[CRITIQUE] Du crépitement sous les néons – Il n’est pas à la hauteur, ce thriller

Une nouvelle vague de cinéastes francophones se distingue depuis quelques années dans un renouveau du polar et/ou thriller français. Le plus connu d’entre eux est le talentueux néanmoins controversé Cédric Jiménez. Ce dernier ainsi que ses compères (Jérémie Guez, Yann Gozlan, Dominik Moll, etc.) persistes une tradition très française instaurée par des Jean-Pierre Melville, Jean-Pierre Mocky ou encore – quand il avait du talent – Olivier Marchal. C’est ce qui nous mène à FGKO, jeune réalisateur qui signe avec Du crépitement sous les néons son deuxième long-métrage.

FGKO reste sur ses acquis, son précèdent long-métrage (Voyoucratie) suivait un ancien prisonnier rattrapé par le monde criminel. Ici, nous suivons Yann (Jérémy Laheurte), sous contrôle judiciaire, qui rêve d’une nouvelle vie loin de la banlieue. Pour rembourser une dette, il accepte de convoyer jusqu’en Espagne, Dara (Tracy Gotoas) une jeune Nigériane prisonnière d’un réseau de prostitution dirigé par Sumaï (Bosh). Alors que Yann est recherché de toutes parts, Dara va tenter d’échapper à son geôlier pour retrouver sa liberté…

Avec comme sujets les banlieues, les trafics et les galères qui succèdent une envie de se repentir, FGKO s’approche avec Du crépitement sous les néons au plus près d’une certaine forme de misérabilisme, que l’ont peu retrouvé fréquemment dans les plus récentes œuvres des frères Dardenne. C’est malheureux car le choix du titre était particulièrement évocateur. Il laissait présager un thriller pop avec une vision nouvelle et jeune de ces sujets. Ce serait mentir de dire que nous n’avons pas cela, néanmoins, ce n’est que parsemé au sein du récit, dans quelques scènes de conflits et d’actions qui peinent à convaincre à cause d’une caméra épaule étouffante et une structure narrative trop convenue. Naturellement, ces scènes dénotent de ce qui reste mais cela ne permet toujours pas au film d’exister comme une œuvre originale, marquante et surprenante.

Du crépitement sous les néons n’est cependant pas dénué d’intérêt. D’un certain point de vue, il est divertissant. Avec sa courte durée d’1h32, on n’a pas le temps de s’ennuyer grâce aux diverses sous péripéties qui pimente ce fil rouge qui même s’il est trop enraciné et commun dans le genre, reste efficace quand il est plus ou moins bien mis en images. Ce qui porte aussi le long-métrage, c’est la relation centrale entre Yann et Dara. On y retrouve la même commodité, pourtant, Jérémy Laheurte et Tracy Gotoas donne tellement corps et matière à leurs personnages ce qui rend le couple vraiment tangible à l’écran. C’est juste dommage que FGKO cadre leurs regards avec pitié et se sente obligé de rajouter quelque mielleuses notes de piano dès lors que le drame est selon lui pas assez prononcé. On peut aussi se contenter d’un retournement plutôt inattendu dans les dernières minutes du long-métrage qui choque, toutefois, il ne raconte pas grand-chose sur son personnage. Au moins, il se débarrasse d’une conclusion qui aurait pu être plus laborieuse qu’elle ne l’est déjà.

Ce que l’on retient de Du crépitement sous les néons c’est que malgré des sujets engageants – tel que le trafic d’êtres humains, la criminalité dans les banlieues et l’immigration -, l’ensemble du long-métrage pêne à pousser à la réflexion. Trop classique dans ce qu’il déploie, trop complaisant avec ses personnages : FGKO ne fait pas beaucoup d’effort pour faire exister son film dans cette offre de thriller français qui, ces dernières années, rayonne d’œuvres originales et inspirées.

Note : 2 sur 5.
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