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[CRITIQUE] Dexter : New Blood – S1E03 & S1E04 – Meurtre(s) en suspens

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Par William Carlier

Les deux derniers épisodes confirment ce que l’on pouvait envisager en ce début de saison, au-delà de la menace externe et imminente à Dexter vis-à-vis des meurtres et du risque de se faire découvrir, ses inquiétudes pour son fils risquent de se justifier à long terme. Cherchant à brouiller les pistes sur la disparition du jeune homme, le personnage se confronte au deuil d’un père obstiné et prêt à tout pour le retrouver. Une très belle scène à la fin du troisième épisode résume plutôt bien le paradoxe même du personnage de Dexter, n’hésitant pas à détruire ce qu’il reste du cadavre du fils, pour prendre pitié du père en l’espace de deux minutes. C’est cette nécessité de jouer double jeu qui menait Dexter à sa perte dans le passé, et il le sait, c’est un combat qui s’impose contre ses propres démons, anciens ou présents soient-ils.

On retrouve d’excellentes touches d’humour bien évidemment, en particulier dues à la présence de Debra dans les deux épisodes, donnant lieu à de bons rires, comme des scènes très intéressantes avec le personnage principal (on pensera à cette séquence où Dexter reprend son métier à étudier la scène d’agression entre son fils et le lycéen). Une routine que le protagoniste doit ainsi reprendre pour passer entre les mailles du filet, mais également veiller à ce que son fils ne dépasse pas les limites. Harrison constitue pour le moment, l’une des grandes forces du récit de cette saison, un personnage complexe rappelant le père de la série originale, tant dans la froideur que sa manière de déjouer les situations les plus inextricables.

Michael C. Hall peut s’exprimer de la plus juste des manières, concerné par le sort de son fils, qu’il perd de vue et son affect psychologique, ne cessant de revoir le fantôme de sa sœur, lui manquant terriblement, et qu’il aimerait pourtant également laisser de côté pour se reconstruire. On pourra reprocher que la sous-intrigue vis-à-vis du tueur reste évoquée en arrière-plan, mais il est sans doute nécessaire de faire comme cela, le nombre d’enjeux restant déjà très important, il en sera sans doute bien plus question dans les prochains épisodes. Encore une fois, on saluera les choix pertinents pour la gestion de la musique, comme des cadres, tout en discrétion, laissant place à des scènes intimistes comme riches en tension. A ce titre, la voix-off de Dexter Morgan est utilisée à bon escient, en particulier lors de la scène finale du quatrième épisode, où le personnage saisit qu’il serait temps d’apprendre le « Code » tel que lui a institué son père plus jeune, à son fils. C’est également la maitrise constante de Clyde Phillips sur le matériel original, à la fois dans l’utilisation des références notamment par les flashbacks (mort de Rita, traumatisme de l’enfant, dilemmes moraux) pour appuyer la complexité dramatique des différents personnages.

On ne peut qu’espérer que le créateur de la série ait poursuivi son travail entamé, sans nécessairement faire rejaillir le « dark passenger » du personnage, sur la quête d’une rédemption, et d’un apprentissage qu’il transmettra à son fils pour se soigner de ses blessures. Dexter : New Blood rend compte par ces deux épisodes de la réussite attendue (ou pas) du revival de la série originale, à la fois logique et cohérente, sans être excessif dans tous ses effets dramatiques, comiques comme pouvait l’être la série originale, dans le bon sens du terme bien entendu. Pour trouver la paix intérieure, la prise de contrôle des émotions du personnage est déterminante dans cette saison. La lutte contre le passé n’a jamais été aussi terrible pour Dexter.

https://www.youtube.com/watch?v=l9H1uSS_zkk

Dexter : New Blood exclusivement disponible sur MyCanal à partir de décembre 2021.

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