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[CRITIQUE] Fast & Furious X – Affaires de famille

Comment aborder le dixième volet de la saga Fast and Furious ? Depuis longtemps, la franchise a abandonné ses intrigues simples à Los Angeles pour se plonger dans des films de pseudo-espionnage aux quatre coins du monde. Il est indéniable qu’il ne reste plus aucune once de logique ou de narration cohérente dans les onze longs-métrages sortis depuis 2001. Il devient donc difficile d’aborder cette saga de manière classique, car elle a depuis longtemps touché les bas-fonds du cinéma. Pourtant, à travers les courses effrénées (parfois même dans l’espace), il se dégage de l’ensemble une forme intéressante de divertissement. C’est précisément cet aspect que nous allons examiner aujourd’hui : comment la saga Fast and Furious parvient-elle à assumer son héritage vrombissant ?

© Universal Studios. All Rights Reserved.

Ce dixième volet de la saga, incluant le spin-off et les courts métrages, se résume une fois de plus assez simplement. Un méchant mécontent, qui est le fils, le frère ou encore (insérez ici un rôle familial caché depuis quatre films) d’un autre antagoniste, cherche à se venger de Dominic Toretto, le chauve le plus chaud des États-Unis. Bien sûr, lui et sa famille feront tout pour se défendre, donnant lieu à une succession de scènes sans queue (de poisson) ni tête. Le scénario n’est pas le point fort des films Fast and Furious, mais il vaut la peine de noter que celui-ci recycle pour la dixième fois les mêmes thématiques. La religion est omniprésente avec des croix, des discours sur la foi et même Toretto qui sauve le Vatican. La notion de famille est également récurrente, ce qui est amusant quand on remarque que tous les personnages sont effectivement liés par le sang. Cependant, après tant de films qui introduisent de nouveaux personnages, ce Fast & Furious X2023 se retrouve à gérer un grand nombre de protagonistes. On retrouve des caméos du batteur de Twenty One Pilots et de Gal Gadot, entre les apparitions de Jason Statham et The Rock. Les scènes de groupe sont délicates à écrire et à tourner, donc la solution est simple : séparer les personnages en quatre équipes pour faciliter les choses.

© Universal Studios. All Rights Reserved.

La séparation des protagonistes joue plutôt contre le film, le rendant rapidement et furieusement ennuyeux. Après un départ sur les chapeaux de roues lors d’une scène impressionnante et ludique à Rome, le film s’enlise sur le bas-côté. Pourtant, cette séquence italienne a tout pour être une réussite : la caméra du réalisateur français Louis Leterrier revisite avec aisance les courses-poursuites contemporaines que l’on a l’habitude de voir dans les tortueuses rues italiennes. Des films tels que Spectre2015 de Sam Mendes ou 6 Underground2019 de Michael Bay se sont également tournés vers ce cadre spatial intéressant pour les courses-poursuites. Leterrier s’approprie ici les idées les plus amusantes de ses collègues (utilisation de caméras embarquées ou de drones) pour rendre la séquence dynamique. Cependant, le problème persiste : une fois de plus, les voitures et les poursuites s’effacent derrière l’égo des personnages.

Le véritable problème de la saga Fast and Furious réside dans le fait d’avoir abandonné ce qui constitue l’essence même de sa franchise, à savoir les voitures, au profit d’intrigues répétitives centrées sur des personnages ennuyeux. Seul l’un d’entre eux, qui bénéficie certainement du plus grand temps d’écran après Vin Diesel, parvient à égayer quelque peu le visionnage de ce dixième volet : l’antagoniste interprété par Jason Momoa. Oui, l’acteur connu pour ses rôles de Khal Drogo et d’Aquaman se retrouve ici dans ce qui sera sans doute son rôle le plus ridicule. Un méchant caricatural, prétendument excentrique, qui cherche constamment à être fantaisiste ou « délirant », mais échoue lamentablement à chaque fois. Que ce soit lorsqu’il tire la langue en dépassant ses adversaires ou lors de ses jeux de mots plus que douteux. Bien sûr, je suis habitué aux excentricités de notre rédacteur en chef, mais cette fois-ci, la goutte qui fait déborder le vase concerne les costumes de ce personnage, je vous laisse d’ailleurs juger par vous-même.

© Universal Studios. All Rights Reserved.

Le cinéma selon Fast and Furious, c’est du divertissement débile, parfois peu esthétique (bonjour les tentatives de rajeunissement à la Scorsese et les effets spéciaux dignes des Russo), qui enfonce l’accélérateur à fond. Bien sûr, la saga n’a plus rien à voir avec ses débuts. Pourtant, elle tente désespérément de s’accrocher à son passé avec la première heure, qui répète inlassablement la même scène de Fast and Furious 52011, et la séquence finale qui exploite également les mêmes mécaniques. Il y a une tentative de revenir à des courses illégales sur la plage, mais elle s’évanouit dès le départ lorsque des gadgets futuristes font leur apparition. Fast and Furious s’est aventuré si loin hors-piste qu’elle ne peut plus revenir sur la route.

Fast & Furious X de Louis Leterrier, 2h21, avec Vin Diesel, Michelle Rodriguez, Jason Momoa – Au cinéma le 17 mai 2023

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