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[CRITIQUE] Et l’amour dans tout ça ? – Love is Love is Love

Et l’amour dans tout ça ? La question est rhétorique, car la réalisatrice de films documentaires Zoe (Lily James) se lance dans un projet d’amour et de mariage heureux. Si cette comédie amusante et pleine d’entrain du réalisateur Shekhar Kapur (Elizabeth) et de la scénariste Jemima Khan n’apporte pas grand-chose de nouveau, elle rappelle chaleureusement au public le pouvoir de l’amour. De toute évidence, l’amour a tout à voir avec ce film. Dans Et l’amour dans tout ça ?, Zoe s’interroge sur tout ce qui est romantique lorsque son ami d’enfance, Kaz (Shazad Latif), annonce qu’il souhaite un mariage arrangé. Kaz, dont la famille est pakistanaise, cherche un bon parti. Il en a fini avec les applications de rencontres et les rêves de contes de fées, il aspire à quelqu’un qui corresponde à sa famille. La raison, en partie, est que sa sœur a épousé un homme blanc, ce qui a fait honte à la famille. Cependant, Zoe, qui a vécu à côté de Kaz pendant la majeure partie de sa vie, est stupéfaite. Et elle est manifestement amoureuse de Kaz.

© Studiocanal GmbH / Robert Viglasky

Zoe suit Kaz alors qu’il suit tous les procédés de mise en relation pour son film, provisoirement intitulé « Love, Contractually ». Il rencontre des professionnels de la rencontre et s’adonne au speed dating pour faire ses courses en une seule fois. Zoe filme chaque rencontre avec un petit budget et une seule femme : elle observe, pose des questions et n’est pas particulièrement objective. Elle est clairement une rêveuse et, bien qu’elle n’aborde pas le documentaire avec une approche claire, elle n’est pas convaincue que l’amour n’est pas un facteur pour un mariage heureux. Les parents des amis, quant à eux, sont occupés à faire leurs propres rencontres. Cath, la mère de Zoe (Emma Thompson, très amusante), craint que sa fille ne soit destinée à devenir célibataire. Elle essaie de présenter Zoe à toutes sortes de garçons. Ils sont parfaitement assortis : des emplois fiables, des personnalités correctes, un physique passable. Malgré les différences culturelles entre les familles, le point de vue de Cath ne diffère pas beaucoup de celui de Kaz. Elle a opté pour l’amour et est aujourd’hui divorcée. Elles estiment toutes deux que l’amour est un sous-produit bienvenu d’un couple solide. La mère de Kaz, Aisha (Shabana Azmi, très forte), ne voit pas non plus le bon choix qui s’offre à elle. Elle soutient le choix de Kaz d’opter pour la tradition. Elle participe avec enthousiasme et cherche avec ferveur un partenaire pour son fils. Zoe, cependant, ne peut s’empêcher de remarquer qu’Aisha ne dit rien de sa fille, dont elle est séparée, et de sa petite-fille, qu’elle n’a jamais rencontrée. Le film pose la question du prix à payer pour la tradition, surtout lorsque les parents disent qu’ils veulent simplement que leurs enfants soient heureux.

Et l’amour dans tout ça ? situe la quête d’amour de Kaz dans une Grande-Bretagne très moderne. Le film est particulièrement rafraîchissant dans son portrait d’une famille britanno-pakistanaise moderne. Kapur et Khan donnent aux deux familles un poids narratif important, explorant des mondes qui coexistent dans un pays diversifié. Khan, quant à elle, montre qu’elle comprend la délicatesse de la situation. La scénariste, qui est blanche, fait ses débuts au cinéma après une carrière dans la production de documentaires. Elle amène Zoe à réfléchir au poids de la responsabilité qui incombe à un documentariste lorsqu’il traite d’une culture qui n’est pas la sienne. Zoe ne répond pas toujours bien à ces questions, alors qu’elle s’efforce de surmonter ses préjugés. Le fait que Cath apprécie les rencontres de Kaz avec un soupçon d’exotisme de tante alcoolique n’aide pas non plus. Mais les conflits surviennent surtout lorsque Zoe ne laisse pas son regard blanc à la porte.

© Studiocanal GmbH / Robert Viglasky

Le film emmène également ses acteurs à Lahore pour le mariage fatidique. Le choc des cultures fait basculer la situation lorsque Zoe doit regarder les mariages arrangés de l’autre côté. Kapur organise également un bon mariage et baigne le film dans des couleurs vives et des numéros de danse. Il y a de l’humour et du chagrin à parts égales, Aisha vantant les mérites d’une mariée en larmes devant la caméra de Zoe. James joue un rôle romantique séduisant, mais le poids dramatique repose en grande partie sur Latif, qui relève le défi. Les acteurs ont également une alchimie magnétique, qui devrait faire craquer le public. Le film a l’étincelle de deux personnes amoureuses et les acteurs élèvent au plus haut niveau les codes de la comédie romantique lorsque Zoe et Kaz se regardent longuement, s’interrogeant sur la fin de leur conte de fées. Ils sont tellement bien assortis que l’on peut facilement pardonner la fin prévisible. C’est, comme il se doit, un film qu’il est difficile de ne pas aimer.

Et l’amour dans tout ça ? de Shekhar Kapur, 1h49, avec Lily James, Shazad Latif, Shabana Azmi – Au cinéma le 8 mars 2023