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[CRITIQUE] Flag Day – Le jour de la vanité

Flag Day, œuvre cinématographique de Sean Penn, se présente comme un kaléidoscope d’expressions tourmentées s’entremêlant dans une ambiance mélodramatique, s’éloignant ainsi du piège de la caricature grâce à une assurance affirmée quant à sa propre signification. Le film s’érige en une parabole américaine, capturant toute la symbolique liée au jour du drapeau. De la symphonie d’Eddie Vedder à la voix envoûtante des Badlands, jusqu’aux images granuleuses, évoquant un passé révolu, chaque élément contribue à une surévaluation ostensible.

Au cœur de cette narration, l’histoire de Jennifer Vogel, incarnée par Dylan Penn à l’âge adulte, Jadyn Rylee à l’aube de l’adolescence, et Addison Tymec durant son enfance, se dessine. Sa vie oscille autour de son père, John Vogel, faussaire, braqueur de banque et incendiaire, mais le récit peine à déployer une dynamique envoûtante. Fuyant le foyer maternel en proie à l’alcoolisme de sa mère, incarnée par Katheryn Winnick, Jennifer se découvre liée à un père dont la fiabilité vacille. Flag Day s’emploie à dépeindre un John narcissique, offrant quelques lueurs de rédemption, notamment à travers une passion pour la musique classique, spécifiquement pour Frédéric Chopin. Dans une scène emblématique du film, la compagne de John, jouée par Bailey Noble, est introduite à Jennifer et son jeune frère, Bob Seger, déclenchant ainsi un débat autour de leurs préférences musicales. Tout au long du récit, John mentionne à maintes reprises le nom du compositeur avec une insistance qui trahit son désir de revendiquer son éclectisme musical.

Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.

Cette répétition incessante ne reflète pas tant un réel intérêt de John pour Chopin, mais plutôt une caractérisation fainéante du scénario. C’est particulièrement perceptible dans la voix off de Jennifer, chargée d’une prose ampoulée, à l’instar d’un dialogue insipide. Luttant seule après son échec à cohabiter avec son père, elle s’interroge : « Désormais, mon incessante préoccupation était de sculpter mon propre destin et d’y insuffler une certaine importance ». Entre une écriture pompeuse et des actions superficielles et répétitives, Flag Day peine à offrir une cohérence thématique et une profondeur aux personnages. Dans leur tentative de tisser un lien père-fille symbiotique après que Jennifer ait de nouveau fui vers sa mère, le couple semble tourner en rond, répétant inlassablement les mêmes critiques morales à l’égard de John. En dehors des querelles familiales, le film se contente de juxtaposer des clichés sur la vie dans le Midwest.

Dans les nombreuses scènes partagées entre John et sa fille, Dylan Penn semble nettement en retrait. Si son père, honoré d’un Oscar, parvient à insuffler une vie authentique à un personnage esquissé de manière grossière, Dylan Penn peine à donner vie à un scénario déjà morne. Cette disparité reflète peut-être le cœur même du projet. Flag Day se teinte des réflexions d’une jeune femme en quête de son identité, mais demeure incontestablement centré sur son père, une figure charismatique mais trouble, incarnée avec brio par Sean Penn. Rarement l’adjectif « vaniteux » n’aura autant collé à une œuvre, oscillant entre le kitsch et la prétention. Cependant, ces imperfections confèrent une certaine attachante au long-métrage, révélant une sincérité émouvante, telle est sa beauté la plus profonde.

Flag Day de Sean Penn, 1h48, avec Dylan Penn, Sean Penn, Josh Brolin – Au cinéma le 29 septembre 2021