les yeux de son personnage principal, Katniss. Elle incarne une figure à la fois manipulatrice et survie. Bien qu’elle puisse sembler antipathique sur le papier, elle se révèle être, en réalité, profondément humaine. La saga soulève également des questions sur la nature humaine, la révolte, le désir et la place de l’homme dans la société, s’inspirant à la fois de l’histoire (notamment de la Seconde Guerre mondiale), et de la littérature, en puisant dans les œuvres de Shakespeare. Cependant, la saga souffre d’un manque de subtilité dans le traitement de ses thèmes politiques. Cela est en partie compensé par les performances des acteurs et la réalisation de Francis Lawrence, qui privilégie une approche de l’intime à la société. Hunger Games n’est pas simplement une saga adolescente basique, comme Twilight. C’est une histoire fondamentale qui défend un véritable propos et une vision du monde. Elle éclaire de nombreux aspects de notre époque, à une époque où les médias prennent une place prépondérante dans notre société et où la violence subie et infligée devient de plus en plus préoccupante. Hunger Games suscite la réflexion tout en divertissant, ce qui en fait avant tout une œuvre artistique pertinente.

Hunger Games – La Révolte : Partie 2 de Francis Lawrence, 2h17, avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth – Sorti en 2015