La Seconde Guerre mondiale semble être un cadre prisé par les cinéastes d’horreur, et le dernier en date à l’exploiter est Eric Bress, revenant pour écrire et réaliser son deuxième film après seize ans. Vous vous souvenez peut-être de son précédent opus, L’Effet Papillon, avec Ashton Kutcher, qui évoquait une tendre nostalgie. Cependant, Ghosts of War ne semble guère promettre un retour triomphal pour le réalisateur.
Le récit suit un petit groupe de soldats évoluant dans la France occupée par les nazis en 1944. Sous la direction de Chris (Brenton Thwaites), ce groupe constitue un assortiment de masculinité : Eugène (Skylar Astin) incarne l’intellectuel sensible, reconnaissable dès le premier regard grâce à ses lunettes, tandis que Butchie (Alan Ritchson) se distingue par sa stature imposante et sa joie de combattre les nazis. Tappert (Kyle Gallner) excelle en tant que tireur d’élite, bien qu’il soit tourmenté par des traumatismes passés, tandis que Kirk (Theo Rossi) souffre de démangeaisons aux pieds. Leur mission : protéger un somptueux manoir. À leur arrivée, les soldats précédents s’empressent de partir, et ils comprendront bientôt pourquoi, lorsque d’étranges événements surviennent pendant la nuit.
Pour le meilleur ou pour le pire, Ghosts of War recèle un potentiel certain. Le casting, composé d’un mélange prometteur de jeunes talents, avec Gallner particulièrement convaincant dans le rôle du Tappert hanté, et le thème classique de la maison hantée demeure toujours divertissant. Bien que Bress ne révolutionne pas exactement le genre, le long-métrage fonctionne comme un thriller tout à fait convenable. Du moins, jusqu’aux vingt dernières minutes, où Bress tente de surprendre le public, mais finit par basculer dans le ridicule. Malgré la force individuelle des acteurs, la cohésion au sein du groupe de soldats semble manquer. Thwaites apparaît jeune et fragile en comparaison avec les autres hommes, notamment Ritchson, optimiste et impétueux. Pourtant, la dynamique au sein de ce groupe improbable d’hommes, contraints de servir ensemble en temps de guerre, manque de crédibilité. Cette situation aurait pu être une occasion formidable d’explorer les différentes approches et personnalités au sein du groupe, mais Bress opte pour des rebondissements faciles et des frissons bon marché.
Malgré une dose considérable de violence, de sang et de frayeur pour satisfaire les amateurs du genre, tout semble légèrement édulcoré. L’intrigue progresse si rapidement qu’il n’y a guère de temps pour savourer ces éléments effrayants. Lorsque Bress dévoile enfin ses cartes, le résultat est plus déconcertant que choquant. Bien que le rebondissement inévitable ait ses mérites, il est dommage de voir le film sombrer dans quelque chose d’aussi vulgaire et d’irréaliste. Il est évident qu’une tentative est faite ici pour aborder de manière significative les cicatrices et la lourde culpabilité que la guerre peut laisser chez les soldats, mais malheureusement, cela se perd dans la mise en scène embrouillée du réalisateur.
Malgré ses défauts, Ghosts of War parvient à divertir, et je suis susceptible de le revisiter pour son récit jetable et le pur plaisir des performances de Gallner et Astin. Gallner, qui s’est illustré dans d’autres films d’horreur autrement médiocres, offre une performance étrangement merveilleuse, équilibrée par la sobriété de celle d’Astin dans le rôle d’Eugène. Le scénario de Bress permet à ces deux acteurs de tisser un lien profond, touchant presque à quelque chose de poignant et d’authentique dans leurs moments les plus calmes, grâce à leur chimie indéniable. Il n’est peut-être pas un grand film, ni même un thriller d’horreur particulièrement réussi, mais il offre néanmoins un divertissement de qualité pour les fans du genre, grâce à son casting et à son design de production impressionnants. Les thèmes explorés ici et dans L’Effet Papillon étant similaires, les fans du premier effort du scénariste-réalisateur pourraient trouver ce film tout aussi intéressant, malgré ses défauts évidents.
Ghosts Of War de Eric Bress, 1h35, avec Brenton Thwaites, Theo Rossi, Kyle Gallner – En VOD le 23 mars 2021